
Créée officiellement par les Haras nationaux il y a près de 50 ans, la race du cheval Camargue se porte bien. Né de l’eau et du vent, cet emblème du delta du Rhône s’exporte même en Allemagne ou aux Pays-Bas. Rustique et polyvalent, ce travailleur fait aujourd’hui le bonheur de l’équitation de loisirs.
Au Domaine du Merle, en ce chaud week-end de juin, il remporte un franc succès lors du Salon des Agricultures de Provence : sa robe gris clair, sa bonne tête carrée, sa morphologie robuste doublée d’une grande agilité lui valent les chaleureux applaudissements du public.


Le Camargue, une bombe de qualités
À la manœuvre, Julien Gonfond, éleveur à Barbentane, aux Ecuries du petit Claux (13). « C’est un cheval très rustique, bien adapté à la région et très polyvalent, présente le manadier. Sa vocation principale est le travail avec les taureaux. Il excelle en équitation de travail ». En concours, cette spécialité comprend le tri, la maniabilité et le dressage.
Sur ses 70 hectares qui fournissent tout le fourrage bio nécessaire à ses dix poulinières, Julien accueille chaque année six à huit poulains. Il les vendra soit au sevrage, à six mois, soit « débourrés », autrement dit pas encore dressés, à trois ans.
Une filière en bonne santé
Signe de cette bonne santé, en 2023, la région compte 670 naissances et l’installation de quatre éleveurs et treize entraîneurs-dresseurs. « Le cheval de Camargue vit en troupeau sur de grands espaces, traditionnellement dans le triangle Montpellier-Tarascon-Fos-sur-Mer, précise Nathan Girard, éleveur et référent équin à la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône. Les poulains naissent et grandissent dehors ».


Aujourd’hui, le cheval de Camargue, qui vit essentiellement en extérieur, a même sa maison ! L’association éponyme est installée sur le domaine du Mas de la Cure aux Saintes-Maries-de-la-Mer, propriété du Conservatoire du Littoral. Son ambition ? Faire connaître, transmettre et préserver la race Camargue.
La Maison du cheval Camargue propose des balades à pied à la découverte des poulains et de leurs mères dans leur milieu naturel et accueille régulièrement des scolaires. Outre la gestion et l’entretien du domaine, elle participe à la conservation du patrimoine génétique du cheval Camargue.


Un cheval tourné vers l’avenir
Un patrimoine qui pourra se transmettre par insémination artificielle, dès l’an prochain. Cette nouvelle règle autorisera -par exemple- les éleveurs, à conserver la semence d’excellents étalons avant qu’ils ne vieillissent. Autre nouveauté pour la filière, l’instauration systématique d’analyses sanguines dès la naissance : une garantie anti-triche qui permettra un traçage sûr de toutes les bêtes.


Doté d’un tempérament dévoué, ce fidèle partenaire des gardians est indissociable du terroir qui l’a vu naître et, même s’il n’est plus vraiment sauvage, le Camargue continue de galoper en liberté dans son vaste domaine d’eau, de soleil et de vent…