
Classé en zone Natura 2000, le massif du Ventoux offre une biodiversité des plus riches. Pourtant, une plante prend ses aises et menace ce bel équilibre : le buis. Alors régulièrement, il faut réduire ses ardeurs. Cette année, ce sont des lycéens en formation agricole qui sont à la tâche, pour de vrai ! Bleu Tomate les a rencontrés.
Elles et ils sont une vingtaine à débarquer sur le site de la Tête des Mines, à mi-chemin entre la route de Malaucène et le Mont Serein, à 800 m d’altitude. Pas fâchés de quitter les classes de leur lycée agricole la Ricarde, à l’Isle-sur-la-Sorgue, pour se retrouver tous ensemble au grand air, sur les pentes du Ventoux.


« Aux débrou » comme les pro !
On prépare les débroussailleuses, on s’équipe de la tête aux pieds, l’apprentissage des règles de sécurité fait partie de la formation ! Briefing rapide, chacun à sa tâche et les voilà partis, par équipes de deux. L’un manie l’outil, un copain s’assure que tout va bien autour. Personne à moins de quinze mètres ! D’autres se chargent de rassembler et ramasser les touffes de buis déjà coupées lors du précédent chantier. Elles seront broyées sur place.


« C’est bien d’être sur un vrai chantier, sur le terrain, déclare Bertille. On apprend les normes de sécurité et à se servir des outils. Ici, il y a pas mal de rochers, il faut bien regarder où on met les pieds ! ». La lycéenne veut devenir éco-garde à cheval. Gao, lui, se voit technicien en forêt. « Le plus dur, c’est le froid et les intempéries. Mais on apprend à connaître les plantes ».
« Et aussi quel végétal il faut garder, lequel il faut enlever, pourquoi et comment, complète Théo, qui se destine au métier de garde forestier. Sur ce site, le plus compliqué c’est le relief, et marcher avec la machine sur le dos ».


Un buis colonisateur à contenir
Celui qu’il faut enlever aujourd’hui, c’est le buis. Il forme des buissons touffus qui s’étendent -lentement mais sûrement- et colonisent l’espace. « Rien ne pousse autour de lui, il finit par rendre le milieu inaccessible même aux moutons, explique Baptiste Montesinos, responsable de la Zone Natura 2000 pour le Parc naturel régional du Mont Ventoux. Si on le laisse faire, il forme un tissu continu et l’endroit est perdu au plan de la biodiversité ».
Et justement, cette zone de vingt hectares est particulièrement riche. Quarante espèces végétales sur 4m2, contre quinze seulement dans d’autres secteurs du massif. Genêt de Villars, lin de Narbonne, hélianthème des Apennins, autant d’espèces qui ont besoin de soleil et d’espace… Le secteur est même classé en zone de biosphère à fort enjeu, et bénéficie à ce titre de restrictions d’usages.


Favoriser au mieux la richesse de la flore
D’où le plan de gestion financé par le Parc du Ventoux et conduit en partenariat avec l’ONF et le lycée professionnel de la Ricarde. Dans les années 80 et en 2005, c’est un gros broyeur qui a dégagé les buis. Mais il a aussi détruit d’autres végétaux et tassé les sols. Désormais, place aux méthodes plus douces. D’ailleurs plusieurs modalités de coupe sont testées et seront analysées. En fonction de la réponse des végétaux, les meilleures pratiques seront pérennisées.


Un chantier pédagogique à enjeu environnemental
Sur le site, tout le monde s’active et s’applique, à la satisfaction des encadrants. « L’objectif est qu’ils se forment de façon professionnelle sur un chantier réel, encadrés par des pro, résume Hoani Barret, enseignante en aménagement au lycée. À chaque chantier, sa spécificité, les consignes changent. Ils ont fait un bilan végétal en classe auparavant, ont eu la présentation du site et du chantier, pour décider quels outils et matériel ils devaient prévoir. »


À l’issue des actions de débroussaillement, Baptiste Montesinos se rendra dans la classe pour tirer avec les élèves le bilan de leur travail et redéfinir les enjeux naturels. Dans les deux ans qui viennent, d’autres lycéens de Seconde poursuivront le chantier, au rythme de quelques hectares chaque année.