Théorisée dans les années 60 par le physiologiste américain Ancel Keys, la diète méditerranéenne a été reconnue patrimoine immatériel par l’Unesco en 2010. Plus de 10 ans après, ses principes alimentaires et ses valeurs demeurent de grande actualité, tant pour la santé humaine que pour celle de la planète.

C’est près de Naples, plus précisément à Pioppi, dans le Cilento, que le scientifique américain Ancel Keys a posé ses valises en 1962. C’est ici même qu’il a commencé à théoriser les principes de base d’un régime alimentaire : la diète méditerranéenne. 50 ans après, il a été reconnu patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Aujourd’hui, le Museo Vivente de la Dieta Mediterranea (Musée vivant de la diète méditerranéenne), fait vivre ce patrimoine avec des actions de sensibilisation à destination du grand public. Son directeur, Valerio Calabrese, participera à « La journée de la diète méditerranéenne », samedi 16 octobre à Forcalquier.

Les bienfaits pour la santé

Basée sur une consommation prioritaire de fruits, légumes, céréales, légumineuses, fruits secs et huiles d’olive, la diète méditerranéenne intègre une consommation modérée de viande rouge. Mais aussi de produits laitiers et de matières grasses d’origine animale. Une évidence pour les habitants locaux, une découverte pour ce scientifique américain. Quel est donc son constat ?

L’huile d’olive, ingrédient incontournable de la cuisine méditerranéenne. Crédit Ubert-Pixabay (Photo de Une : Pan y tomato, autre standard de la diète méditerranéenne. Crédit Moiranazzari-Pixabay)

Lors de sa participation à la première conférence sur l’alimentation dans le monde en 1951 à Rome, organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Ancel Keys s’informe sur les liens entre alimentation et maladies cardiovasculaires. Il décide alors d’approfondir ce type d’étude. Et conduit une recherche comparative sur les habitudes alimentaires d’une population comprise entre 40 et 59 ans dans sept pays. Ce sont les Seven Countries Study : Finlande, Japon, Grèce, Italie, Hollande, États-Unis et Yougoslavie).

Liens entre savoir-faire ancestraux et habitudes

Les populations du bassin de la Méditerranée consommaient peu de viande rouge ou de beurre. Chez elles, l’incidence des maladies cardiovasculaires était nettement inférieure. Moins en tout cas que dans des pays comme la Finlande ou les États-Unis, où cette consommation était plus importante.

Son ouvrage « How to Eat Well and Stay Well, the Meditarranean Way » (Comment bien manger et bien se porter, la recette méditerranéenne), co-écrit avec sa femme Margaret, tisse les liens entre savoir-faire ancestraux et habitudes partagées entre les pays du bassin méditerranéen. Puisque la diète méditerranéenne n’est pas seulement un régime alimentaire…

Citron et herbes aromatiques… le goût du Sud. Crédit Moiranazzari-Pixabay.

Valeurs partagées

Son nom, d’ailleurs, l’indique. Diète vient du grec « diaita », une bonne nutrition mais accompagnée d’un style de vie sain, équilibré et, surtout, partagé. La diète méditerranéenne implique un ensemble de savoir-faire, de traditions et de rituels, comme le partage de la table !

C’est en effet du partage de ces valeurs que prend en forme, en 2010, la candidature transnationale de l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Maroc. Ces pays sont rejoints en 2013 par Chypre, la Croatie et le Portugal, pour voir ce patrimoine commun mis à l’honneur par l’Unesco.

Des enjeux de développement durable

La pyramide alimentaire identifiée par Ancel Keys classe les aliments en fonction de leurs bienfaits pour la santé. Ainsi, sa large base est composée par les fruits et les légumes dont la consommation est fondamentale pour le bien-être. Plus on monte vers le sommet, moins les aliments cités sont nécessaires. Et leur consommation doit être limitée. Si l’on lit cette pyramide à l’inverse, on découvre facilement que les produits qu’il est conseillé de consommer davantage sont ceux qui ont un impact mineur sur notre environnement.

Pyramide alimentaire méditerranéenne, une hiérarchisation réalisée en son temps par Ancel Keys. Crédit Dandelion-Tea-Pixabay

Impact environnemental réduit

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a défini le concept de diète durable. Il s’agit d’un régime alimentaire avec un impact environnemental réduit et qui contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Avec son respect de la saisonnalité des aliments, son utilisation prioritaire de produits à impact environnemental modéré et son attention à la biodiversité, la diète méditerranéenne entre de droit dans cette définition.

Elle garantit ainsi l’équilibre entre l’homme et la nature, tout comme son nom grec diaita suggérait.