Jessica Crillon et son ouvrage La Bascule

Jessica Crillon publie là son premier ouvrage, et il vous prend sans plus vous lâcher jusqu’à sa 524e page… L’idée est que l’ancien monde a assez duré, que le peuple des gens qui doutent doit passer à l’action. Il faut mettre en œuvre « la Bascule », et ce sera à Marseille !

Pour sauver la planète, rendez-vous à Marseille en 2028, pour la bascule… vers un nouveau monde. L’idée un peu folle et pas forcément très sérieuse court vite, et voilà que dans le monde entier, les bonnes volontés se dressent et annoncent leur venue pour le rendez-vous marseillais, sous l’élégant cri de ralliement « Aïoli » ! Ce conte échevelé nous transporte sur plusieurs continents et dans plusieurs époques, les personnages nous attachent, la nature et ses souffrances sont précisément décrites par l’auteure, écologue et poétesse…

Un conte tous azimuts et magnifique qui fait mal et fait du bien à qui s’interroge sur l’avenir de l’humanité.

Jessica Crillon a bien voulu nous en dire un peu plus.

-Bleu Tomate : « La Bascule » est votre premier roman. Où vivez-vous, que faites-vous dans la vie et quelles sont vos racines ?

Ce roman germe en moi depuis plusieurs années. Il fallait que cette histoire sorte car elle commençait à me déborder sérieusement ! Au quotidien, je travaille pour la protection de la biodiversité marine au sein du Parc naturel marin de Martinique. Il s’agit de diminuer les pressions qui pèsent sur nos écosystèmes, du plancton à la baleine à bosses.

la bascule à Marseille

La Bascule érige un pont entre Marseille et les Antilles mais aussi bien d’autres lieux de la planète ©J.Crillon

Sur nos rivages caribéens, la nuit tombe vite, les lucioles illuminent la nuit naissante, et ma famille s’endort enfin (hum !). C’est à ce moment que je deviens écrivaine jusqu’à pas d’heure. Et même si mes yeux sont tous petits au réveil, ils brillent, ils espèrent. Les racines ? Comme beaucoup de Marseillais, je suis une mélangée. Mes premières racines sont méditerranéennes, la France, la Grèce, l’Italie. Et maintenant, de nouvelles racines ont poussé en Martinique où mes enfants grandissent depuis une dizaine d’années. Des racines échasses d’une rive à l’autre.

-Bleu Tomate : « La Bascule » est un gros pavé foisonnant. On est à la fois dans un roman d’amour, un policier, une fiction, un documentaire… Vous n’avez pas su choisir ?

Cette question me fait beaucoup rire car les choix me sont toujours trop compliqués. Je suis du peuple des gens qui doutent comme le raconte cette belle chanson d’Anne Sylvestre, « ces gens qui trop écoutent leur cœur se balancer ». Je me suis laissée porter par les émotions sans contrainte. Parfois j’ai envie de comprendre le monde, alors il y a des moments qui expliquent. Parfois, j’ai envie de le rêver, ce monde, alors la fiction s’installe. Et partout, j’ai besoin de sentir de la tendresse, un des plus merveilleux liens des vivants. Parfois c’est la poésie qui me fait du bien, parfois le rire, la mélancolie … C’est vrai que c’est un peu le oaï et en même temps, c’est le panache de la vie ! Comme l’océan nous l’enseigne, tout est lié, il n’y a pas ni frontières ni cloisons, et dans l’histoire, il y a ce trait d’union entre tous les personnages, ils se rassemblent pour tisser cette Bascule.

Jessica Crilon écologue et poétesse

Jessica Crillon artiste naturaliste ©J.Crillon

-Bleu Tomate : Voulez-vous rendre vos lecteurs plus conscients ? Plus actifs ? Plus heureux ?

Avec tout ce que nous traversons dans cette époque, nous manquons parfois d’un cap, d’un horizon lumineux. Alors c’est vrai que j’avais envie d’apporter une issue, à la fois rêvée et réaliste, un avenir plus joyeux. C’est un roman engagé sur notre façon d’habiter le monde. Les lecteurs me disent qu’ils ressortent du livre avec de l’espoir, et ça me fait du bien. Pour arriver à cette issue, le roman appelle à l’action, et pour cela, il est important que nous ayons conscience de nos beautés et blessures, de nos doutes et des liens qui nous animent. Alors, encore une fois, c’est un peu à tout cela que je souhaite inviter ceux qui entreront dans cette Bascule : la conscience qu’une issue reste possible et l’action inévitable !

-Bleu Tomate : D’autres projets littéraires en cours ou en gestation ? Pourraient-ils se situer ailleurs qu’à Marseille et alentours ?

J’aimerais me lancer dans un roman pour enfants afin de mettre en scène les mêmes espérances. Je crois qu’il y aura toujours un bout de Marseille dans mes histoires, un mot, un accent, un trottoir. Même à des milliers de kilomètres, je peux fermer les yeux et la voir, cette ville, elle m’imprègne…

Marseille ville de la Bascule

Marseille sera la ville de la Bascule, avant que les autres ne suivent ©J.Crillon

-Bleu Tomate : Anything else ?

Chez nous, en Martinique, nous traversons actuellement une période compliquée, transpiration d’un passé de blessures, d’un présent d’usure et d’un futur brouillé. Cette situation m’attriste et me motive encore plus à partager cette espérance. De Marseille à la Martinique, et sur les autres continents, nous avons l’essentiel en commun, nos destins et résiliences sont liés au respect des vivants, même si nous l’avons oublié trop souvent… Merci infiniment à Bleu Tomate pour cet échange, vivement partager une bonne crêpe avec vous et rendez-vous à tous les curieux pour la grande Bascule !

Aïoli !

Pour aller plus loin

Jessica Crillon a plusieurs cordes à son arc. Ecologue marine et poétesse, artiste naturaliste, elle écrit des contes, et des poèmes à découvrir sur son blog. 

« La Bascule, le peuple des gens qui doutent » est disponible à la commande dans les librairies, sur Librinova et Kobo pour le numérique, et en livraison à domicile par  la Fnac.