acheter en vrac

Pour réduire les déchets à la source, rien de mieux que d’acheter en vrac dans ses propres contenants réutilisables. Un mode de consommation qui séduit de plus en plus, mais qui reste encore limité.  Le coronavirus va-t-il doper la démarche ?

Pour Caroline Rey et Eric Bouchart qui ont ouvert leur épicerie bio et  vrac à Allauch (13) en juin dernier, la crise a littéralement dopé le chiffre d’affaire. « On a vu arriver de nouveaux clients, plus axés sans doute sur la proximité, que sur le vrac, explique Caroline. Nous sommes restés ouverts les matins, avec des mesures sanitaires. Et nous avons mis en place des livraisons ». Un surcroît de travail et d’organisation, mais une bouffée d’air pour le magasin qui doit  constituer sa clientèle et désormais, réussir à la fidéliser.

Des clients à conserver

« Si la première motivation est d’acheter bio, et sans courir au supermarché, certains ont découvert le vrac.  Au magasin, on peut discuter et expliquer le concept, mais avec les livraisons, la relation est plus difficile. On espère que cela ne va pas retomber comme un soufflé » s’interroge Caroline.

l'épicerie vrac d'Allauch

La boutique dans le centre d’Allauch vend du bio et en vrac – ©E.B

L’avenir dépendra beaucoup de la situation économique. Entre les habitants du village, souvent des personnes âgées peu fortunées et les actifs qui ont l’habitude d’aller en grande surface, le chemin est étroit. Il passe par un élargissement de l’offre, ce qui est en cours, remarque Caro. « Aujourd’hui, on a de plus en plus de produits bio, locaux et de qualité qui peuvent séduire. ».

Des produits de qualité, une bonne relation avec la clientèle, une démarche vertueuse pour un système de consommation plus durable, autant d’atouts portés par les magasins de vrac. Reste à savoir si les nouveaux clients s’installeront dans une démarche qui réclame, au moins au début, de modifier ses habitudes d’achat.

Confinement en vrac

Pour Marjorie et Céline qui ont ouvert « Le Petit Pot » à Avignon en juin 2017, la situation est un peu différente. Avec le confinement, leur entreprise a perdu du chiffre d’affaire –les clients se sont concentrés sur les produits de première nécessité- mais elles ont limité la casse. Comme à Allauch, la boutique est restée ouverte avec une organisation plus lourde, adaptée aux restrictions sanitaires, et des commandes et livraisons mises en place.

le vrac à Avignon

Céline et Marjorie vendent en vrac et militent pour le zéro déchet -©MarieCécileDrecourt

A l’arrivée, elles ont conservé leurs clients et en ont vu arriver de nouveaux. « Des personnes qui ont souhaité profiter du confinement pour réfléchir à leur manière de consommer, et décidé de changer leurs habitudes, analyse Céline. Je crois que consommer local, prendre soin de notre santé, de notre planète et faire fonctionner les petits commerçants font aujourd’hui plus sens que jamais ».

Libérer le vrac !

Pourtant, le chemin est encore long. Notamment l’offre encore trop restreinte. « Mais elle arrive à grand pas et des épiceries vrac voient le jour pratiquement chaque semaine en France cette année, souligne Céline. Pour continuer de faire de la vente en vrac, il faut que tous les acteurs s’y mettent, du producteur au consommateur. Il faut remettre la consigne au goût du jour par exemple ».

Et aussi que la législation évolue. Elle reste aujourd’hui très contraignante, par exemple en interdisant la vente de certains produits en vrac, comme les huiles cosmétiques.

Produits d'entretien en vrac

La vente en vrac permet d’éviter les emballages et les déchets – ©LePetitPot

Au secours, le plastique revient !

Enfin apparent paradoxe, la crise sanitaire, si elle a induit une réduction de la pollution dans de nombreux domaines,  a conduit aussi à un retour en force du plastique et du jetable !

Une équation qu’il va bien falloir résoudre. Céline se veut résolument optimiste : «  car tous les problèmes liés au sur-emballage et au plastique en général sont maintenant bien connus et les gens souhaitent réellement consommer différemment et prendre soin de leur planète ».

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Pour aller plus loin

le baromètre du vracRéseau Vrac, auquel appartient Le Petit Pot rassemble plus de 1300 professionnels de la filière, des producteurs aux distributeurs en passant les fournisseurs et les porteurs de projet, en France et dans le monde. La structure s’est aussi donné pour mission de faire passer des lois dans l’intérêt d’une nouvelle consommation. Elle met  en relation les différents acteurs afin de réduire les emballages en amont,  et de trouver ensemble des innovations.
« Le vrac est une consommation responsable en pleine expansion, qui permet de lutter contre le gaspillage des ressources, et qui est et reste une valeur sûre. Il favorise les circuits courts, assure un commerce de proximité, et réduit le gaspillage des ressources alimentaires et de matières premières. » C’est ce qu’explique Célia Rennesson, la présidente de Réseau Vrac.le baromètre du vrac en 2020

L’association a réalisé un baromètre de l’activité de la filière pendant la crise (période du 16 mars au 10 avril).

Il en ressort que 98% des fournisseurs et 97% des magasins vrac ont maintenu leur activité (presque tous avec une réorganisation).

40% des commerces vrac ont vu leur chiffre d’affaire augmenter, autant l’ont vu baisser et pour 20% il est resté stable.

Enfin 95% des magasins qui présentent un rayon vrac ont connu, sur ce rayon, une baisse de 17% de leur CA.

le baromètre du vrac par Réseau Vrac suite

« La petite française bio » avait ouvert ses portes au quartier des Camoins à Marseille en avril 2018, avant de s’installer à Allauch. Après des années dans la banque où elle aidé tant de porteurs de projet à se lancer, Caroline Rey a franchi le pas en faveur de la vente bio et en vrac, « dans les valeurs du respect de l’humain et de la nature » . Un choix conforme à sa philosophie et partagé par son associé, qui a travaillé longtemps dans la distribution de produits bio. La boutique propose des fruits et légumes locaux –quand cela est possible-, des produits alimentaires, épicerie, ménagers et d’équipements. Le tout bio et en vrac.

«Le Petit Pot» installé en plein cœur d’Avignon a été créé par Marjorie Cousyn et Céline Laplanche et compte aujourd’hui 4 personnes. Les deux fondatrices, belles-sœurs dans la vie, partagent la fibre écolo et zéro déchets qu’elles pratiquent dans leur vie quotidienne.
Le magasin propose l’épicerie et la boutique. Dans la première, tout est en vrac, bio et local –si possible- sinon, équitable ! Chacun apporte son contenant qu’il remplit à sa guise (le magasin dépanne, en cas de besoin).
Dans la seconde, le client trouve ce qui lui permet de réduire ses déchets dans toutes les pièces de son logement : autrement de remplacer tout ce qui se jette par ce qui se réutilise. Des gourdes, des boites mais aussi des cosmétiques solides, sans chimie et fabriqués à côté !
L’été Le Petit Pot propose des jus de fruits frais à déguster sur sa terrasse.