Créée en 2018 à Mouans-Sartoux (06), commune en pointe sur les questions de production locale, la formation de Chef de projet en Alimentation Durable a démarré en janvier sa quatrième session. Plus que jamais d’actualité, elle témoigne d’enjeux forts en termes de santé et d’environnement. 

Dix ans. Cela fait dix ans que Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes, sert des menus 100% bio dans les écoles et les crèches de la commune. Et dix ans que le modèle fonctionne. De quoi intéresser d’autres collectivités désireuses de le transposer sur leur territoire. « Les sollicitations reçues, les visites demandées… tout cela nous a donné l’idée de transformer l’essai en créant une formation diplomante », rappelle Gilles Pérole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux et président de l’association Un Plus Bio, acteur militant d’une nouvelle approche de la restauration collective et d’une alimentation plus locale.

Gilles Pérole, un des initiateurs du DU avec la maire de Mouans-Sartoux. Crédit Ville de Mouans-Sartoux (Photo de Une : l’enseignement se passe aussi lors des pauses-déjeuners. Crédit Ville de Mouans-Sartoux (VMS).

23 étudiants cette année 

Alors, en  2018, la formation a été lancée. Son nom : Diplôme Universitaire (DU) de « Chef de projet en Alimentation Durable, option collectivités territoriales ». Porté par l’Université Côte d’Azur, la ville de Mouans-Sartoux et Un Plus Bio, elle accueillait le 11 janvier sa quatrième rentrée, soit 23 étudiants. « Pour un tiers, ce sont des agents des collectivités en formation continue, porteurs d’un projet pour leur territoire. Les autres sont en formation initiale ou en reconversion professionnelle », éclaire Gilles Pérole. Ceux-là trouveront à se faire embaucher dans des collectivités locales, voire créeront une société de consulting pour les accompagner. 

80%, taux de sortie vers l’emploi 

Car il ne semble pas y avoir de chômage pour cette nouvelle filière. La formation n’a par ailleurs pour l’instant pas d’équivalent en France.

Cours dans les locaux de la MEAD. Crédit VMS.

« Notre taux de sortie vers l’emploi ou un changement de poste est de 80%. Et nous croulons un peu sous les demandes d’inscription », indique Gilles Pérole, qui décrypte à chaque session pour les étudiants l’exemple de sa commune et son potentiel de transférabilité. 

12 régions et 34 départements 

Pour le militant, le succès du DU – 70 personnes issues de 12 régions et 34 départements l’ont obtenu depuis quatre ans – s’explique pour deux raisons : « une dynamique positive autour des politiques publiques de l’alimentation, illustrée par les Projets Alimentaires Territoriaux  (PAT) ; et, pour les gens en reconversion, l’envie de s’investir dans un travail qui a du sens ».

Lecture du paysage avec un enseignant. Crédit VMS.

Foncier agricole, slow food…

L’enseignement est dispensé durant six mois à la Maison d’Education à l’Alimentation Durable (MEAD) de Mouans-Sartoux. Il balaye le champ des compétences nécessaires à la mise en place d’un projet : géographie de l’alimentation, retours d’expériences locales, labellisation bio, foncier agricole, cuisine slow food, financements…

Dynamiques complètes

« Notre ambition est d’essaimer. Nous souhaitons qu’à partir de projets de restauration collective, les territoires s’engagent dans des dynamiques d’alimentation locales complètes. A Mouans-Sartoux, par exemple, la cantine bio a changé les habitudes. 87% des habitants affirment avoir modifié depuis leurs pratiques alimentaires. On touche là à des enjeux d’éducation, de distribution alimentaire, de santé et de climat ».

Les étudiants sous une serre avec Gilles Pérole, à droite. Crédit VMS.

Régies agricoles

Les étudiants passés par le DU ont contribué à faire aboutir des démarches concrètes. Ainsi, Châteauneuf-Grasse (06) a créé une boutique de producteurs. Elle est alimentée par les récoltes d’agriculteurs locaux sur des terres mises à leur disposition par la commune. A l’autre bout de la France, la ville normande de Gonfreville-l’Orcher (76) a lancé, comme à Mouans-Sartoux, sa régie agricole. Objectif : fournir directement les cantines scolaires avec une production municipale, histoire de contourner les difficultés d’approvisionnement. Le pari de l’alimentation locale passe par la formation et il serait étonnant que le DU de Mouans-Sartoux ne fasse pas de petits.

A la cantine de l’école bio de Mouans-Sartoux. Crédit VMS

Pour aller plus loin

3 500 € : c’est le coût de la formation. Pour les agents des collectivités en formation continue, il est pris en charge par l’employeur. D’autres bénéficient d’une aide de Pôle Emploi.

Prochaine formation à partir de novembre 2021. Les inscriptions sont déjà ouvertes sur le site de l’Université Côte d’Azur.

Chaque session bénéficie d’un parrain/marraine. Après Cyril Dion, Gilles Clément et Joël Labbé, Coline Serreau est la marraine de la promotion 2021.

Dans une boutique de produits locaux. Crédit VMS