Ville et métropole vont lancer l’an prochain la phase 2 du plan Marseille 2030, qui veut associer public et privé pour atteindre -50 % de carbone émis sur la commune.

Multiplier par deux le rythme de la décarbonation. Présentée le 16 novembre par la ville de Marseille et la métropole Aix-Marseille, la deuxième phase du contrat ville-climat affiche de fortes ambitions. Celles-ci semblent incompatible avec les querelles récurrentes entre ces deux collectivités locales. Mais sur ce dossier, tout le monde assure vouloir jouer collectif. « La démarche de participer à ce programme européen des 100 villes neutres en carbone a été lancée par la ville de Marseille il y a plus d’un an. Nous avons saisi cette opportunité, précise Amapola Ventron, maire (Génération écologie) de Cabriès et vice-présidente de la métropole. Il y a une vraie appétence à travailler ensemble, entre collectivités au-delà des querelles politiques, et avec les acteurs privés, autant les entreprises que les associations. »

Aujourd’hui, Marseille affiche une diminution annuelle de 1 % à 2 % de ses émissions de carbone. « L’objectif est d’atteindre -4,5 % par an, pour avoir réduit les émissions de CO2 de 50 % d’ici 2030 », pointe Arthur Coussy, responsable de la mission Marseille 2030 à la ville. Actuellement, l’empreinte carbone de Marseille est évaluée à 7,8 millions de tonnes équivalent CO2. Les principaux émetteurs sont  le transport routier (38 % des émissions) et la consommation résidentielle (26%).

Infographie : Ville de Marseille / DR

Les scientifiques du Groupe régional d’experts sur le climat (GREC SUD) s’accordent sur les impacts en région Paca : augmentation de la température et du nombre de journées chaudes et de nuit tropicales (au delà des 20°), périodes de sécheresse plus importantes, augmentation des phénomènes extrêmes comme tempêtes, vents et fortes pluies. La disparition des glaciers alpins aura aussi des conséquences sur le cycle de l’eau. Et en cascade sur la biodiversité, le risque incendie, l’agriculture, la santé.

À Marseille plus particulièrement, le réchauffement climatique aura un impact en terme d’îlots de chaleur, de fragilisation des sols, des risques de submersion et d’inondation, de pollution de l’air. Et aussi une plus grande vulnérabilité des infrastructures de transports face aux fortes chaleurs.

Logistique électrique

Pour atténuer ces impacts, deux dossiers sont prioritaires : la décarbonation des transports et des logements. Sur le dossier des transports, les divergences continuent sur les quartiers à desservir en priorité avec des transports en commun en site propre.

Mais d’autres chantiers avancent, notamment la promotion d’une logistique décarbonée avec la relance du terminal de fret ferroviaire de Mourepiane, dans le quartier de l’Estaque (16e arrondissement), et le développement de flottes de véhicules électriques pour la livraison du dernier kilomètre. De même sur le domaine maritime, avec la montée en puissance de carburants moins polluants pour les navires, la réduction du nombre d’escales, et l’électrification des bateaux à quai.

Pour les logements, la tâche est colossale et se heurte à un mur de financement, à la fois pour les bâtiments publics mais encore plus dans le parc privé. Pour contourner l’obstacle, ville et métropole planchent sur la création de bourses carbone et de sociétés publiques locales dédiées, notamment pour installer des panneaux solaires sur le patrimoine public.

Exemples d’actions engagées par la ville et la métropole à l’horizon 2030 / Infographie : Ville de Marseille / DR

« Rendre le futur plus vivable »

Mais le contrat ville climat veut aller au-delà. « Nous voulons aussi protéger et agrandir les puits de carbone, en travaillant sur le verdissement de la ville, la protection des terres agricoles urbaines, la préservation et la régénération de la posidonie, souligne Fabien Perez, conseiller municipal (EELV), délégué aux financements européens. La transition écologique ça ne doit pas seulement être le moyen d’éviter la catastrophe, mais plutôt de rendre le futur plus vivable. »

Sur ces objectifs, le contrat a d’ores et déjà listé 130 projets d’acteurs privés et publics sur le territoire de Marseille. Dans la deuxième phase du plan, des comités de pilotages thématiques vont être mis en place pour identifier les pistes de financements. « Avoir le label ville neutre en carbone est un atout quand on va candidater à des appels à projets ou à des prêts européens, explique Fabien Perez. On travaille avec beaucoup d’humilité et de détermination. Le partenariat ville-métropole a déjà permis de sortir des tuyaux des projets qui étaient bloqués. L’enjeu maintenant est d’embarquer l’ensemble des citoyens, d’encourager plutôt que culpabiliser. Il s’agit d’enjeux concrets qui vont bouleverser nos vies. » Prochaines étapes : les premières réunions des comités thématiques, et la mise en place d’un premier fonds de dotation, début 2024.