Le projet REGAIN propose d’accompagner le changement sur le plateau. Les acteurs locaux et experts se mobilisent pour que la lavande reste un fleuron de l’agriculture locale, tout en assurant son adaptation vers un modèle plus durable. Un débriefing de la démarche était présenté lors du salon.

Durant ces dernières décennies, amandiers et moutons ont laissé place aux champs de lavandin à Valensole, un plateau qui représente 24 000 ha et 250 exploitations agricoles. Derrière cette carte postale si connue, se cachent des enjeux agricoles et écologiques majeurs. Le réchauffement climatique et les excès de la monoculture sont autant de menaces qui pèsent sur cette agriculture patrimoniale et identitaire. Un vent de renouveau souffle à Valensole grâce à la mobilisation de tous depuis 2014.

Diversifier pour pérenniser

Le plateau de Valensole est classé depuis 2017 en « Zone Vulnérable Nitrates » car il y existe un enjeu important de pollution des captages d’eau liée aux pratiques phytosanitaires.

Compostage de pailles de lavandin. Crédit Perrine Puyberthier PNR Verdon (Photo de Une : Couvert végétal en inter-rang de culture de lavandin. Crédit Perrine Puyberthier PNR Verdon)

La faible diversité des cultures (le lavandin est cultivé en rotation avec le blé dur) grève la biodiversité du milieu et la fertilité des sols. Ce sont autant de facteurs qui contribuent au dépérissement précoce de la culture. Le projet REGAIN axes ses priorités sur cinq thématiques : qualité et fertilité des sols ; paysages et biodiversité ; pratiques de fertilisation ; gestion de l’irrigation ; diversification des cultures de plantes à parfum.

Une gouvernance multi-acteurs

Plusieurs partenaires experts (Société du Canal de Provence, Parc naturel régional du Verdon, Chambre d’Agriculture des Alpes-de-Haute-Provence, Chaire Agrosys Montpellier SupAgro, Durance Luberon Verdon Agglomération) se sont réunis pour conduire ce programme d’animation à destination des agriculteurs. Cultiver la diversité des agrosystèmes, replacer le sol et la matière organique au centre du jeu, optimiser l’efficience des intrants et réduire leurs impacts sont les trois piliers du projet soutenu par de nombreux financeurs (Europe, Etat, Région, Ademe, Agence de l’Eau…).

Parcelle de lavandin plantée dans un couvert d’ers, légumineuse rustique. Crédit Perrine Puyberthier PNR Verdon

Des légumineuses et des haies à la rescousse

Depuis 2016, grâce à l’animation d’un programme Natura 2000, une quinzaine d’agriculteurs ont participé à la replantation et la densification de près de 5 km de haies. Réalisés sous forme de chantiers participatifs avec les agriculteurs et les habitants, cette action a donné lieu à un guide de bonnes pratiques. Autre action locale : la diversification des cultures par la mise en place de légumineuses dans les rotations. Une manière écologique et économique de compléter la culture du lavandin, quand on sait que le marché des protéines végétales est porteur.

Création d’un réseau « SOL »

Le projet REGAIN a aussi permis la création d’un réseau « sol » en 2017 pour comprendre leur fonctionnement biologique et expérimenter des pratiques offrant le meilleur compromis entre qualité, productivité et durabilité du système. Pour un sol autonome, fonctionnel et résilient.Diagnostics de sol en parcelles de lavandin. Crédit Perrine Puyberthier PNR Verdon

Regain, herbe de repousse

Au sens botanique du terme, le regain est cette herbe qui repousse après la première fauchaison. Mais Giono en a sublimé le sens en explorant la puissance de la Nature et du travail collectif des Hommes. Pour que ce que l’on croyait perdu puisse renaître. Et c’est bien toute l’ambition des acteurs du programme REGAIN.