Saviez-vous que les poissons chantent ? Connaissez-vous le son de la mer ? Rendez-vous ce week-end sur France 3 PACA pour un documentaire qui va revisiter votre sens de la vie marine.

Du 3 au 11 septembre, à l’occasion du Congrès Mondial de la Nature, France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur met en lumière ce grand rendez-vous international avec une programmation à l’image de la biodiversité. Focus sur le documentaire de Jean-Charles Granjon.

Dimanche 5 septembre à 16h10 et lundi 6 septembre à 9h50 sera diffusé un documentaire inédit, Silence en Méditerranée. Le film questionne une idée ancrée dans l’inconscient collectif :  la mer est monde du silence. C’est pourtant un milieu dans lequel l’ouïe y domine la vue. C’est en confinement, bercé par son silence, que Jean-Charles Granjon, réalisateur, a découvert l’orchestre de la vie marine sauvage. Il nous partage ce nouveau monde dans un film. A bord d’un voilier, partons avec lui écouter le chant de la mer, à la rencontre d’hommes et de femmes engagés qui cherchent à définir une cohabitation harmonieuse entre l’homme et la nature.

Rencontre exceptionnelle avec ce réalisateur qui consacre sa vie à la mer.

Bleu Tomate : D’où est né votre intérêt pour la mer ?

Jean-Charles : «Tout a commencé par la plongée. J’ai débuté à 11 ans. La découverte du milieu marin a déclenché tous les autres aspects de ma vie, c’est encore vrai aujourd’hui. Ça fait 31 un an que j’ai « le cul dans l’eau » comme on dit. Toute ma vie s’organise autour de la mer. Je ne me sens pas tout à fait comme un poisson dans l’eau dans cette société. Je vis à Marseille, mais la partie de Marseille qui m’intéresse le plus, c’est celle qui commence à la fin de la ville, sous la mer. »

Bleu Tomate : Quel a été votre parcours ?

Jean-Charles : « J’ai eu un parcours universitaire en biologie marine, spécialisé sur la conservation de l’environnement.  A la fin de mon cursus, j’ai suivi une formation en vulgarisation scientifique. Je cherche depuis lors le meilleur moyen de faire passer l’information. Pour l’audiovisuel, je me suis formé « sur le tas ». Il y a dix ans cette année, j’ai créé Bluearth Production, dans l’idée de proposer des prestations de prises de vue sous-marines. En 2015 j’ai réalisé mon premier court métrage expérimental en vertical slow moshion, Impact, qui a fait a eu un succès international. Ensuite j’ai travaillé sur d’autres réalisations (La quête du sauvage, Te Vaanui, l’odyssée d’Ismaël) jusqu’à Silence en Méditerranée. »

Bleu Tomate : Et quel est le meilleur moyen de transmettre l’information ?

Jean-Charles : « L’image et les médias se sont révélés les meilleurs moyens. Je me suis tourné vers la fiction. J’écris des histoires dans un environnement sous-marin pour sensibiliser un public non averti. Souvent lorsque nous réalisons un documentaire sur l’environnement, il est regardé par des convaincus, or l’idée est de toucher les autres. »

Bleu Tomate : Comment ?

Jean-Charles : « Par la force de la narration. Toutes nos sociétés sont fondées sur des récits. Le but est d’arriver à trouver le bon, celui qui permettra de faire bouger un peu plus les choses. »

Bleu Tomate : Quelle est l’histoire de la naissance de Silence en Méditerranée ?

Jean-Charles : « Lorsque j’étais confiné, comme toute monde, je sortais et j’écoutais les silences liés à l’arrêt de l’activité humaine. Un jour, je me suis posé une question : comment la vie marine sauvage recevait-elle ce silence ? J’ai embarqué avec un ami, Gérard Carrodano, pêcheur, qui avait le droit d’aller en mer. Je suis parti avec lui pour voir ce qui se passait en mer. C’était au moment où tout le monde s’étonnait de la présence de baleines ou de dauphins sur le littoral. Les médias en parlaient en boucle : « l’homme reste chez lui et la nature reprend du terrain ». Ce n’était pas vrai. La nature avait toujours été là. La vérité, c’est que nous sommes tellement occupés, que nous ne regardons plus. Le fait d’avoir été arrêté dans notre élan nous a permis d’ouvrir les yeux. C’est le premier enseignement du tournage de Silence en Méditerranée : quand nous ne sommes plus envahis par un brouhaha constant, le regard s’ouvre. On voit des choses qu’on ne voyait pas avant. 

A partir de ces observations, j’ai commencé à réaliser ce film qui m’a amené à rencontrer des chercheurs spécialisés en acoustique marine. J’ai découvert une science en plein développement : l’étude des espèces par le son que les animaux produisent. »

Bleu Tomate : Dans ce documentaire, vous avez choisi de traiter de la Méditerranée sous l’angle du son, pourquoi ? (Jean-Charles)

Bleu Tomate : Quel a été le moment fort du tournage pour vous ?

Jean-Charles : « L’un des moments forts qui m’a fait réfléchir, c’est ma rencontre avec Jean-Marie Dominici. Il a été conservateur dans la réserve de Scandola pendant 40 ans. Aujourd’hui, il a été mis au placard, parce que c’est un gardien qui fait son travail de gardien. Aujourd’hui, il lutte contre l’activité déraisonnée des bateliers qui proposent des « visites écologiques » de la réserve, sans respecter les limitations de vitesse ou les animaux sauvages. Ces gens vendent des paysages, tout en détruisant la nature qui compose la richesse de leur environnement. Jean-Marie lutte contre ces double-discours. Il se bat tellement qu’aujourd’hui on lui a demandé de se taire. Ça m’a amené à porter un message dans ce documentaire. Nous vivons dans une époque où nous avons des informations. Les gens qui travaillent pour l’environnement ont des informations. Orientons notre société grâce à eux. Ne vivons plus dans des sociétés menées par des logiques à courts termes.  Il devient pressant de changer de cap. Ces bateliers pensent bien faire, mais ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Et c’est ce que nous faisons tous. »

Bleu Tomate : En quelques mots, que vont voir les téléspectateurs dans ce documentaire ? (Jean-Charles)

Bleu Tomate : Que souhaiteriez-vous dire aux téléspectateurs qui auront regardé votre film ?

Jean-Charles : « J’aimerais qu’après l’avoir vu, ils sortent et prêtent attention au son, à l’environnement qui les entoure. Qu’ils s’arrêtent pour écouter un arbre qui chante dans le vent. Peut-être se rendront-ils compte qu’ils ne peuvent pas l’entendre parce qu’il y a un bruit de klaxon à côté. Sauf que dans cet arbre il y a des oiseaux, autour il y a des animaux, et eux ont besoin du son du vent dans l’arbre pour pouvoir vivre. J’aimerais que les téléspectateurs posent leur regard d’une manière différente sur la nature qui les entoure. »

Bleu Tomate : A titre personnel, qu’avez-vous retenu de cette aventure ?

Jean-Charles : « J’ai rencontré des gens dans ce documentaire qui sont tous passionnés, tous se sont investis de manière surhumaine, beaucoup ne sont pas entendus et certains ont choisi d’arrêter d’apporter des informations dans un monde qui ne les écoute plus. Ça m’inquiète. En parallèle, je suis émerveillé de voir que nous n’avons jamais fini d’observer l’environnement. Quand nous pensons avoir tout compris ou vu, il y a toujours moyen d’être désarçonné par un nouvel aspect de sa personnalité. Il est important de conserver cette capacité à s’émerveiller. »

Bleu Tomate : Un mot pour finir ? (Jean-Charles)

 

Silence en Méditerranée

Co-production France 3 Provence Alpes Côte d’Azur et Bluearth Production

Réalisé par Jean-Charles Granjon.