La société aixoise achète des produits aux agriculteurs du sud-est qu’elle vend aux particuliers et à la restauration collective. Jusqu’à 150 producteurs écoulent ainsi leur marchandise localement. Portrait d’un modèle régional pensé gagnant-gagnant.

Il est 18h ce mercredi dans le hangar de Localizz, zone d’activités des Milles, à Aix-en-Provence. Alors que la nuit tombe, des voitures se présentent les unes après les autres devant l’entrepôt. Plutôt pressés, leurs occupants en descendent pour récupérer leurs achats, préparés à l’avance dans des cagettes et des sacs en papier. On croise Didier, salarié d’une entreprise de la zone. Il embarque des œufs, des fruits, des légumes, un peu d’épicerie… Soit la commande qu’il a passé au plus tard le lundi précédent avant 14h sur le site web de Localizz« J’ai un intérêt pour les produits bios et locaux. L’idée est de manger sain et d’avoir un meilleur bilan carbone, tout en permettant aux producteurs d’être bien rémunérés ».

Régulier, local et flexible

Vient le tour de Yohann, attiré « par les prix imbattables pour des produits de saison ». Dan, de Velaux, est aussi un client fidèle depuis le lancement de Localizz, en 2014. « J’achète ici par conviction. Pour faire profiter les agriculteurs locaux et les circuits courts. Ca me permet de consommer des légumes que je ne mangeais pas beaucoup auparavant ». Coralie et Julien sont dans la même logique. « C’est régulier, local, plus flexible que les paniers AMAP. Et il n’y a pas que des légumes. Pour nous, c’est la bonne formule », avoue le jeune couple, leur badge professionnel encore passé autour du cou.

L’entrepôt de Localizz, av. Jean Perrin à Aix-en-Provence. Crédit Philippe Bourget (Photo de Une : Maëlle Coffignier, en charge d’une partie de la gestion des stocks et des commandes aux producteurs et Olivier Da Rold, fondateur de l’entreprise. Crédit Ph B).

Kiwis, oranges, poires…

Dans les frigos du hangar Localizz, Olivier Da Rold, son fondateur, présente les produits qu’il achète chaque semaine aux agriculteurs des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, du Var (un peu) et même de Corse. Entre 130 et 150 fermiers comptent sur Localizz pour écouler leur production. Ici, des kiwis de Noves, des oranges de l’Île de Beauté, des poires de Tallard. Là, des pommes de terre bios de Pertuis, des carottes de Lambesc, des pommes de Mérindol…

Chaque commande passée sur le site de Localizz par un particulier fait l’objet d’un bon de livraison qui lui sera remis lors la récupération des marchandises, les jours de drive. Crédit Ph B.

Légumineuses, viandes, fromages…

On trouve aussi des légumineuses (lentilles, haricots blancs…) d’une coopérative de Manosque, des oignons de Mallemort, du riz de Camargue, des patates douces  de Piolenc (84). Ces dernières sont livrées par l’agriculteur au MIN de Cavaillon. Localizz les récupère lors de sa tournée de ramassage. Fruits et légumes sont stockés dans deux frigos différents, bio dans l’un, conventionnel dans l’autre – ainsi l’exige la réglementation. Un troisième frigo abrite les produits transformés et emballés, viandes, salaisons, fromages, jus de fruits (de Saint-Andiol), miels… La plupart proviennent des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes.

Un client de Velaux vient récupérer sa cagette de légumes. Crédit Ph B.

Drive mercredi et jeudi

« Un transporteur nous livre les produits pour ces deux départements et la Corse. Nous collectons le reste avec nos deux camions frigorifiques. Toute notre logistique s’organise entre la fin des prises de commandes en ligne, le lundi à 14h, et les deux drive réservés aux clients individuels, le mercredi de 14h à 19h et le jeudi de 12h à 19h », explique Olivier Da Rold. Pas ou très peu de déchets dans cette économie de proximité. « Nous rapportons les emballages aux producteurs la semaine d’après. Et s’il nous reste des produits alimentaires non vendus, nous les donnons à un éleveur de cochons des Pennes-Mirabeau. Nous produisons moins de déchets qu’une famille de deux personnes », dit le fondateur.

Emballé, préparé, chargé ! Crédit Ph B.

Produits locaux, marché local

Si la partie émergée du business de Localizz est cette mise en relation directe entre agriculteurs et consommateurs via le drive – la société dispose aussi de quatre points-relais, deux à Marseille, un à Bouc-Bel-Air et un à Puyricard -, l’essentiel de l’activité est toutefois basée sur la vente aux collectivités. « Cela représente plus de 80% de notre chiffre d’affaires. Celui-ci a été de 1,55 M d’€ en 2022, 13% de plus qu’en 2021 », éclaire le patron. Après une carrière dans une fédération de la filière viande et dans la restauration collective – il fut directeur national des achats chez Sogeres -, I’ingénieur agronome Olivier Da Rold a imaginé son modèle en partant du principe qu’il « manquait une structure qui serve le marché local des particuliers et des collectivités avec des produits locaux ».

Des oranges de Corse… Crédit Ph B.

Cantines scolaires et restaurants d’entreprises

Et puisque les volumes en restauration collective sont plus importants que le « goutte à goutte » des commandes particulières, autant développer ce segment qu’il connaissait bien. « Les maires, poussés par la prise de conscience écologique, veulent du local et du bio pour les cantines scolaires. Les groupes de restauration collective aussi. Nous sommes référencés par Elior, Newrest, Terres de Cuisine. Nous leur apportons une centralisation des commandes, de la gestion administrative et aussi des supports de communication qui valorisent les producteurs auprès de leurs clients ».

… et des patates douces de Piolenc. Crédit Ph B

Présent à Hyères, Nice, Trets, La Roque d’Antheron…

C’est ainsi que Localizz sert, via Elior, Airbus Helicopters à Marignane, la CMA CGM à Marseille, la DGAC à Aix-en-Provence, Naphtachimie, Technicatom… La société a aussi remporté les appels d’offres municipaux pour la restauration scolaire des communes d’Hyères, de Grasse, de Draguignan, des Pennes-Mirabeau, de Trets, de Fos-sur-Mer, de La Roque d’Antheron… « Nous avons aussi gagné celui de Nice pour servir la légumerie des écoles de la ville », se félicite Olivier Da Rold.

Beaucoup de clients travaillant dans la zone d’activités d’Aix-en-Provence sont devenus des clients fidèles de Localizz, comme ce couple. Crédit Ph B.

Dans d’autres régions ?

Pour Localizz, l’avenir se conjugue avec l’extension du modèle au niveau régional. « Nous servons une quarantaine de clients entreprises ou scolaires. Il y a encore du potentiel. Nous arrivons aujourd’hui à aller chercher les produits et les volumes qui correspondent aux besoins de la restauration collective ». Les groupes spécialisés font même des appels du pied à Localizz pour qu’elle étende son modèle à d’autres régions où, selon Olivier Da Rold, « il n’existe pas de structures équivalentes ». L’avenir de l’entreprise, en phase avec les attentes du marché et des consommateurs, est prometteur.

Pour en savoir plus

Une « entreprise à mission »

Localizz est depuis avril 2022 une « entreprise à mission », dispositif permettant depuis 2019 à une société de déclarer sa raison d’être à travers des objectifs sociétaux et environnementaux. « La nôtre est de faciliter une alimentation saine et durable à travers le développement d’une économie circulaire, sociale et solidaire », précise Olivier Da Rold. Parmi les engagements de Localizz, il y a les visites d’exploitations agricoles proposées aux clients, les paniers-repas à coût réduit pour les étudiants de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, à Gardanne, et l’engagement de trouver des solutions de vente à tout agriculteur-fournisseur qui aurait un stock sur les bras.