Depuis 1991, les Groupes d’Actions Locales (GAL) accompagnent les porteurs de projets en zone rurale dans le cadre du programme européen LEADER. Bilan sur le rôle de ces structures à l’occasion du nouveau programme 2023-2027, avec Alexandra Fol-Gutierrez du GAL Haute Provence – Luberon.

Les 16 et 17 juin prochains, le Groupe d’Action Local (GAL) Haute Provence – Luberon convie 80 acteurs locaux pour définir collectivement sa stratégie de développement rural. Une démarche réalisée par tous les GAL en vue du renouvellement du programme LEADER 2023 – 2027.

Les GAL, ce sont ces entités qui mettent en œuvre localement le programme LEADER, « Liaison Entre Actions de Développement de l’Économie Rurale ». Créé en 1991, ce programme européen a pour objectif de soutenir des projets innovants et collectifs en zones rurales.

Aujourd’hui, ce sont 339 GAL qui subventionnent des projets en France, 13 dans la région Sud. Qui sont ces entités ? A quoi servent-elles ? Comment fonctionnent-elles ? Explications.

Le programme LEADER cofinance des projets de développement local au titre du FEADER (fonds européen agricole pour le développement rural) par l’Union Européenne dans le cadre du 2ème pilier de la PAC.

Le GAL, agent local d’une aide européenne

Un GAL est créé par un groupe local d’acteurs publics (élus de collectivité, institutions publiques) et privés (associations, entrepreneurs, agriculteurs, et parfois même, des personnes en leur nom propre).  « Dans la région SUD, un GAL n’a pas de structure juridique propre, mais est porté par une structure local existante (communauté de communes, parc régional) » explique Alexandra Fol-Gutierrez, animatrice LEADER au GAL Haute Provence-Luberon (photo de couverture).

Pour être reconnu, un GAL doit être constitué en respectant certaines règles imposées par l’Union Européenne : la gouvernance associant le public et le privé, un périmètre défini, dans un territoire rural, la mise en réseau des acteurs, la valorisation de projets multisectoriels et innovants, une stratégie ascendante.

Ces critères assurent que le programme LEADER soit adapté aux besoins d’un territoire en particulier, et non une aide appliquée de la même façon à tout territoire.

Une démarche bottom-up

Au début de sa formation, le GAL doit définir sa stratégie dans une démarche participative. « Nous avons découvert ces méthodes en 2013 pour constituer la stratégie de l’époque, se rappelle Alexandra. Pour nous c’est une réussite car nous faisons remonter les besoins et les attentes du terrain. Ce sont de formidables moments de cohésion. Cela permet aussi aux acteurs de se rencontrer et de communiquer. »

Selon les orientations stratégiques définies, des appels à projets sont publiés. Là encore, ce sont les acteurs locaux qui doivent venir solliciter le GAL. « C’est arrivé que nous ayons un déficit de porteurs de projet. J’anime alors des tables rondes spécifiques en invitant les acteurs du territoire pour discuter avec eux. »

 « Nous les mobilisons tous les deux ans, nous relayons localement les informations grâce à nos partenaires, nous rencontrons régulièrement les têtes de réseaux ». L’objectif du GAL est de créer du lien avec le territoire pour s’assurer tout au long du programme de la pertinence des actions menées.

Un accompagnement de projet personnalisé

Pour obtenir l’aide, le porteur de projet doit répondre aux critères stratégiques, et être capable d’avancer la trésorerie. L’aide vient en effet rembourser les dépenses. « C’est un confort en un sens, car nous avons des projets solides, confie Alexandra. Mais ce sont de petits porteurs de projets qui nous sollicitent, pas de grandes entreprises. C’est ambivalent. »

Une fois sélectionné, le porteur de projet est accompagné par l’équipe technique du GAL depuis la constitution du formulaire de demande d’aide (en lui-même complexe) à la réalisation du projet. « En tant que subventionnaires, ce que nous avons de différents des autres programmes européens, c’est l’accompagnement, la coopération, la mise en réseau. »

Ainsi des projets locaux émergent suite à cette aide, comme le développement d’une filière panicole, la végétalisation des rues d’Apt par les habitants, un pôle cirque et Handicap, et bien d’autres.

Un exemple : Le GAL Haute Provence Luberon

Afin de mieux saisir le fonctionnement de ces entités, Alexandra nous raconte les coulisses du GAL dans lequel elle travaille.

BT : Pouvez-vous nous présenter le GAL Haute Provence-Luberon ?

A : « Notre GAL existe depuis 1991, c’est donc un des plus anciens en France. Il est né à Forcalquier, territoire déjà très dynamique à l’époque autour des herbes aromatiques et médicinales. Rapidement le territoire s’est agrandi pour couvrir le Luberon. Nous avons aujourd’hui le plus important GAL de la région en termes d’habitants et d’enveloppe. Nous avons au total levé 6 millions d’euros et financé 90 porteurs de projet. »

BT : Qui le compose aujourd’hui ?

A : « La communauté de commune du Pays de Forcalquier – Montagne de Lure, en partenariat avec le Parc du Luberon. J’insiste sur ce partenariat car nous travaillons étroitement ensemble. D’ailleurs pour la candidature de 2023, nous collons à leur charte. »

Comment se passe la collaboration public / privé ?

A : « Dans notre GAL, elle se passe très bien. Les deux regards se confrontent et se complémentent, des positions changent. C’est l’occasion de débats, mais toujours bienveillants. C’est intéressant. »

BT : Quels sont les besoins de ce territoire ?

A : « Nous commençons à peine les démarches de concertation avec la population pour les identifier, je ne les connais donc pas encore.

Ce que je peux dire dans les grandes lignes, c’est que nous allons respecter des orientations déjà menées par la région, comme les actions de transition écologique et énergétique. Nous continuerons à répondre au manque de services à la population et au développement de l’économie sociale et solidaire. Nous souhaiterions aller aussi sur un développement économique, mais dans le cadre d’une transition. Nous étions déjà intransigeants sur ce critère de la transition, nous le serons d’autant plus. Nous aimerions continuer à travailler autour du PAT, à moins que les acteurs veuillent passer à autre chose. Eventuellement nous irons un peu plus sur des projets sociaux. »

BT : L’aspect collaboratif fonctionne-t-il bien ici ?

A : « Selon moi la spécificité du Luberon, c’est la coopération qu’on retrouve autant entre les activités privées qu’avec les acteurs publics. C’est quelque chose d’assez remarquable. Un indicateur de cette dynamique, c’est les magasins de producteurs. Il y a des régions où les producteurs n’arrivent pas du tout à se regrouper. Nous sommes sur un territoire où les acteurs veulent travailler ensemble. »

BT : Une difficulté et un avantage du GAL selon vous ?

A : « Une difficulté, c’est la complexité du programme, avec nombreux règlements à tout niveau. On pourrait aller plus loin si on avait des équipes plus libres sur l’animation de terrain.

En même temps, nous avons la chance dans ce GAL d’être sur un territoire hyper dynamique où l’expérimentation est importante sur de nombreux sujets. Il y a des problématiques intérieures, mais ça reste un territoire où nous arrivons à financer de nouvelles choses. Et puis le GAL lui-même est dynamique, avec un comité de programmation riche dans sa représentativité, dans ses échanges et qui est ambitieux en termes d’impact sur le territoire. »

Découvrez les projets déjà financés par le GAL Haute Provence – Luberon ici : https://www.leader-hauteprovenceluberon.com/mediatheque.html