Dans les Bouches-du-Rhône, la commune a décidé de prêter les toits de son école primaire à cette entreprise citoyenne pour qu’elle installe des panneaux solaires. Objectifs : réinjecter de l’énergie propre dans le réseau et accompagner la transition localement. Tout en mobilisant les scolaires autour du projet. 

Pourquoi n’y a t-il pas plus de photovoltaïque en Provence ? Alors que la région est la plus ensoleillée de France, elle accuse au moins 10 à 15 ans de retard sur des pays d’Europe du Nord (l’Allemagne, le Danemark….) pourtant bien moins nantis en lumière naturelle. Mais les choses changent. Avec le réchauffement climatique et la réduction obligée des émissions de CO2, des initiatives citoyennes se structurent. C’est le cas à Velaux, avec « Soleil de l’Arc ». Cette SAS d’intérêt collectif gérée en mode coopératif s’attache à faire émerger des projets solaires dans trois communes de la basse vallée de l’Arc : Velaux, Coudoux et La Fare-les-Oliviers

Réduire la part des énergies fossiles 

« Nous ne cherchons pas des coupables [au réchauffement] mais à résoudre des problèmes en réduisant la part des énergies fossiles », témoigne Marc Droulier, président de la SAS. Son crédo : utiliser les toits de bâtiments municipaux pour installer des panneaux photovoltaïques et produire de l’énergie solaire. Celle-ci sera réinjectée ensuite dans le réseau via des fournisseurs d’énergie.

Marc Droulier, à g., pdt de la SAS Soleil de l’Arc, et Franck Borghino, conseiller municipal, devant la mairie de Coudoux. Crédit Philippe Bourget (Photo de Une : Les deux partenaires devant la bannière de Coudoux, où le soleil trône en bonne place ! Crédit Ph. B.).

« Qu’est-ce qu’on a tous à y gagner ? » est la bonne question 

C’est avec Coudoux que les choses sont le plus avancées. « La première réaction face à ce genre d’initiatives est de se dire : qu’est-ce qu’on va y gagner financièrement ? Il faut arrêter cette logique. La vraie question, c’est qu’est-ce qu’on a tous à y gagner ? Qu’est-ce que la planète a à y gagner ? », réagit Franck Borghino, conseiller municipal en charge de l’urbanisme et du développement durable. Le gain ? L’augmentation de la part d’énergie propre dans la production d’électricité en France. Et donc moins de pollution. 

200 m² de panneaux solaires 

Vu sous cet angle, le maire de la commune, Guy Barret, et son équipe municipale, ont été convaincus par l’idée. Qui a quand même rencontrée quelques réticences. « Des questions ont été posées sur la possibilité qu’il existe un rayonnement électromagnétique nocif, sur le fait qu’une société privée profite d’un bâtiment public pour se faire de l’argent…. », admet Franck Borghino. Ces freins levés, ils ont accepté de prêter le toit de l’école élémentaire pour que Soleil de l’Arc y installe près de 200 m² de panneaux solaires. La Convention d’Occupation Temporaire (COT), votée par la commune en décembre 2020, devrait permettre aux travaux de commencer à l’été 2021.

L’école élémentaire de Coudoux, sur les toits de laquelle doivent être posés les panneaux solaires. Crédit Ph. B.

« Neutralité » financière

L’originalité de la démarche tient aussi à sa « neutralité » financière. Grâce notamment à l’aide conséquente de la Région. « Elle nous subventionne si nous réalisons des travaux complémentaires. Là, nous allons améliorer l’isolation et la ventilation nocturne de l’école pour éviter le recours à la climatisation l’été », dit Marc Droulier. Inconcevable d’installer des panneaux solaires sur un bâtiment qui serait une « passoire thermique ». La démarche ne serait pas cohérente. Sur les 150 000 € d’investissement, 30% sont donc couverts par la subvention régionale (Soleil de l’Arc est aussi aidée par l’ADEME). 65% proviendront de prêts bancaires. Les 5% restant, d’une participation citoyenne des habitants de Coudoux à travers une souscription ouverte depuis fin janvier. 

Quatre autres initiatives similaires 

Profit pour Soleil de l’Arc ? Quasiment nul. « La revente de l’énergie solaire à tarif bloqué sur 20 ans couvrira les frais de fonctionnement de l’installation. Nous souhaitons juste dégager 2 à 3% de bénéfices pour pouvoir financer d’autres projets », explique Marc Droulier. La SAS veut faire aboutir 4 autres initiatives similaires. Trois à Velaux (mais les contacts avec la nouvelle municipalité élue en 2020 sont au point mort) et une à La Fare-les-Oliviers. Et si une disposition légale l’oblige à revendre la première année l’électricité à EDF, elle compte bien se tourner après vers des fournisseurs vertueux comme Enercoop.

« Soleil de l’Arc » tire son nom de cette rivière qui traverse Coudoux dans un étonnant parcours sauvage, avant de se jeter dans l’étang de Berre. Crédit Ph. B.

Agenda 2030 

Pour la commune aussi, l’opération est « blanche ». Elle n’investit rien. Elle doit simplement s’engager à dédommager Soleil de L’Arc si elle venait à rompre la COT, signée pour 20 ans. Et le choix valide la politique communale en matière de transition. « Il entre dans le cadre des objectifs de développement durable de notre Agenda 2030. Coudoux a par exemple mis en service une chaufferie bois pour alimenter l’éco-quartier « Le Grand Coudoux ». Il a reçu en 2019 le label EcoQuartier niveau 4. Cette année là, seuls deux autres projets, à Paris et à Grenoble, ont obtenu ce niveau là », se félicite l’élu.

Projet éducatif

Et l’école, dans tout ça, que pense-t-elle de ces futurs panneaux ? « Nous avons rencontré l’équipe enseignante et fait une présentation en distanciel aux parents d’élèves. Nous n’avons rencontré aucune objection de leur part. Au contraire, nous voulons associer les enfants à l’initiative pour en faire un projet éducatif », encourage Franck Borghino. Si le projet aboutit, ce sera la preuve que des passerelles intelligentes peuvent être jetées entre des entreprises aux valeurs intègres et des collectivités animées par l’intérêt général.

Pour en savoir plus

Qui est Soleil de l’Arc ?

Une SAS créée en 2018 par des citoyens militants ou sympathisants écologiques du secteur de Velaux, convaincus que l’avenir énergétique est au solaire. Parmi ses membres, on compte des actifs et d’anciens cadres de la chimie, d’Eurocopter, d’entreprises informatiques… En région Sud PACA, d’autres structures identiques existent, à Venelles, à Marseille, en Pays d’Aigues (Centrales Villageoises), à Arles… En France, Soleil de l’Arc estime à 300 le nombre de projets portés par des entreprises similaires.

Soleil de l’Arc 
31, Grand’Rue 
13880 Velaux 
06 11 07 20 62

contact@soleildelarc.com

soleildelarc.com

Mairie de Coudoux 
Place Jean Lapierre 
13111 Coudoux 
04 42 52 07 07

coudoux.fr