Parmi les 120 producteurs de la région Sud-PACA qui font le déplacement au Salon International de l’Agriculture à Paris, se trouve une dizaine d’apiculteurs vauclusiens. Après la lavande l’an dernier, c’est leur filière que le Conseil départemental 84 met en lumière.
Ils sont montés à la capitale avec leur ruche pédagogique, l’Educabeez. Et aussi les produits de leurs ruches, proposés au public sur près de 200 m², aux côtés d’autres stands de producteurs vauclusiens. La plupart professionnels, les 250 membres du Syndicat des apiculteurs de Vaucluse produisent dans le département. Mais auparavant, leurs abeilles ont transhumé, dans les départements voisins et même plus loin. Ils totalisent entre 25 et 27 000 ruches.
Une filière qui s’interroge…
« On a la foi, on y croit », résume Philippe Huguel, le président du Syndicat, quand on lui demande comment se porte la filière. Car entre les prédateurs, dont le redoutable frelon asiatique, les sécheresses, les canicules et la situation économique générale morose, les soucis ne manquent pas. Malgré tout, la filière n’enregistre ni hécatombe générale, ni chute du nombre d’apiculteurs. Plutôt un renouvellement des générations.
« Aujourd’hui l’apiculture est plus technique, on passe plus de temps qu’avant sur les colonies » précise Philippe Huguel. Il a démarré son activité en 2000 et se souvient de la canicule de 2003. Comme beaucoup d’autres, les apiculteurs doivent s’adapter au changement climatique. Par exemple en changeant de fleurs, ou de circuits de transhumance… Monter plus au nord, vers Mâcon ou le Jura, pour y chercher si possible des températures et une pluviométrie différentes.
… Et qui s’adapte
Les apiculteurs sont installés aux quatre coins du département et produisent toutes sortes de miels. Récolté dans la nature, avec l’acacia et le châtaignier, le romarin ou les haies, et issu de cultures comme le tournesol ou la lavande. C’est dire si les agriculteurs et les apiculteurs ont des intérêts communs. Mais parfois aussi divergents.
« Il faut s’adapter aux contraintes des uns et des autres, explique le président du Syndicat. Parfois c’est la législation qui devrait être revue ». Avec le changement climatique, chaque métier se complique. Traitements, calendriers… Il faut du temps et du dialogue pour trouver les bonnes solutions.
Au Salon en tout cas, le public est au rendez-vous et avide de mieux connaître la vie des abeilles et le quotidien des apiculteurs. Et sur les marchés de Provence, le miel trouve acquéreur. De quoi encourager les apiculteurs « On y croit à nos abeilles et à notre région », conclut le responsable syndical agricole.
Les douceurs des Hautes-Alpes
C’est leur 1er Salon et ils sont enthousiastes. Frédéric et Stéphanie Monnet, un couple d’apiculteurs du Queyras, ont régalé les visiteurs de leurs bonbons artisanaux au miel. Et participé à faire connaître le département alpin, ses trésors et ses talents.
Pendant 3 jours, sur le stand « Hautes-Alpes Naturellement* » du département, ils ont fait cuire dans leur chaudron en cuivre, et découpé à la main bonbons, sucettes et berlingots, pour la plus grande joie des petits et des grands. Des confiseries qui contiennent 35% de leur propre miel, quand celles fabriquées en série en affichent à peine 7 à 8%.
« Les animations ont très bien marché, explique Frédéric Monnet. C’est vraiment un échange permanent, avec des gens de tous horizons et de toutes générations. Ils manifestaient beaucoup d’intérêt et de curiosité ».
Un GAEC artisanal et familial
Stéphanie et Frédéric sont apiculteurs depuis les années 80 à Château-Ville-Vielle, aujourd’hui en GAEC avec leur fils David. La passion des abeilles leur a été léguée par le grand-père… D’avril à juillet, ils promènent leurs 600 ruches depuis les acacias et les tilleuls de l’Ain jusqu’aux pentes des Alpes où ils sont installés. Les butineuses s’intéressent alors aux fleurs de montagne.
La famille vend son miel dans les petits magasins et moyennes surfaces alentour. Et elle le transforme aussi en confiseries. Un métier de passion, rendu physiquement plus facile par l’apparition des machines, notamment pour soulever de lourdes charges. Mais un métier où le changement climatique se fait énormément ressentir.
Les abeilles, la nature… et le climat
« L’an dernier, on a eu un mois d’avance sur la miellée de montagne, précise Frédéric Monnet. Et cette année, on n’est pas sûrs de récolter la miellée de bruyère blanche, à cause du manque d’eau. En 2020 et 2021, on n’a quasiment pas eu de miel d’acacia ». Sans parler du frelon asiatique de plus en plus présent.
Alors il faut s’adapter. Les Monnet laissent leurs ruches en haute montagne où le frelon ne se hasarde pas. Et les apiculteurs se déplacent de plus en plus avec leurs ruches. Malgré ces difficultés, la passion est toujours là. « On travaille en pleine nature, avec les abeilles, c’est un monde magnifique, s’enthousiasme l’apiculteur du Queyras. Et puis on participe à la pollinisation, et le public a une bonne image de notre métier, c’est encourageant ».
« Le Salon est une expérience super positive. Nous avons pu faire mieux connaître les Hautes-Alpes auprès du public » se réjouit Frédéric Monnet. Et l’apiculteur rentre chez lui avec un souvenir -sous forme de clin d’œil- à afficher dans son atelier : la photo du Ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, tenant à la main un paquet de ses bonbons !
*Hautes-Alpes Naturellement est une marque déposée il y a une quinzaine d’années par la Chambre d’agriculture des Hautes Alpes.Objectif ? Mettre en avant les savoir-faire non seulement des producteurs mais aussi des entrepreneurs de la filière bois et agro-alimentaire, ainsi que des restaurateurs.