Accompagner les acteurs agricoles, pour qu’ils réduisent leur impact sur le changement climatique. Tel est l’objectif d’IRA2E en Région Sud. La structure vient de devenir associative. Une initiative exemplaire et unique en France.
L’IRA2E (Inter Réseau Agriculture Energie Environnement) est né il y a une douzaine d’années, de la volonté de bien faire, de réfléchir à plusieurs, de partager les bonnes idées et les bonnes pratiques dans le monde agricole régional.
Bien avant la crise actuelle, les acteurs ont cherché à réduire les dépenses énergétiques. Cela dans un double objectif économique et environnemental. Parmi les nombreuses actions conduites, ils ont créé un outil de diagnostic pour mesurer l’impact de la ferme. Aujourd’hui, il est en ligne, gratuit et 6000 acteurs l’ont déjà utilisé (dont la moitié sont situés hors de la région).
Evaluer avant d’agir
« L’idée était de créer des outils d’évaluation et de mesurer ensuite les résultats obtenus après la mise en place d’actions concrètes, précise Amélie Himpens, chargée de mission Biomasse-Energie-Agriculture-Environnement au Geres et coordinatrice de l’IRA2E. Outre les outils de diagnostic, on a travaillé sur les GES et l’effet de serre mais aussi sur le stockage du carbone ».
Des structures trop gourmandes
Grâce au diagnostic, les producteurs connaissent le poids de leurs dépenses énergétiques. Pour certains, ce sont les chambres froides. Un travail comparatif est conduit sur des installations tests. Championne toutes catégories, celle de la ferme pilote de la Durette à Avignon.
Elle consomme 60% d’énergie de moins qu’une chambre classique. Il faut dire qu’elle a été écoconçue ! Installée dans un hangar en pierre, murs et planchers isolés, rideaux et portes hermétiques… Autant de facteurs qui permettent de réduire la facture, tout comme le choix de moteurs les mieux adaptés aux besoins.
Des serres à la consigne de verre
Autres structures gourmandes en énergie, les serres chauffées. Dans la région, l’IRA2E travaille avec les utilisateurs d’une douzaine de serres bioclimatiques. Isolées par des écrans thermiques par exemple, et équipées de masse thermique (comme des fûts emplis d’eau), elles permettent jusqu’à 70% d’économie d’énergie.
Côté viti-vinicole c’est le poste des contenants en verre qui pèse le plus lourd. Tout comme pour les éleveurs qui produisent des laitages et les arboriculteurs des jus de fruits. « On travaille avec Ecoscience Provence pour mener des actions pilote avec les viticulteurs et les coopératives, explique Amélie Himpens. Il s’agit de développer la consigne du verre. Trois nouvelles stations de lavage sont en cours d’installation dans la région ».
Capter le carbone…
Réduire la part de gaz à effet de serre produite par le monde agricole, c’est déjà un grand pas. Mais l’agriculture a aussi la capacité de diminuer la présence de CO2 dans l’atmosphère, en le stockant dans les sols. Une action doublement vertueuse puisqu’elle améliore la fertilité des sols, leur qualité, leur capacité à retenir l’eau, favorise la biodiversité et réduit le phénomène d’érosion.
… Tout en améliorant les sols
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il faut retrouver le ratio 4/1000*. Autrement dit, 0.4% de carbone dans le sol par an. « C’est un gros enjeu dans la région. Car la sècheresse et la chaleur liées aux changements climatiques aggravent l’état du sol, qui s’appauvrit », souligne Amélie Himpens.
« Nous avons 12 agriculteurs volontaires pour mettre en place de nouvelles pratiques. Après une analyse de leurs sols, ils vont planter des haies, instaurer de nouvelles rotations, ou utiliser des couverts végétaux, comme du broyat ou du compost équin. » Ici il faudra un peu de temps avant de mesurer les résultats, 3 à 5 ans.
Pour un air plus pur
Enfin l’agriculture produit encore beaucoup de polluants atmosphériques à travers le brûlage des résidus agricoles et les émissions d’azote. L’IRA2E mène des actions pour motiver les acteurs à choisir plutôt le broyage (qui offre aussi l’avantage d’une valorisation soit par retour au sol direct, soit dans la filière bois-énergie). Autres propositions, mieux gérer les effluents d’élevage ou encore réduire l’utilisation des engrais.
IRA2E l’outil de l’agriculture régionale
Les pistes sont nombreuses et porteuses d’espoir pour l’agriculture durable. Désormais, l’IRA2E rassemble des acteurs aux positions et aux compétences différentes mais qui partagent un même objectif. La nouvelle entité, mieux identifiée, se veut la porte d’entrée régionale sur les projets d’agriculture durable. Elle répondra plus facilement aux appels à projet et pourra bénéficier de financements. Elle espère bien développer de nouveaux projets avec de nouveaux partenaires.
* Un taux de croissance annuel de 4/1000 des stocks de carbone du sol par an réduirait de manière significative dans l’atmosphère la concentration de CO2 liée aux activités humaines.
IRA2E l’association
Depuis le 1er décembre 2022, l’IRAEE est devenue l’association Loi 1901 IRA2E. Elle regroupe 7 structures agricoles et d’expertise en énergie et en agronomie. La Chambre régionale d’agriculture, BIO de Provence, la Maison régionale de l’élevage, la filière Cheval Sud PACA, l’enseignement agricole à travers le CRIPT et le CAMPUS Ventoux Provence, SOLAGRO et le Geres. Chacune d’elles bénéficie d’une voix. Sa composition fait d’IRA2E une structure unique en France. Une quinzaine de techniciens sont directement impliqués dans les différents projets auprès des producteurs.