Ils ont entre 18 et 25 ans. Ils sont plus de 180 à patrouiller en binôme tout l’été dans les Parcs Naturels Régionaux de notre région Sud. On ne peut qu’être séduit par leur engagement et leur enthousiasme. Ils veulent agir selon leurs convictions écologiques en contribuant activement à préserver ce qu’ils connaissent le mieux, leur région. Rencontres…

C’est dans le Parc Naturel Régional du Luberon que nous sommes allés au-devant de l’équipe basée ce jour de juillet dans le Vallon de l’Aiguebrun à Buoux. Noanne, la coordinatrice des 24 jeunes de la GRF du Luberon les présente. Elle-même compte 5 ans de Garde Forestière à son actif. Il y a là Sébastien, 25 ans, déjà éco-garde en Camargue l’année dernière. Il y a aussi Julie, 22 ans, 3 années de Garde Forestière. Enfin Maé, 19 ans, la benjamine du groupe, garde forestière pour la première fois.

Des jeunes attachés à leur territoire

Chacun à son tour m’explique combien il est important à ses yeux de participer à ce dispositif. Pour défendre un lieu qu’ils connaissent bien, riche de souvenirs. Ils portent un regard plutôt inquiet sur ce qui se passe aujourd’hui. « Bien sûr que je suis anxieuse face au réchauffement climatique et surtout la rapidité du changement ! » nous dit Maé. « Pour autant, j’ai vraiment l’impression que ce que j’explique aux promeneurs a du sens et de la portée. Nous sommes toujours bien accueillis. Les personnes sont compréhensives et curieuses des informations que nous leur donnons…

Chaque promeneur rencontré est comptabilisé et informé – Garde Régionale Forestière Luberon © Patricia Carrier

Pour moi, faire partie de la garde régionale forestière correspond à un engagement personnel dans la transition écologique. J’ai la conviction que chaque petit geste a sa valeur et son importance. A titre personnel, j’ai adopté le tri de mes déchets, le compostage, le covoiturage ou les transports en commun. Et dans le cadre de mes études en design, mon objectif professionnel est de mettre en place des projets durables, que ce soit au travers de l’éco-conception ou du design éco-responsable».

Face au retour des touristes dans le Luberon

Le secteur du Vallon est fréquenté par les personnes qui espèrent (à tort…) pouvoir trouver de la fraîcheur au bord du ruisseau. « On doit expliquer aux visiteurs qu’il est interdit de se baigner, même les pieds, dans le cours d’eau » précise Sébastien. « Des espèces protégées comme l’écrevisse à pattes blanches par exemple, vit ici. » A la question « comment savent-ils que c’est interdit », il lève les yeux au ciel : « les panneaux d’interdiction ne font pas long feu ici (sans jeu de mots…). Ils sont sans cesse arrachés. Donc effectivement, la plupart des personnes ne savent pas qu’on va leur demander, gentiment, de se retirer de l’eau ». C’est ce qui va se passer pour une famille déjà bien installée à l’ombre. Elle écoute avec attention les explications de nos deux gardes, désolés de priver les enfants de ce plaisir. Idem pour un jeune moniteur et son groupe d’enfants, auxquels il précise leurs propos. Pour Sébastien, déjà engagé au quotidien dans le suivi d’espèces animales, ainsi que l’animation de sessions de découvertes de la faune sauvage, « aller à la rencontre du public pour les inciter à protéger à la fois les espèces et les espaces naturels est un vrai plaisir ».

D’abord prévenir les incendies

Leur mission prioritaire est avant tout de sensibiliser les visiteurs au risque incendie, risque majeur sur le massif. Leur formation a porté essentiellement sur ce sujet. « Les gardes sont formés en présentiel et distanciel par les pompiers. Comment agir en cas de départ de feux, comment bien le localiser pour optimiser leur intervention. » nous explique Noanne. « Nous suivons également une formation aux gestes de premier secours, à la cartographie. Et deux jours sont intégralement consacrés à la manière de nous comporter face au public ».

Dans la fournaise du Vallon de l’Aiguebrun – Garde Régionale Forestière Luberon © Patricia Carrier

Savoir être et savoir faire

Il leur a fallu apprendre à gérer des réactions parfois vives. Ceux qui interprètent leur intervention comme une contrainte plutôt qu’une action de prévention. La période post confinement a été, à les entendre, particulièrement délicate à gérer. Le public croisé sur les chemins a, certaines fois, eu des difficultés à comprendre et supporter les restrictions. Le respect de l’environnement nécessite apprentissage et adhésion ! Pas de quoi décourager Julie, qui a à cœur de protéger son territoire. « En tant que garde, au travers des échanges avec les divers publics, je peux les sensibiliser à un tourisme plus responsable et moins destructeur de l’environnement. La transition écologique ne peut se réaliser sans protéger notre environnement »… Très vigilante sur son empreinte écologique personnelle, elle s’applique à réduire ses déchets, à utiliser les transports en commun. Elle s’est de plus engagée dans une association de lutte contre le gaspillage sur Aix en Provence.

Déjeuner au bord de l’eau avec Noanne, Sébastien, Julie et Maé, de la Garde Régionale Forestière Luberon © Patricia Carrier

Engagés dans la Garde, mais pas que…

Pour Noanne aussi, l’implication dans la garde régionale forestière est le prolongement de son engagement personnel. Elle participe à de nombreuses actions tout au long de l’année. « Je participe à la vie et aux questionnements de la Zone A Patate de Pertuis. Il s’agit en fait de protéger 86 hectares de terres agricoles menacées par la construction d’une zone industrielle. J’ai été bénévole pour des actions de replantation sauvage en ville. Par ailleurs, j’ai participé aux marches pour le climat et à des manifestations contre des projets nucléaires. J’ai aussi animé des ateliers de sensibilisation à la protection de l’environnement dans une école. Enfin, mes études actuelles s’orientent vers la revalorisation, à travers l’art, des espaces naturels délaissés par l’homme. 

La mission continue

Retour au parking, pour retrouver les gardes qui stationnent à l’entrée du chemin conduisant au Fort de Buoux. Ils distribuent à chaque promeneur documents et explications incitant à la prudence en forêt. Tous les visiteurs se prêtent volontiers à l’exercice. Le Parc Naturel Régional du Luberon comme les 8 autres Parcs ayant mis en place la garde forestière, attache une grande importance à ce dispositif. La Région Sud finance et anime ce projet depuis 2018.

Enthousiastes, ils partagent un même constat positif et plébiscitent : les contacts, les échanges, l’utilité de leur mission, la richesse des situations rencontrées. « Tout est plaisir » nous dit même Sébastien…

Fiers de leur mission au sein des Parcs Naturels Régionaux - Garde Régionale Forestière © Patricia Carrier

Les missions de la Garde Régionale Forestière :

  • Développer la culture du risque incendie auprès de la population résidentielle ou passagère qui fréquente les massifs forestiers et, auprès des jeunes qui participent à l’opération.
  • Renforcer les capacités des acteurs régionaux en matière de prévention, d’information, de sensibilisation, et de surveillance du risque incendie aux abords des espaces naturels et forestiers.
  • Etre en appui des dispositifs de surveillance des massifs existants, agréés par la sécurité civile lors de périodes à risque.
  • Agir notamment aux côtés des Comités Communaux des Feux de Forêts.
En Camargue la jeune Garde Régionale Forestière © Patricia Carrier

En Camargue, pour la seconde année une garde à cheval

Après l’expérience très positive de 2021, le Parc Naturel Régional de Camargue a renouvelé le recrutement de gardes à cheval. Ce sont 4 jeunes filles, originaire du territoire, toutes cavalières, qui officient sur le domaine du Grand Radeau. Intervenant avec leurs propres chevaux, elles surveillent près de 20 kms de littoral. Leur mission : la prévention et la sensibilisation à la protection de la forêt littorale de Camargue.

Organisées également en binôme, elles sont présentes entre 8h et 20h certains jours.  Informer, sensibiliser les visiteurs sur les bons comportements à adopter en milieu naturel se fait de manière très enthousiaste. Chacune confirme que l’approche à cheval modifie en profondeur la relation à l’autre. Elles constatent l’établissement d’un contact très différent avec les usagers de la plage et des espaces naturels avoisinant, le cheval agissant comme un tiers apaisant entre l’agent et la personne contactée ou interpellée. Un véritable médiateur !

Ce secteur, de plus en plus fréquenté, et par une clientèle plutôt locale, est peu accessible aux services de secours. Bien que situées en bordure de mer, des zones arborées justifient pourtant cette surveillance. La présence et la mobilité de nos jeunes amazones sont donc un véritable atout. Ce dispositif très localisé complète la présence des écogardes terrestres plutôt positionnés sur les plages accueillant des touristes.