
Carpentras, la capitale du Comtat Venaissin est la première et seule cité du Vaucluse à disposer de sa propre ferme. Une parcelle de six hectares et demi sur laquelle les agents municipaux font pousser légumes et fruits bio. Destination, les cantines publiques de la Ville.
« C’est très bon ! » « C’est bon mais ça pique un peu… » Avec quelques nuances, les avis des élèves de l’école Maternelle de La Quintine, à Carpentras, sont assez unanimes ! Alignés au bord du champ, les enfants de moyenne et grande section dégustent les rondelles de carottes tout juste récoltées, que leur proposent les agents de la ferme municipale.


D’ailleurs ils les apprécient déjà à la cantine. Mais aujourd’hui, ils sont venus découvrir où et comment elles poussent, à quoi ressemble un plant de carotte ou de pomme de terre, et quels outils sont nécessaires au travail de la Ferme de la Denoves.
Des assiettes 100% bio
Lancé en 2020, le projet de ferme (ou régie municipale) est opérationnel depuis 2023. Pour tendre vers son objectif de 100% de bio dans les assiettes des scolaires (en 2024 c’est déjà près de 47%, bien mieux que les 20% exigés par la loi), la municipalité a d’abord cherché des producteurs locaux. Mais il est souvent difficile de marier offre, demande et logistique entre agriculteurs et collectivités.


Alors la Ville a choisi d’installer sa propre ferme sur une parcelle de 6 hectares et demi déjà propriété de la commune. En friche depuis longtemps, elle a été certifiée bio dès les premières récoltes. Restructuration et enrichissement du sol avec du compost bio local, installation de l’irrigation grâce au Canal de Carpentras, préparation des planches… En 2023, année test, les premiers légumes sont partis dans les assiettes des écoliers du public, via la cuisine centrale.
Adapter la cuisine
Pour traiter les légumes bruts, aménagements et investissements ont été nécessaires en cuisine. Bacs, essoreuse, éplucheuse, robots de coupe, font désormais partie du quotidien du personnel dont les tâches ont été réorganisées. « Par exemple, le mercredi, le nombre de repas est nettement inférieur. Le personnel a le temps d’élaborer des pâtisseries pour le jeudi » explique Yann Mencarelli, chef de projet alimentation durable de la Ville.


Cette année, cinq tonnes de légumes sont attendues sur un hectare en production. Soit environ 20% de la consommation scolaire, avec des pics à 50% en pleine saison. La Ville fournit 230 000 repas par an (1 600 par jour en moyenne) aux écoles, foyers du 3e Âge et Centres de loisirs. Avec, nous dit-on, d’excellents retours de la part du personnel mais aussi des parents d’élèves.
Nourrir le corps et les esprits
Nourricier, le projet veut aussi sensibiliser les jeunes au goût, les éduquer à l’environnement et à l’alimentation ainsi qu’à la lutte contre le gaspillage. Dans la cour de récréation de la Maternelle de la Quintine, les enfants ont semé, bichonné, récolté et dégusté salades et radis… avec l’aide de leurs enseignants et des agents de la régie municipale. L’été, ceux qui fréquentent le centre aéré viennent à la ferme découvrir et mettre la main à la pâte.


Au chapitre des obstacles, Yann Mencarelli note les difficultés pour recruter un maraîcher avec statut d’agent municipal, même si les conditions de travail et de revenus sont plutôt favorables. Autre écueil, marier le temps de la terre et le temps des scolaires… Autrement dit, comment fournir en hiver, lorsque la première se repose, et que faire de la forte production estivale, quand les seconds désertent les cantines ?


Parmi les solutions, la conservation, ou plus simplement la surgélation, sont à l’étude, ainsi qu’une planification très fine des productions. Au chapitre des projets, la réalisation de serres pour produire plus tôt et plus tard… Et pour favoriser la biodiversité, la création d’une mare, la plantation de haies, ou encore l’installation de ruches. Et le retour sur la parcelle d’arbres fruitiers, projet en partenariat avec le Campus Provence Ventoux de Carpentras.