l'équipe Recyclop sur un stand

2015 : l’association lance ses premières actions à Marseille. Décidés à chasser les mégots qui polluent, ses membres ont aussi trouvé le moyen de valoriser ce déchet en énergie. Après 10 ans de travail et d’initiatives, Recyclop affiche une belle expérience, un savoir-faire et des résultats.

Le saviez-vous ? Un mégot de cigarette contient 2500 agents chimiques. 2500 raisons de ne pas le laisser traîner dans la nature, d’autant qu’il mettra de 2 à 5 ans avant de disparaitre.

Alors chez Recyclop, on a réfléchi et puis on est passé à l’action. Collecte, transport, stockage, valorisation… Mais aussi sensibilisation, information, mise à disposition d’outils et de matériel. Au cours des 18 derniers mois, 3 tonnes de mégots ont été récupérés et valorisés, soit 9 millions de mégots !

Gestion d’espaces fumeurs

« On est partis du mégot pour arriver à sa valorisation en passant par la sensibilisation et la gestion d’espaces fumeurs. On a une vision d’ensemble et la plus locale possible, » explique Alexandre Benhamou, directeur adjoint et coordinateur d’équipes pour Recyclop.

ramassage de mégots avec Recyclop à Marseille

Recyclop 1er collecteur de mégots à Marseille- crédit Recyclop

Aujourd’hui l’association, installée à la Friche de la Belle de Mai à Marseille, occupe trois personnes à temps plein et des dizaines de bénévoles. Et elle a plusieurs cordes à son arc.

Des collectes mutualisées

Avec Solution Mégot, Recyclop vend aux entreprises, collectivités ou universités, des cendriers fixes et un fût qui permettra la collecte. Elle fournit aussi du matériel de communication et de l’information à répercuter auprès du public visé. « Quand le fût est plein, (ou au moins une fois par an), nous assurons  la collecte –si possible en mutualisant avec les voisins pour limiter le transport- », poursuit Alexandre. L’association effectue également un suivi tous les trimestres pour s’assurer que l’opération fonctionne ou apporter des réponses aux interrogations éventuelles.

40 associations et un impact régional

Autre mode d’action, Proxy Mégot : au niveau régional, Recyclop récupère les mégots collectés par d’autres associations, telles qu’Un déchet par jour ou Mer Terre. Ou encore ceux des points d’apport volontaire, une douzaine pour le moment. Près de 40 associations participent à ces collectes.

Echange de fûts de mégots

Echange de fûts pleins de mégots -crédit Recyclop

Avec MaterrassePropre, ce sont les bars et restaurants qui sont sollicités. Moins d’une dizaine aujourd’hui, mais 4 fois plus visés dès cette année. Ici aussi, cendriers,  fût et matériel de communication sont les outils indispensables à la collecte. Hebdomadaire et réalisée en vélo-cargo.

Dernier mode d’intervention, la présence de Recyclop sur de grands événements, propices à la multiplication de mégots. L’association y distribue gratuitement des cendriers de poche originaux, et multiplie les informations sur son stand.

Recyclop collecte dans les bars et terrasses

Changement de fût, dans le cadre de l’opération MaterrassePropre crédit Recyclop

Quand le mégot brûle le mégot

Et une fois récoltés et stockés, que deviennent donc ces millions de mégots de cigarettes ? Ils sont brûlés avec d’autres déchets dangereux à l’usine Spur Environnement (filiale de Véolia), à Rognac (13). « Ce sont les solvants et les calories -positives et négatives- des déchets qui créent la combustion lors de l’oxydation thermique »précise le directeur adjoint de Recyclop. Donc, pas d’utilisation d’énergie fossile dans cette opération.

information et sensibilisation sur la collecte des mégots

Recyclop informe et sensibilise à la question des mégots à l’occasion de grands événements – crédit Recyclop

En revanche, l’énergie dégagée –transformée en électricité- alimentera les installations de l’usine. Laquelle rejette selon ses responsables, 40 à 50 fois moins de pollution qu’une usine d’incinération classique. (Pour comprendre l’ensemble du process, cliquer ici).

Recyclop la France ?

Reste une difficulté pour l’équipe Recyclop. Malgré son antériorité, son expertise et ses résultats, elle  n’a pas toujours la reconnaissance des collectivités et des organismes de gestion de la question des déchets particuliers que sont les mégots. Des structures qui ne partagent pas forcément  la même vision et le même calendrier de mise en œuvre des solutions. Pourtant, elle est de plus en plus souvent sollicitée par d’autres régions pour développer des projets. Elle préconise des antennes proches des usines, circuits courts et économie circulaire, toujours !

« Zéro Déchet Plastique », la charte de l’ARBE

L’Agence régionale de la biodiversité et de l’environnement a mis en place des outils destinés aux acteurs de terrain. Comme Glokis et Recyclop, 270 structures ont signé cette charte dans la région. L’ARBE les accompagne, les conseille et les met en valeur.

Parmi les signataires, à titre d’exemple dans les Bouches-du-Rhône, 24 collectivités et EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale), mais aussi 52 partenaires comme des associations et des gestionnaires d’espaces naturels et aquatiques. Engagés également, 32 entreprises et 7 établissements scolaires.

Engagements des acteurs

Car « la réduction des déchets plastiques dans les milieux naturels est un enjeu majeur de santé et de bien-être des habitants » affiche l’agence. La région Sud-Paca l’a missionné pour mettre cette charte en œuvre.
Une deuxième charte «  Plages sans déchets plastique » est pilotée par le Ministère de la Transition écologique et l’ADEME. Ces chartes se déclinent pour s’adapter à chaque type d’acteur engagé.

pas de plastique à la cantine

Plus de plastique à la cantine ©ARBE

Travail en partenariat

L’Agence Régionale de la Biodiversité et de l’Environnement est un Etablissement Public de Coopération Environnemental (EPCE). Elle travaille en partenariat avec les services de l’Etat, les grandes collectivités du territoire, mais aussi le secteur socio-économique et le monde associatif.
Objectif ? Préserver la biodiversité, l’eau et la transition écologique. Outils ? Faire progresser les connaissances, sensibiliser tous les publics aux enjeux et animer des réseaux d’acteurs.

Après 4 ans,  des résultats

Aujourd’hui en France, ce sont 322 acteurs (collectivités, entreprises, associations, syndicats de rivières, parcs naturels et établissement scolaires) qui s’engagent dans des actions de sensibilisation des publics, de nettoyage de sites pollués, de diminution des usages de plastiques et pour une meilleure gestion des déchets.

sensibilisation sur panneau d'information

Action de sensibilisation ©ARBE

Côté collectivités, plus de 1 800 élus, plus de 14 000 agents territoriaux et plus de 87 000 enfants ont été sensibilisés au sein des collectivités signataires. Elles sont engagées dans la suppression des déchets plastiques dans les cantines (72%), luttent contre les dépôts sauvages (84%), ou pratiquent un nettoyage non motorisé des plages (83%).

Et des projets

Pour 2024, l’ARBE compte bien poursuivre son animation des deux dispositifs. Elle espère convaincre de nouveaux acteurs. Elle prévoit également un travail sur le thème Sports et déchets plastiques, à l’occasion des Jeux Olympiques.