Parmi les nombreux intervenants participant à « Ta Fête », organisée le 21 mai par Habilis dans ce village des Bouches-du-Rhône,  Le Jardin de Barbentane permettra au public de découvrir l’hydroponie, un mode de culture hors sol ici complètement naturel.

La pluie orageuse crépite sur le toit de la serre, pendant que Marc Ribail, lunettes rondes, cheveux gris et large veste, look urbain plus qu’agricole, fait le tour du propriétaire. Une toute petite propriété… Le plastique blanc sur arceaux sous lesquels sont étendus des filets d’ombrage protège seulement 144 m² de cultures (0,014 ha !). C’est pour l’heure la première et unique micro ferme hydroponique maraîchère des Bouches-du-Rhône.

Nutriments liquides naturels

Hydroponique ? Derrière ce nom mystérieux se cache un mode de production hors sol « qui existait déjà dans les Jardins de Babylone et chez les Incas », assure Marc Ribail, le propriétaire des lieux. Ici, pas de terre mais des billes d’argile et de l’eau oxygénée circulante, dans laquelle trempent les racines de légumes. Avantage, « on donne aux plantes un « buffet à volonté » de nutriments liquides naturels. Elles ne développent aucun effort pour aller les chercher. Tout pousse plus vite », détaille l’exploitant agricole. Zéro pesticide, zéro fongicide.

Marc Ribail devant l’un des systèmes d’hydroponie utilisé sous sa serre, le NFT, Nutrient Film Technic. Le bas des racines trempe dans la solution nutritive. Crédit Philippe Bourget (Photo de Une : Marc Ribail pollinise les fleurs de courgettes au pinceau. Crédit Ph. B.).

Sur des toits-terrasses ou des micro-espaces

Certains penseront toutefois que cette croissance accélérée n’est pas « naturelle ». L’hydroponie, comme l’aquaponie (système de cultures sur aquarium, les déjections des poissons servant de nutriments aux plantes), est pourtant ancienne et s’affiche comme une alternative originale pour compenser le manque ou l’absence de terres agricoles. En milieu urbain, au Canada et aux Etats-Unis par exemple, elle s’est développée généreusement sur des toits-terrasses ou dans des micro-espaces.

Paniers écoulés localement

Au Jardin de Barbentane ne poussent que des produits de saison – la serre n’est pas chauffée. Mais, avantage du mode cultural, les légumes arrivent rapidement à maturité en avant-saison et continuent de pousser au-delà de celle-ci. C’est le créneau visé par Marc Ribail : proposer courgettes, aubergines, tomates cerises, concombres-citrons… « vendus en paniers, en direct depuis la serre et pour des magasins et des restaurants locaux ». Montée en avril 2021, la micro-ferme est encore en phase pilote et nécessite plus de recul pour pouvoir passer à l’étape suivante. « Si tout se passe bien, je m’étendrai sur 900 m². C’est le seuil de viabilité économique. Il faudra alors recruter une ou deux personnes », a planifié le producteur.

Poussant en plants serrés, les tomates cerises sont tutorées le long de cordons pour guider leur croissance. Crédit Ph. B.

Arrêt de trajectoire et questionnement

Le parcours de Marc Ribail n’est pas commun. Ce chef d’entreprise a fait carrière en Thaïlande dans la location de villas de vacances sur Internet. Il a aussi vécu et travaillé en Angleterre et à Barcelone. Jusqu’à ce que la crise sanitaire du Covid-19 « chamboule un peu les choses, nous obligeant à licencier », dit-il. Arrêt de trajectoire et questionnement. « Je souhaitais faire quelque chose qui ait du sens, lié à la nature, ne pas rester devant un ordinateur. J’adore cuisinier, un de mes frères possède un restaurant gastronomique, un autre a été sommelier. Et je connaissais les principes de cette culture. Ici, c’est du concret, je vois les légumes qui poussent », raconte-t-il.

Terrain mis à disposition par la commune de Barbentane

Lors d’un séjour chez des amis à Barbentane, sa rencontre avec le maire à qui il présente son projet est positive. Banco !, dit l’édile. Un bout de terrain communal lui est mis à disposition, avec possibilité d’extension. Autodidacte, il a suivi une formation en ligne et a financé ses installations d’hydroponie à hauteur de 25 000 €. « Il faudra rajouter 60 000 à 70 000 € pour l’extension ».

Les courgettes sont cultivées selon une deuxième technique, le « radeau », ou DWC (Deep Water Culture). Elles poussent dans un grand bac d’eau oxygénée fermé par des planches et étanchéifié par une bâche. Crédit Ph. B.

Pas reconnu en culture biologique 

Bien qu’installé comme agriculteur-exploitant, il n’a quasiment pas de relations avec le monde agricole. « La chambre d’agriculture du département ne sait pas ce qu’est l’hydroponie. Et même si je suis 100% bio, je ne peux pas être labellisé car l’Union Européenne ne reconnait pas le hors sol en culture biologique », regrette-t-il. Le 21 mai à Barbentane, lors de la fête d’Habilis, les visiteurs auront l’occasion de découvrir la micro-ferme et cette drôle de culture sur l’eau.

Les Jardins de Barbentane
Chemin du Pont de la Gaffe
13570 Barbentane

Marc Ribail – 07 50 02 11 03

marcribail@gmail.com