
Ambition affichée : nourrir sainement les élèves, grâce à une agriculture locale et bio. Manière aussi de favoriser la sécurité alimentaire du territoire, les producteurs locaux et la biodiversité. La Ville d’Apt s’appuie sur des partenariats et le soutien du Parc naturel régional du Luberon.
« Dès le début, j’ai voulu améliorer la qualité des repas de cantine. Ce que mangent les enfants détermine leur système immunitaire, j’ai eu une approche par la santé ». Gaëlle Letteron, adjointe à l’environnement et au développement durable à Apt, pose ainsi l’équation.


Rapidement, le projet montre toutes ses dimensions. « On va créer une boucle vertueuse, poursuit l’élue. On se nourrit sainement, on fait travailler les agriculteurs locaux, on protège les sols et la biodiversité. Bien manger passe aussi par la réduction des protéines animales. Et puis on travaille sur le gaspillage et les déchets ». Et les économies ainsi réalisées permettent d’acheter des produits de meilleure qualité sans surcoût.
L’union fait la force
L’engagement de l’équipe municipale a rencontré l’adhésion des acteurs de la cuisine centrale. Celle-ci fournit chaque jour 1200 repas (900 pour les scolaires, 300 à l’hôpital et l’Ehpad). Le PNR du Luberon a proposé à la Ville de s’inscrire dans le Programme National de l’Alimentation dont il est lauréat, dans le cadre de son PAT (Projet Alimentaire Territorial). Ce programme, piloté par le Ministère de l’Agriculture, est entièrement financé par celui de la Santé, et c’est une Première !


Grâce à ce financement, Apt a accueilli une étudiante de l’Université de Nice, en partenariat avec la commune de Mouans Sartoux, qui préparait son Diplôme Universitaire de « chef de projet en alimentation durable ». Elle a établi en 2024 un diagnostic agricole et alimentaire et sensibilisé tous les acteurs. Depuis l’automne dernier, le Parc et l’association « Le Loubatas » poursuivent l’accompagnement dans cette transition.
« Apt a également bénéficié d’un accompagnement pour former les personnels de cantine. Nous avons aussi mis en place un partenariat entre la Ville, le Parc, le SIRTOM (qui gère les ordures ménagères) et le GIP (groupement d’intérêt public de la restauration collective) », explique Gaëlle Letteron.


Une convention va être signée entre les partenaires. Objectif ? Croiser les lois Egalim, Climat et Résilience et AGEC ((sur la réduction des déchets). la Ville espère atteindre les exigences de la loi Egalim (50% de produits de qualité et durables, dont au moins 20% de produits biologiques), d’ici deux ans.
De la restauration collective à la souveraineté alimentaire
Au crédit du projet, l’enthousiasme de tous les acteurs, et les synergies qui se mettent en place. Restent des obstacles : la question des leviers financiers, et l’adéquation des productions agricoles à l’alimentation. Autour d’Apt, beaucoup de vigne et de lavandin. Mais le potentiel agricole existe, soutient l’élue.


Et la ville d’Apt voit plus loin : « Nous visons la souveraineté alimentaire, précise l’adjointe. Nous sommes en train d’inscrire « le risque de rupture d’approvisionnement alimentaire » dans le plan communal de sauvegarde ».
Preuve que l’action ne concerne pas que les assiettes des écoliers, mais va bien au-delà, la commune travaille également avec le CCAS sur la sensibilisation alimentaire. Elle cherche à toucher tous les publics à travers le tissu associatif. Ainsi, le 8 mars dernier, une conférence co-organisée par la Ville et le Parc du Luberon a réuni une centaine de personnes. Thème : « Agriculture et alimentation : pourquoi manger des produits locaux., quels sont les impacts du système alimentaire sur l’environnement et la santé ? ». (Lire ici notre article sur cette conférence).
Le Parc et le PAT du Luberon : déjà une longue histoire
Labellisé depuis 2017 par le Ministère, le Projet Alimentaire Territorial du Luberon, porté par le Parc ne cesse de se développer. Dernier fait d’arme, il a été lauréat de l’appel à projet lancé par le Ministère de l’Agriculture, et financé par celui de la Santé, le Programme National pour l’alimentation.
La collaboration avec la Ville d’Apt s’inscrit dans ce programme. Grâce à ce financement, le Parc poursuit également la formation des élus. Notamment sur la résilience alimentaire et la sécurité civile. Des rencontres qui ont vu l’intervention de Stéphane Linou, expert-associé au Laboratoire Sécurité-Défense du Conservatoire national des arts et métiers et pionnier en France du mouvement Locavore. Chefs et personnels de cuisine sont également réunis pour des ateliers et journées de partage d’expériences, dans le cadre du réseau « De la ferme à ta cantine ».


L’alimentation méditerranéenne en fil rouge
Le Parc conduit d’autres actions pour favoriser la transition agroécologique sur le territoire. Préserver les terres agricoles et favoriser l’installation, développer les marchés locaux et les magasins de producteurs, soutenir le projet d’abattoir mobile et sensibiliser le public, les scolaires, enseignants et parents à l’intérêt d’une alimentation méditerranéenne de qualité.
Prochaine action à son actif : aboutissement d’un long et patient travail conduit sous l’autorité de Denis Lairon (Directeur de recherche émérite à l’INSERM), une brochure sera bientôt gratuitement accessible sur le site du Parc. Elle présentera les données scientifiques sur l’avantage du régime méditerranéen local et bio pour la santé et l’environnement.