au Grab à Avignon

L’agriculture durable est un peu dans l’ADN de l’agriculture biologique. Et donc dans celui de la recherche en AB. Dans la région, le Groupe de Recherche en Agriculture Biologique travaille à des pratiques respectueuses des hommes et de la nature. Etat des lieux.

Le Grab a installé ses locaux et ses parcelles à la sortie sud d’Avignon. Sous les tunnels  poussent différentes variétés de tomates cerise. Objectif ? Evaluer les plus intéressantes en condition bio pour en informer les maraîchers.

serres de tomates au Grab Avignon

Ici les tomates poussent sous l’oeil attentif des chercheurs du Grab – ©JB

A côté, fenouil et maïs poussent sous des couverts végétaux. Les uns ont été simplement couchés, sans aucun travail du sol, les autres enfouis. On recherche ici à réduire les plantes adventices. Les résultats comparés montrent que ça marche. Mais aussi que lorsqu’elles reviennent, elles sont différentes, plutôt annuelles avec les couverts couchés, plutôt vivaces avec les couverts enfouis.

Pionner de la recherche en agriculture bio

40 ans que les chercheurs du Grab aident les agriculteurs bio à améliorer leurs pratiques, sans artificialisation et intrants de synthèse. Plutôt en lien avec les écosystèmes, en utilisant les cycles naturels du vivant, sans les perturber.

le Grab expérimente les formes de couverts végétaux

Au premier plan les couverts végétaux ont été simplement couchés, à droite, ils ont été enfouis – ©JB

Mais les perturbations ont quand même rattrapé les bio. « Hausse des températures et sécheresse sont déjà là, explique Vianney Le Pichon, directeur du Grab. Et elles ont déjà un impact sur les récoltes. Sur les fruitiers et la vigne, il est clair que les variétés d’aujourd’hui ne seront pas utilisables demain. Il faut se préparer à en changer ». Le Grab a intégré depuis bien longtemps le changement climatique dans ses plans stratégiques, tout comme les notions d’érosion des sols et de perte générale de biodiversité.

Des pistes naturelles

Le Grab travaille par exemple sur « l’atmosphère des parcelles », grâce à l’agroforesterie, qui unit cultures hautes et cultures basses dans une collaboration bénéfique réciproque. « Je suis ancien vigneron, précise Guillaume Rérolle, président du Grab. Aujourd’hui, pour faire baisser l’ensoleillement dans les vignes et réguler la température, on plante des arbres. Ils apportent aussi de la matière organique qui rend le sol plus humide ».

Grab et arboriculture

Les tout jeunes arbustes poussent sur des rangs enherbés – ©JB

Autre piste, celle de l’amélioration du système racinaire des arbres. Au lieu de les planter avec des racines coupées, dans des pots, on cherche à ce que les racines se déploient plus largement et facilement. Ce qui leur permettra de trouver l’eau plus loin et plus profondément.

Contre les prédateurs, et notamment le redoutable carpocapse des pommiers, le Grab a développé avec la Chambre d’agriculture du Vaucluse, la pratique des filets protecteurs. Aujourd’hui, il poursuit des essais sur d’autres fruitiers.

Recherche participative

Et puis la station de recherche s’est fait une spécialité de la collaboration avec les agriculteurs. Ceux-ci évaluent chez eux les produits proposés par les scientifiques. C’est notamment le cas pour les expérimentations sur les semences population.

le président du Grab Guillaume Rérolle

Guillaume Rérolle président du Grab est un ancien vigneron – ©JB

Tout un réseau de maraîchers qui s’intéressent à des variétés anciennes les produisent et les évaluent chez eux, grâce à des protocoles élaborés avec le Grab. Une forme de recherche participative qui permet de gagner du temps et de partager instantanément trouvailles et informations. Comme l’illustre le projet DiversiGo, conduit jusqu’en 2023.

Aujourd’hui reconnu comme la référence en matière de recherche en agriculture bio, le Grab a suscité des vocations. Pas une seule station de recherche aujourd’hui qui ne s’intéresse à la bio. A Avignon, l’INRAE et l’ITAB (Institut de l’Agriculture et de l’Alimentation Biologique) ont rassemblé les acteurs de la R&D du bassin pour créer une Unité Mixte Technologique, l’UMT SI-BIO, la seule en France 100% Bio, sur les systèmes innovants en  maraîchage et arboriculture.

Le Grab

Pionnier de la recherche en agriculture biologique, le Groupe de Recherche en Agriculture Biologique est né il y a plus de 40 ans (en 1979, à l’initiative de Denis Lairon, alors jeune chercheur à l’INSERM, qui s’intéresse  à l’amélioration de la qualité de l’alimentation). La structure a pour objectif l’amélioration des techniques et systèmes de production bio.
Elle cible trois productions principales : le maraîchage, les fruitiers et la vigne. Le Grab bénéficie pour cela de parcelles dans la ceinture verte d’Avignon. Et de nombreuses observations et expérimentations sont conduites directement chez les producteurs bio. Association forte de 60 agriculteurs,  le Grab compte une quinzaine de chercheurs qui forment chaque année de jeunes stagiaires et volontaires en service civique.

Le projet DiversiGo

Il réunit agriculteurs et chercheurs en région Sud-Paca, grâce à des fonds régionaux et européens. Son objet ? « La biodiversité cultivée pour adapter l’agriculture régionale au changement climatique ».