A l’heure où manger est devenu un acte militant pour l’environnement, certains remettent au goût du jour ce régime dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Coup de projecteur sur le pouvoir du consom’acteur, entre alimentation et environnement, avec Philippe Pointereau, co-auteur du scénario Afterres 2050.

Vous souvenez vous d’Afterres 2050 ? La première version était sortie en 2011, la seconde en 2016. Ce scénario dessine un avenir durable de notre système alimentaire, du champ à l’assiette. Il a été réalisé dans une démarche participative par Solagro. Les auteurs y présentent des hypothèses et des variables pour ouvrir le débat et tenter de répondre positivement et concrètement à une question : « peut-on à la fois nourrir les hommes, lutter contre le changement climatique, améliorer le revenu des agriculteurs, restaurer les écosystèmes, fournir de nouvelles productions et de nouveaux services, intégrer le bien-être animal, garantir la qualité des produits, améliorer la santé des consommateurs, offrir saveurs, terroirs et paysages ? ».

En amont de la journée de la diète méditerranéenne qui se déroulera le 16 octobre à Forcalquier, nous avons rencontré Philippe Pointereau, co-auteur du scénario, pour parler de cette diète. Entre santé, environnement et pouvoir du consommateur, il met en perspective ce régime historique avec nos enjeux contemporains.

Philippe Pointereau

Bleu Tomate : La diète méditerranéenne correspond-elle à l’assiette préconisée par Afterres ?

Philippe Pointereau : « Je dirais que la diète méditerranéenne s’en approche.

Le principal point commun entre les deux, c’est le côté végétal. Afterres 2050 préconise une assiette à base de fruits et légumes, avec une réduction de 50% des produits laitiers et des différents types de viandes. C’est à peu près ce que nous retrouvons dans l’alimentation méditerranéenne.

Nous avons un autre point commun, plus ambivalent : le poisson. C’est un pilier dans la diète méditerranéenne et un très bon aliment. Pourtant, dans le scénario, en raison des conditions actuelles de la pêche et de son impact environnemental, nous préconisons une réduction de sa consommation. »

Bleu Tomate : Pourrait-on pratiquer la diète méditerranéenne partout en France alors ?

« L’objectif du scénario Afterres 2050 n’est pas d’avoir une seule alimentation. Il faut y faire attention.

Le scénario donne un cadre dans lequel différentes diètes de nos régions peuvent exister, comme la diète méditerranéenne. Nous avons la chance d’avoir en France et en Europe des terroirs avec des agricultures diversifiées. L’idée est d’adapter à son territoire un scénario établi sur la base de recommandations nutritionnelles et environnementales.

Un exemple : l’huile d’olive ou les fruits secs comme les amandes, sont vraiment très intéressants dans la diète méditerranéenne. Mais aujourd’hui en France on importe 36 000 tonnes d’amandes et environ 90% de notre huile d’olive. Il faut réfléchir au redéploiement de ces productions en France, mais aussi à sa généralisation dans le pays.

L’idée, c’est aussi d’adapter le cadre selon l’envie des gens. Pourquoi ne pas introduire des plats du monde. Le couscous est très intéressant. Il associe des légumineuses, des légumes, une céréale et peu de viande.

Il ne faut pas être trop rigide selon moi. L’essentiel est de se poser des questions sur l’origine des produits. J’ajouterai qu’une des clés, c’est de continuer à cuisiner. »

Crédit – etorres69 Pixabay

Bleu Tomate : Est-ce que manger local suffit à réduire son impact environnemental ?

 

Bleu Tomate : Comment chiffre-t-on son impact ? Quelles données prendre en compte pour orienter notre alimentation ?

« Nous avons eu la chance, avec Denis Lairon et Emmanuelle Kesse-Guyot, chercheurs à l’INSERM et l’INRAE, de travailler sur le programme de recherche BioNutriNet. Nous y avons comparé des consommateurs bio et non bio. Solagro s’est occupé de mesurer l’impact environnemental de l’alimentation d’une personne. A cette époque, nous prenions en compte trois impacts : les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie et la surface pour se nourrir. Nous commençons actuellement un nouveau programme dans lequel nous intégrons d’autres critères : l’eau pour l’irrigation, la biodiversité et les pesticides. »

Pour connaitre les résultats de BioNutriNet :

Bleu Tomate : Existe-t-il ou existera-t-il un indicateur de cet impact ?

Bleu Tomate : La responsabilité du changement d’alimentation repose-t-il uniquement sur la prise de conscience des citoyens ?

Bleu Tomate : Etes-vous optimiste quant à ce changement justement ?