Découvrir la faune sauvage en compagnie d’un guide spécialisé. C’est la proposition conjuguée des Parcs naturels régionaux de Camargue et des Alpilles. L’occasion pour les écotouristes de s’immiscer au cœur de territoires uniques, étapes importantes sur le trajet d’oiseaux migrateurs.

Pour démarrer la journée d’accueil organisée fin mars par les parcs naturels régionaux de Camargue et des Alpilles, nous mettons le cap sur les marais du Mas d’Agon, en pleine Camargue, au nord de l’étang de Vaccarès. Ibis falcinelle et flamants roses prennent la pose devant nous. D’ordinaire zone de chasse, la période actuelle favorise leur observation. Plus difficile à apercevoir, la bouscarle de Cetti, petit oiseau au chant puissant, mais au plumage brun discret.

Au Mas d’Agon, Ibis falcinelle © Bureau des Guides Naturalistes (photo de 1 : vol de flamants roses ©  Bureau des Guides Naturalistes)

Cygnes, cigognes, ibis…

C’est là que la présence de Christophe Giraud, du Bureau des Guides Naturalistes prend tout son sens. Il nous apprend que « dans les milieux ouverts, les oiseaux ont tendance à être colorés. À contrario, ceux qui vivent dans des milieux fermés ont tendance à communiquer plutôt par le chant ». Nous assisterons même au passage d’un couple de cygnes. Plus surprenant, nous trouverons sur notre chemin des nids occupés à l’année par des cigognes devenues sédentaires.

Balade naturaliste en compagnie du Parc de Camargue et du Bureau des Guides Naturalistes © Patricia Carrier

 L’Etang du Vaccarès, 13 000 ha de réserve naturelle nationale

Nous croisons un troupeau de taureaux camarguais. Reconnaissable à leurs belles cornes en lyre, typique de cette race, ils sont dédiés exclusivement à la course à la cocarde appelée aussi « course camarguaise ». Et nous voilà à longer le Vaccarès, réserve naturelle nationale. Nous y découvrons les nids de hérons cendrés, perchés dans les arbres bordant l’étendue d’eau saumâtre dont la profondeur atteint tout au plus 1,60 m. L’arrivée de flamants roses qui se posent non loin de nous, permet à Christophe d’intervenir à nouveau. Il nous précise que leur population augmente depuis plusieurs années, mais que cet oiseau est de moins en moins migrateur. Sur l’ensemble de l’arc méditerranéen, sa population varie de 30 000 à 60 000 individus entre hiver et printemps. La Camargue, plus grande zone humide de France, reste cependant le seul endroit où ils se rassemblent pour nidifier.

Hiboux grands-ducs contre flamants roses !

Malheureusement, depuis 2016, ils n’utilisent plus les îlots artificiels des marais salants aménagés du côté de Salin de Badon. Pourtant prévus pour garantir leur tranquillité pendant cette période délicate de nidification, ils les ont quittés pour le salin d’Aigues Mortes. La faute à l’arrivée de hiboux grands-ducs, en provenance des Alpilles. En fait, leur sécurité était mise en danger avec ces rapaces, en recherche de nouvelles zones de chasse.

Etang du Fangassier, ancien site de nidification des flamants roses – Camargue © Patricia CARRIER

Au pied des Baux de Provence, la faune des Alpilles

Nous partons pour les Alpilles, destination touristique phare de la région. Après la zone humide, nous nous retrouvons dans un paysage de garrigue qui alterne harmonieusement avec des prairies et des espaces cultivés. Vignes, vergers et oliveraies sont une grande richesse pour la faune et la flore. Cette imbrication de milieux est une des caractéristiques des Alpilles. Là encore, les lieux se prêtent à une découverte accompagnée ou individuelle, grâce aux différents supports mis en œuvre par le Parc naturel régional des Alpilles et les offices de tourisme locaux (voir encadré).

Aigle de Bonelli – Alpilles © LPO PACA – Sarah Goliard

Gestion et protection particulières des espèces

Au cours de notre promenade au pied du rocher des Baux, nous n’apercevrons malheureusement pas l’aigle de Bonelli, espèce protégée et emblématique des Alpilles. Cependant nous assisterons au vol joyeux des variétés rupestres des falaises, comme les hirondelles ou les monticoles bleus. Certaines de ces espèces emblématiques et rares nécessitent des mesures de gestion et de protection particulières. Leur valeur patrimoniale et les menaces auxquelles elles sont soumises justifient cette démarche. Les yeux rivés sur les rochers, nous écoutons attentivement les explications de Cyril Dumas, le guide qui nous accompagne sur le sentier des Trémaïe, au pied du château. Il reste encore tant à découvrir…

Lézard occelé croisé sur le sentier des Trémaïé – Alpilles © Patricia Carrier

La Crau, steppe refuge d’une faune rarissime

Nous filons dans la Crau, plaine sèche séparant les Alpilles de la Camargue. Son existence donne lieu à une jolie légende, qui raconte que Zeus fit pleuvoir une pluie de pierres rondes pour venir en aide à Hercule. En réalité, la Crau est l’ancien lit de la Durance, qui a charrié pendant des milliers d’années les cailloux des Alpes. La plaine de la Crau est la dernière steppe semi-aride d’Europe. Elle s’étend sur 60 000 ha, entre l’étang de Berre et les Alpilles. Terre pastorale, elle compte plus de 100 000 têtes d’ovins et ce depuis l’Antiquité. En effet, de nombreuses bergeries construites par les romains ont été découvertes. Véritable paradis des ovins, ses coussouls, vastes espaces ouverts, abritent également une faune rarissime.

10.000 têtes d’ovins en Plaine de la Crau © Patricia CARRIER

Pastoralisme, support au maintien de la diversité animale

C’est le cas du Ganga Cata. Cet oiseau steppique granivore ne se trouve qu’ici, de même que le criquet rhodanien. Le pastoralisme favorise le maintien de la diversité animale et végétale que l’on trouve sur ce territoire. Crau sèche et Crau verte en font un espace contrasté mais malgré tout équilibré. Le foin de Crau, seul produit non alimentaire bénéficiant d’une AOP, participe à la valorisation de cet espace si particulier. Il couvre plus de 12 000 ha de prairies irriguées.

Ganga cata © LPO PACA André Schont

Sentier de « la draille des Coussouls »

Quelques pas sur le départ du sentier de « la draille des Coussouls », dans la Réserve de Peau de Meau, donnent un aperçu de ce qui attend le randonneur dans la Crau. Il faudra passer préalablement à l’Ecomusée de la Crau, à Saint-Martin-de-Crau. Sa visite est une magnifique introduction à la découverte des coussouls. Il restera à l’écotouriste le plaisir d’une balade pédestre de 2h, sur les 4,7 km de ce sentier jalonné de 15 panneaux d’interprétation et d’un observatoire. Les yeux grands ouverts pour profiter intelligemment d’un territoire où la nature garde encore des droits exclusifs.

Réserve de Peau de Meau – Draille des Coussouls en Crau © Patricia Carrier

Pour en savoir plus :

Bureau des Guides Naturalistes :

Animé depuis 20 ans par des passionnés de la nature, il propose tout au long de l’année des sorties organisées par ses soins ou en partenariat avec les offices de tourisme et les Parcs naturels régionaux. Il assure des balades à pied pour découvrir faune et flore, mais propose aussi de l’accompagnement à cheval, à vélo ou en kayak.

Auprès des Parcs naturels régionaux :

  • « A la découverte des Oiseaux de Camargue » et « Où observer les oiseaux » (sentiers en visite libre ou sentiers aménagés d’observation accessibles sur l’un des 11 sites du territoire de Camargue).
  • « Les oiseaux des Alpilles », carte des circuits de découverte dans le massif.
  • « Les rendez vous » : sorties et manifestations pour toute la famille au long de l’année 2022. Contacter le Parc Naturel Régional des Alpilles ou le Parc Naturel Régional de Camargue

L’Ecomusée de la Crau :

Ecomusée de la Crau©Patricia Carrier

A Saint-Martin-de-Crau, exposition permanente mettant en scène les activités et les enjeux du territoire de la Crau. Visite du musée : 5 €. Autorisation à retirer pour la balade sur la Draille des Coussouls : 3 €. Ouvert du mardi au dimanche.