A Marseille, 1% For The Planet recevait le 3 mars dernier 120 entreprises membres de ce mouvement ou candidates au label. Une rencontre co animée par Laure Vincent, administratrice de la structure et directrice générale de Terre d’Oc, entreprise des Alpes-de-Haute-Provence.

Pourquoi votre entreprise adhère-t-elle à 1% For The Planet, alors qu’elle affiche déjà des labels majeurs tels AB, For Life, Fair for Life ou Made in France ?

« C’est Nature & Découvertes qui nous a encouragé à intégrer 1% For The Planet. Cela correspondait bien à notre philosophie et c’est surtout une façon concrète et facile de faire de la philanthropie environnementale. Nous sommes même allés plus loin puisque depuis 2021 nous sommes devenus Entreprise à Mission*. Nous avons été agréés ISO 14001 pendant une dizaine d’années. Le formalisme exigé par ce statut ne nous a donc posé aucun problème. Tous les salariés sont engagés collectivement et individuellement dans l’entreprise à mission. Par exemple, chacun dans son plan d’action identifie un objectif RSE pour l’année. Et l’entreprise se doit de suivre au plus près tous les engagements pris. C’est une mobilisation permanente mais tellement gratifiante. Nous vivrons d’ailleurs cette année notre premier audit d’entreprise à mission. »

Laure Vincent ©Terre d’Oc

Vous avez intégré Terre d’Oc en 2021 et trouvé une entreprise, selon vos propos, « RSE native » . En quoi est-elle si différente des autres ?

« Depuis 25 ans, Terre d’Oc travaille dans le respect de la planète et de ses habitants. Elle porte l’engagement pour un vrai commerce équitable, le meilleur du bio et un monde respectueux. Elle est née aussi du talent des femmes. Je ne pensais pas, sincèrement, que l’on pouvait trouver une société commerciale, qui fait du business, mais le fait vraiment « autrement »… C’est un vrai bonheur de travailler avec une équipe de 50 salariés qui partagent, pendant leur temps de travail et dans leur quotidien, des valeurs identiques aux vôtres. Le développement durable et la RSE, c’est toute une philosophie chez Terre d’Oc. Pas de place pour le greenwashing ! Nous avons toujours été avant-gardistes et lorsque nous avons été rachetés par Nature & Découvertes en 2017, nous avons constaté que nous partagions cette même vision. »

Comment abordez-vous votre rôle d’administratrice de 1% For The Planet ?

« La rencontre organisée à Marseille avait pour objectif de réunir nos entreprises philanthropes et de présenter à d’autres entrepreneurs la vocation du 1%. Plus de 120 personnes étaient présentes, également réparties entre adhérents et candidats. Je suis très satisfaite des premiers retours. Nous enregistrons déjà des adhésions ! Preuve s’il en est que notre discours rencontre de plus en plus d’adeptes. La plupart des entreprises et des particuliers n’ont pas l’expertise et le temps nécessaires pour élaborer leur propre stratégie de dons environnementaux, et rares sont ceux qui disposent du temps ou des ressources nécessaires pour faire le tri parmi les nombreuses options proposées. Nous facilitons donc la vie des entreprises. Nous les mettons en relation avec les associations sélectionnées 1% (près de 700 identifiées), nous accompagnons, nous conseillons en fonction des besoins exprimés. Mais notre rôle est également de garantir à l’entreprise que les fonds vont être correctement utilisés, pour l’objet qui a été sélectionné. C’est d’ailleurs ce qui ressort des discussions avec les candidats. Ce qu’ils apprécient : notre pragmatisme, notre efficacité, la facilité pour s’engager, la pertinence des mises en relation. »

Thomas de Williencourt (Pure Ocean) et François Sabater (Technicoflor) – Matinée pour la Planète à Marseille © Patricia Carrier

 Concrètement, quel est le processus d’adhésion ?

« Toutes les entreprises peuvent postuler, mais toutes ne sont pas retenues ! Des groupes de travail composés de salariés de 1% For the Planet et d’administrateurs vont étudier chaque dossier. Nous rejetons certaines candidatures qui ne paraissent pas compatibles avec les valeurs que nous défendons. Le travail d’analyse est mené très sérieusement, chacun se sent investi pour faire les bons choix. Idem pour les associations qui vont être identifiées 1%. Il y en a de très connues, comme par exemple le WWF, mais d’autres tout aussi remarquables qui méritent d’être soutenues dans leurs projets. Une rencontre est organisée chaque année, les « Rencontres pour la Planète ». Au cours de cette journée, 40 associations sélectionnées vont « pitcher » devant les entreprises. C’est un beau moment de partage. L’entreprise va donc décider d’affecter 1% de son chiffre d’affaires (ou d’une de ses marques, ou d’une ligne de produits…) à une association, sachant que ce 1% peut être du don financier mais aussi du don en nature ou du mécénat de compétence (produits, services & temps de mécénat des employés). »

Quelles associations Terre d’Oc a-t-elle choisi de soutenir, notamment en Région Sud ?

« Terre d’Oc a soutenu depuis 2018, 127 associations et leurs a versé près de 500 000 euros. Nous avons notamment soutenu 15 associations majeures lors des « Rencontres pour la Planète », dont 5 œuvrent en région Sud : Earthshsip Sisters, qui promeut l’entrepreneuriat féminin pour l’environnement ; Mer-Terre, qui s’occupe de récolter des données sur les déchets en Méditerranée, dans des rivières et des lacs ou étangs du sud ; Eki, qui s’occupe d’aider les migrants au travers des low-tech ; Terre de Liens, association qu’on ne présente plus pour l’agriculture ; et enfin France Nature Environnement des Alpes de Haute Provence, pour un joli projet autour des patous. »

Catherine Gineste, d’Earthship Sisters et Laure Vincent, de Terre d’Oc 1% FTP à Marseille, mars 2023 © Patricia Carrier

Vous êtes très engagée puisque vous faites aussi partie du bureau de l’association Pistache en Provence. Vous exploitez également des oliviers et des pistachiers bios à La Bastidonne et êtes élue dans cette commune … Quel est votre moteur ?

« Je suis profondément attachée à tout ce qui fait sens. Mon travail, mes actions, mes engagements. Œuvrer pour la planète me paraît à lui seul un beau projet, non ? Les enjeux sont tels que la philanthropie traditionnelle ne suffira pas. C’est pour cette raison que 1% For The Planet est un beau projet collectif ».

* La loi Pacte a introduit la qualité de société à mission. Elle permet à une entreprise de déclarer sa raison d’être à travers plusieurs objectifs sociaux et environnementaux. Par exemple pour Terre d’Oc, ses statuts mentionnent expressément le fait de favoriser le talent des femmes.

Matinée pour la Planète à Mareille - 1%FTP© Patricia Carrier

1% For The Planet

Cette organisation à but non lucratif a été lancée en 2002 aux Etats-Unis par Yvon Chouinard, fondateur et propriétaire de Patagonia, et Craig Mathews, ex-propriétaire de Blue Ribbon Flies. Eux-mêmes philanthropes à hauteur de plus d’1% de leur chiffre d’affaires avec leurs entreprises – règle cardinale pour adhérer au mouvement, l’argent étant exclusivement versé à des associations engagées pour la protection de l’environnement – ils ont souhaité créer un réseau capable de rassembler d’autres sociétés, avec un label facilement reconnaissable et un message simple. Leur principal argument pour convaincre : montrer que les entreprises peuvent être à la fois florissantes et philanthropes. Cette philanthropie prend une ampleur grandissante puisqu’elle est pratiquée par plus de 6 000 membres dans près de 91 pays. Depuis la création du 1% For The Planet, plus de 350 millions de dollars ont été consacrés à des associations environnementales.

Chez Terre d'Oc, des équipes engagées © Terre d'Oc
Terre d’Oc, une histoire de femmes

Installée à Villeneuve, près de Manosque, Terre d’Oc crée de façon artisanale depuis 1995 thés, bougies, eaux parfumées ou des mélanges d’huiles essentielles. Sa fondatrice, Valérie Roubaud, a passé les rênes de l’entreprise en 2021.

Terre d’Oc a toujours raconté une histoire de femmes. Quand partout dans le monde des femmes cultivent les théiers et cueillent à la main les bourgeons de printemps selon les traditions ancestrales, d’autres parcourent les contreforts des montagnes pour dénicher les nouvelles récoltes dans les meilleurs jardins bio. Pendant ce temps, certaines imaginent et composent des saveurs délicates et raffinées ou créent des recettes au caractère unique. D’autre encore dessinent ou remplissent de jolies boîtes de thés chamarrées.

Et il y a enfin celles qui goûtent les récoltes et contrôlent la qualité des feuilles et arômes. Le leitmotiv chez Terre d’Oc, c’est  » créer et fabriquer des produits de bien-être, beaux, bons et sains dans le respect de la qualité et de l’éthique, qui prennent soin de la planète et de ses habitant(es) « . (source : site web)