la mer Méditerranée dans le Var

… « Et les décisions qui vont définir nos actions sur la mer et le littoral, c’est maintenant qu’elles se prennent ». Ainsi s’exprime Etienne Ballan, coordinateur du Grand Débat sur la façade Méditerranée, en cours jusqu’en avril prochain. Rencontre avec un passionné de démocratie et de participation.

Sociologue et urbaniste, Etienne Ballan est délégué régional de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) pour la Région Sud Paca (voir ici notre article sur la CNDP). Dix ans qu’il anime débats et concertations, à côté de son activité professionnelle. Et plus particulièrement depuis quelques jours, « La mer en débat », qui s’inscrit dans la révision du « Document Stratégique de Façade » (DSF). (Lire ici notre article sur « La mer en débat » en Méditerranée).

La planification maritime, c’est quoi ?

Un document élaboré pour 6 ans, qui organise les activités et décide de tout ce qui concerne la mer et les littoraux. Il en existe un pour chacune des 4  façades maritimes de la métropole. C’est la planification maritime.

« Cette première révision est très importante, explique Etienne Ballan, car des sujets majeurs s’y invitent. Par exemple l’éolien en mer, ou bien la protection forte de la biodiversité. Ou encore la politique à mettre en œuvre vis-à-vis du trait de côte ». Et que la prochaine planification maritime fasse l’objet d’un Débat Public est une nouveauté.

E. Ballan organise La mer en débat

Etienne Ballan, sociologue et urbaniste est délégué de la CNDP pour la Région Sud-Paca

Débattre des orientations

Car l’intérêt de la planification maritime est de poser un cadre général, et non pas projet par projet. Exemple avec l’éolien flottant en mer. Trois sites pilotes et deux projets commerciaux sont déjà actés. L’Etat propose une production d’énergie éolienne entre 3,5 et 7Gw à long terme.

« Aujourd’hui, ce débat c’est l’heure de vérité, poursuit Etienne Ballan. Qu’est-ce qu’on va faire après ? Combien d’éoliennes ? Et où ? On va débattre de l’objectif final et global, à l’horizon 2030 et 2050. Le choix fait, on n’y revient plus » (du moins pendant les 6 ans du plan).

« L’essence du Débat Public, c’est de garantir aux citoyens que les décisions ne sont pas encore prises quand on débat. Il s’agit de discuter d’un projet à long terme mais aussi de son opportunité. D’autres orientations sont les bienvenues, si elles sont argumentées. Si une autre politique vous parait souhaitable, vous pouvez le dire ! » encourage le responsable.

La mer en débat en Méditerranée

La mer en débat à suivre aussi sur le site de la Commission Nationale du Débat Public © Sacha LENORMAND

Les outils du Débat

Toute la difficulté est d’informer la population sur la tenue du Débat et de la convaincre d’y participer. Le numérique est un bon moyen bien sûr, mais pas seulement. Les organisateurs multiplient aussi les rencontres, avec des visites gratuites auxquelles chacun peut s’inscrire. Ici, une ferme éolienne pilote, là un port, ailleurs un parc marin.

Outre des ateliers thématiques avec les citoyens, de nombreuses rencontres se passent en milieu scolaire, universitaire, associatif et professionnel et avec les collectivités locales. Tout ce qui s’y dit est visible sur le site Internet. Enfin un panel de citoyens sera réuni dans chacune des 4 façades, le même jour en mars prochain. Ce sera à  Marseille pour ce qui nous concerne.

Et après ?

A l’issue de tout ce travail, revient à l’équipe du Grand Débat la mise en forme de l’ensemble des contributions, une synthèse des arguments, la plus fidèle possible. « Nous avons une obligation de rendre compte et l’Etat a celle de répondre aux recommandations issues du débat. Deux fois sur trois, le débat a transformé substantiellement  le projet », constate Etienne Ballan.

L’avenir de la Méditerranée et de ses littoraux est en débat©JB

Exercer un droit constitutionnel

Malgré tout, le public manifeste parfois des frustrations. « Lorsqu’on organise un Débat, il est normal qu’il y ait parfois des déceptions. Mais ce n’est pas la procédure qu’il faut mettre en cause. Il ne s’agit pas d’un référendum ».

Alors quand un débat est-il réussi ? « Nous avons une obligation de moyens pour que le public exerce son droit. Alors on peut parler de réussite si on a fait le tour des arguments, rien « laissé sous le tapis ». Nous allons chercher tout le monde, mais chacun a le choix de participer ou pas ».

Et comment motiver les habitants à participer ?

« La mer, c’est là que se pose notre avenir. Ce qui va se décider là, maintenant, c’est pour nos vies et celle de nos enfants. Alors, plaide le délégué régional de la CNDP, si vous voulez en savoir plus, comprendre ce qui se passe près de chez vous, peser sur le Débat, il faut venir ! Où que vous soyez, qui que vous soyez, vos arguments seront entendus. Venez réfléchir ensemble, partager, rencontrer des décideurs, faire des propositions… »

Chiche ?