Le comité de bassin Rhône Méditerranée Corse vient de voter un nouveau plan de bassin d’adaptation au changement climatique pour 2024-2030. Unique en France, ce plan constitue un premier pas vers une gestion de l’eau plus durable dans notre région. Explications.

En réalité, le nouveau Plan de Bassin d’Adaptation au Changement Climatique (PBACC) est une mise à jour du plan actuel, adopté en 2014. « Le PBACC permet de mobiliser et d’engager tous les acteurs de l’eau sur les solutions à hauteur des enjeux. C’est une référence pour les documents de planification et d’urbanisme, mais aussi de sobriété en eau. C’est à travers celui-ci que le comité de bassin projette une baisse des prélèvements de 10% », affirme Hélène Michaux, Directrice du Département du Programme et des Interventions à l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.

Une forte sécheresse en région Sud

Le bassin Rhône Méditerranée est en effet sévèrement touché par le manque d’eau. « L’impact sur les ressources en eau et sur le milieu naturel sont forts. Les sols se sont asséchés de 18 % et le fleuve Rhône a perdu 10 % du débit et devrait voir encore une baisse de 30% dans les trente prochaines années », affirme Hélène Michaux.

Les secteurs les plus vulnérables sont les départements du Var et des Alpes Maritimes. Aujourd’hui déjà, la sensibilité aux disponibilités de ressources est visible, et ces phénomènes tendent à s’accentuer dans le futur. C’est le littoral qui est le plus touché, avec les risques incendies. D’où l’importance d’apprendre à gérer l’eau de manière résiliente.

Fleuve du Rhône à Avignon – Crédits Unsplash

 

Priorité à la réduction des prélèvements

Plus précisément, les collectivités territoriales ont un objectif de réduction de 16% et les acteurs industriels de moins 15%. Entre 120 et 125 millions d’euros d’aides supplémentaires par an seront alloués à l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse pour trouver des solutions.

Cartes du bassin Rhône Méditerranée montrant la disponibilité en eau et l’assèchement des sols – Crédits Comité de bassin Rhône Méditerranée

Un panier de solutions

Alors quelles sont les innovations par rapport au plan précédent ? « On a travaillé à proposer des défis, pour sensibiliser tous les acteurs de l’eau au niveau de vulnérabilité du territoire », déclare Matthieu Papouin de la DREAL Auvergne-Rhône -Alpes. L’enjeu des risques naturels, notamment les risques inondations, a aussi été ajouté.

En effet, le plan « fournit des cartes de vulnérabilité territoriales qui permettent à chaque territoire d’anticiper les enjeux dominants à leur échelle. On a identifié 30 défis collectifs pour engager l’action de notre bassin et la mesurer dans les années qui viennent », précise Hélène Michaux.

Par exemple, pour réduire la baisse de la ressource en eau, le bassin Rhône Méditerranée s’engage à réaliser un plan des fuites. Ou encore pour réduire la perte de la biodiversité aquatique et humide, le bassin a pour défi de restaurer 500km de cours d’eau.

Enfin, l’agriculture n’est pas en reste. Le PBACC incite les acteurs agricoles à la transformer, que ce soit par le changement de culture, l’agroforesterie ou le développement de l’irrigation.

« Il faut qu’on ait des épisodes comme 2021-2022 pour réaliser que le changement climatique, c’est pas demain », affirme Nicolas Chantepy, Directeur général par intérim de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Maintenant, il est temps pour les acteurs de relever les défis proposés. L’avenir de la ressource en eau, mais aussi de toute la vie de la région en découle.