Jusqu’au 24 mai, la Semaine de l’Agriculture Française promeut les initiatives du secteur dans les territoires. A Plan de Campagne (13), la halle des producteurs Terres de Provence révèle l’appétit des clients pour les circuits courts… au point d’être désormais concurrencée par les ventes directes à la ferme. 

C’est le paradoxe de ce marché. Proposé depuis 2014 sous un chapiteau en plein vent dans une vilaine friche de la zone commerciale de Plan de Campagne, il peine à rassembler les 2 000 personnes qu’il comptait les saisons passées. La faute à un désintérêt pour les produits frais de proximité ? Au contraire ! « Les deux dernières années ont été en retrait à cause du Covid-19 mais aussi parce que d’autres marchés de producteurs et points de vente à la ferme ont ouverts dans le territoire », constate Coralie Ventre, conseillère « valorisation et diversification » à la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône, animatrice de l’événement.

Coralie Ventre (à g.), conseillère valorisation et diversification à la CA13 et Caroline Infossi, maraîchère bio à Berre, présente sur le marché depuis 10 ans à travers son exploitation  Pleine Terre. Crédit Philippe Bourget (Photo de Une : Jordan Rumello, éleveur de vaches à Eyguières – 13 – et une cliente. Ce producteur est arrivé récemment à Terres de Provence. Crédit Ph. B.)

Questionnaire satisfaction clients

Une satellisation confirmée par Sandra Noisop, chargée de mission « circuits courts » au service agriculture du territoire du Pays d’Aix d’Aix Marseille Métropole (AMP), l’organisateur du marché créé en 2010 par la Communauté du Pays d’Aix, l’ancienne « interco ». « En 2010, les gens sont moins venus sous la halle parce que beaucoup sont allés acheter directement leurs produits dans les exploitations agricoles », réagit la technicienne. De quoi interpeller l’institution qui, en ce deuxième rendez-vous de la saison 2021, soumet un questionnaire « clients » aux personnes présentes, histoire de cerner leurs besoins et leurs désirs d’amélioration.

De l’ail produit sur la zone maraîchères d’Aix-les-Milles, à deux pas du marché de Plan de Campagne. Crédit Ph. B.

Premières cerises…

Cette saine compétition souligne le changement de pied dans les achats des consommateurs. La pandémie l’a prouvé : ils sont de plus en plus nombreux à se soucier de l’origine et de la qualité des produits. « Nous venons ici depuis plusieurs années parce que c’est frais et local. Aujourd’hui, par exemple, ce sont les premières cerises », se réjouissent André et Anne-Marie, habitants des Pennes-Mirabeau. Lui n’a pas oublié qu’il était fils de paysan aveyronnais et avait autrefois « l’habitude de manger des produits de saison (…) pas des kiwis de Nouvelle-Zélande ».

Des échanges directs entre des exploitations agricoles du territoire et des clients. Crédit Ph. B.

Tous producteurs locaux

Sous la halle en ce jour venteux, une quinzaine de stands sont installés. Des primeurs, des maraichers, un producteur d’œufs, un boulanger, un boucher (une nouveauté)… Des bios et des non-bios mais tous producteurs locaux, à Aix les Milles, La Fare-les-Oliviers, Berre, Eyguières… Maraîchère bio à Berre avec son conjoint, Caroline Infossi a observé les comportements. « Je constate qu’il y a de plus en plus de clients fidèles, attachés à leurs producteurs, qui veulent manger local et de plus en plus bio », dit-elle.

Cyril Maucourant, producteur d’oeufs bio à La Bastide-des-Jourdans, près de Pertuis (84). Il réalise 15% de ses ventes sur ce marché. Crédit Ph. B

Une première pour un boucher

Jordan Rumello, le « nouveau » boucher, ne jure que par la vente directe, moyen pour lui et  les autres de mieux valoriser leur production. Cet engraisseur de vaches Aubrac, installé depuis 2013 à Eyguières, possède son propre atelier de découpe et vend ses pièces de viandes sous vide sans intermédiaire aux clients. Il a été sollicité par la Chambre d’Agriculture 13 pour venir à Terres de Provence et tente l’expérience avec enthousiasme.

Une halle « mobile », aménagée au coeur de l’immense zone commerciale de Plan de Campagne. Crédit Ph. B.

Prix parfois élevés…

Car si la vente directe a le vent en poupe auprès des consommateurs, elle est aussi bénéfique pour les producteurs : pas de logistique lourde, aucune déperdition de valeur auprès de grossistes éventuels, prix rémunérateurs (au risque qu’ils soient, selon certains clients, parfois trop élevés…)… et, particularité de Terres de Provence, l’assurance de vendre du « volume » puisque les échanges ne se font qu’en demi-gros.

Particularité : du petit demi-gros

« Il n’y a ni balance, ni possibilité de vente au détail. C’est du petit demi-gros qui démarre en général à partir de 2 kgs », précise Coralie Ventre (voir vidéo ci-dessus). Intéressant pour les familles nombreuses et celles qui ont le temps de cuisiner des produits frais, comme les seniors. « 50% de la clientèle du marché a plus de 60 ans », indique d’ailleurs Sandra Noisop. D’où la nécessité de mieux les accueillir. AMP y travaille et cherche une structure en dur dans la zone de Plan de Campagne pour pouvoir organiser Terres de Provence à l’année, alors que le marché n’est depuis l’origine que saisonnier. Si les « vendeurs directs » en viennent à se challenger entre eux pour mieux attirer les  clients, voilà qui est bon signe pour les circuits courts !

Halles Terres de Provence
Du 17 mai au 15 octobre
Lundi, mercredi, vendredi, de 17hà 19h.
Face au magasin Conforama
D6 – Plan de Campagne
13170 Les Pennes-Mirabeau
Parking gratuit

Des haricots verts frais du territoire à la vente en cette fin mai. Crédit Ph. B.

Pour en savoir plus

La Semaine de l’Agriculture Française

Avec une année 2021 marquée par l’annulation du Salon International de l’Agriculture, la Semaine de l’Agriculture Française  propose de mettre en valeur auprès des consommateurs et des citoyens les actions des agriculteurs dans des territoires ruraux.
Le site événementiel semainedelagri.fr est la plate-forme pédagogique qui met en contact ceux qui font l’agriculture et ceux qui souhaitent la découvrir. La Chambre Régionale d’Agriculture Provence-Alpes-Côte-d’Azur coordonne en région le programme de la Semaine de l’Agriculture Française, soit une dizaine d’événements physiques et digitaux labellisés et portés par les antennes départementales des Chambres d’Agriculture et leurs partenaires.