Nous avons rencontré Nadia Sammut lors de son intervention au cours du festival « Vivant ! ». Pour sa 5ème édition, le festival de l’alimentation en Durance-Luberon propose plus de 40 animations. Vivant ! invite à donc à découvrir des initiatives joyeuses. Et cela ressemble tellement à Nadia…

Son combat est toujours le même : la régénération du vivant, la bonne santé humaine et environnementale, le plaisir du goût et la conscience autour de l’alimentation. Ainsi qu’elle le raconte simplement, ce qui la porte, c’est la Vie ! Elle qui a traversé l’épreuve de la maladie suite à ses intolérances alimentaires de naissance.

Redécouvrir ce que nous offre la terre

« Je suis cuisinière, certes, mais pas que !! Je fais partie d’un écosystème dont le cœur est le vivant. Je cuisine le vivant, je partage avec des agriculteurs qui ont l’envie de produire à partir d’une terre vivante. Je participe à une chaîne vertueuse qui respecte la planète et le vivant. ». Et ce ne sont pas de vains mots.

Elle est donc sur tous les fronts. Ce dimanche d’octobre, à Alleins, dans le cadre du Festival « Vivant ! », elle est venue parler du pois chiche. Quelle drôle de passion direz-vous…Eh bien pour elle c’est la légumineuse de l’avenir ! C’est un ingrédient qui résiste à la chaleur, qui n’a pas besoin de beaucoup d’eau et qui apporte énormément de protéines. L’aliment parfait dans un contexte qui donne une lace de plus en plus importante  au végétal, dans notre société et notre alimentation.

Préparation avant dégustation. La base, la farine de pois chiche, l’aliment préféré de Nadia Sammut @ Patricia Carrier

Une cuisine vivante et inventive

« J’aime imaginer tout ce qui est possible avec chaque produit. La farine que je produis directement dans mon moulin, c’est elle qui va me permettre de faire plaisir. Dans ma cuisine, j’utilise 80% de végétal et 20% de produits de la mer. J’ai mon pêcheur à Martigues. Je choisis moi-même mes producteurs, je passe beaucoup de temps avec eux. Ma cuisine est pensée exclusivement à base de produits locaux. Le matin je fais un tour dans mon potager, et je cherche l’inspiration à partir de ce que la nature m’offre. Il est essentiel de comprendre les éléments pour bien les cuisiner ! ».

Sensibiliser chacun à une alimentation vertueuse

« Avant il y avait les consom-acteurs, maintenant il y a les nourriciers. Tout le monde est nourricier, celui qui produit, celui qui transforme, celui qui déguste ». Alors elle vole d’un projet à un autre. Son restaurant étoilé bien sûr, la Fenière, qui affiche une étoile Michelin et une étoile verte. Seuls 350 établissements engagés dans une démarche durable et responsable peuvent s’en prévaloir. Et puis son concept « Cuisine Libre » : une carte unique, créée au fil de son inspiration. Elle qui est la réponse aux interdits auxquels elle a dû se soumettre pendant des années. Assoir tous les convives à une même table est une formidable réponse à son parcours de vie.

Des pâtes à base de farines locales @Jill Paider-Nadia Sammut

Fondation d’actionnaires et restaurant solidaire

Autre projet, sa  fondation, « Vie », dont l’objectif est de porter ses valeurs, autour d’un impact social positif. Pour une prise de conscience et un changement de pratique en faveur de l’agriculture régénératrice, de l’alimentation et de la santé humaine. Mais aussi le parrainage du restaurant solidaire marseillais Le République à son ouverture. Et encore, l’exploitation d’une boulangerie dans laquelle elle fabrique ses farines, ses pains et ses pâtisseries sans gluten, sous l’en-tête « Kom&Sal » (de commensalité, repas partagé)

« Agir me rend heureuse »

Elle répond présente partout où on a besoin d’elle, « mais pas juste pour mettre mon nom, pour agir !! ». Le terroir où elle est né, où elle a grandi est une source infinie de projets. Comme  « le goût de notre territoire » mené sur Martigues, avec l’organisation d’ateliers culinaires pour retrouver les recettes d’antan… N’a-t-elle pas déjà mené cette même opération dans les favelas du Brésil ??… Son objectif est d’essaimer, transmettre et coopérer pour le bien commun.

« On n’est jamais assez à essayer de faire le bien »

Et aujourd’hui, c’est participer au lancement de l’École Marseillaise de l’Alimentation et de l’Hôtellerie par l’Inclusion (EMAHI). Imaginée par les fondateurs du restaurant solidaire Le République avec des acteurs de l’économie sociale et solidaire, elle va voir le jour sur 5 sites entre Marseille et Aubagne. Nadia nous explique que ce projet d’une école d’insertion par la cuisine et la gastronomie est un nouveau défi, qu’elle relève avec toujours autant d’enthousiasme et d’optimisme. Objectif annoncé : former 700 personnes par an à partir de 2025.

Au Festival Vivant ! tout le monde met la main à la pâte @ Patricia Carrier

Le triptyque Agriculture – Alimentation – Santé

C’est au travers de son organisme de formation *Nourrir® qu’elle partage sa vision, ses convictions et son combat. “Aujourd’hui, un chef doit faire une croix sur les produits qui n’ont plus leur place, géographiquement parlant, dans ses assiettes. On ne peut plus nourrir quelqu’un avec tout et n’importe quoi sans respecter la terre, les saisons, les hommes.

*Nourrir®, c’est le nom donné à ce mouvement pour une alimentation vivante. Cela se traduit par une régénération des sols en cuisinant les produits qu’offre la Terre. C’est aussi régénérer le corps pour une vie plus longue en bonne santé. C’est enfin élever la conscience collective sur l’alimentation pour construire un monde au goût meilleur (source : site web La Fenière).