
À l’approche du Salon des Agricultures de Provence 2025, il est temps de faire le point sur la réalité agricole d’un département à la fois dynamique, stratégique et sous pression : les Bouches-du-Rhône. Entre chiffres impressionnants, spécialités régionales et défis environnementaux, voici un tour d’horizon complet.
Panorama de l’agriculture dans les Bouches-du-Rhône en image
Une agriculture puissante… mais contrainte
Le département affiche un chiffre d’affaires agricole de 962 millions d’euros, soit 29% de la valeur régionale. Un poids lourd agricole dans la région Sud, donc. Pourtant, seulement 25 % du territoire est boisé, un chiffre bien inférieur à la moyenne nationale (31 %), reflet d’une forte pression sur les terres.
Les sols artificialisés (zones urbanisées, routes, infrastructures…) représentent 22 % de la surface du département, le taux le plus élevé de toute la région PACA, dont la moyenne est de 10 %. Et pour cause : avec 2 024 160 habitants, les Bouches-du-Rhône concentrent 40 % de la population régionale sur seulement 17 % de sa surface. Ainsi, il y a 385 habitants / km², contre 158 pour la moyenne régionale.
Des surfaces agricoles stratégiques
Les terres agricoles couvrent 26 % du département, soit 139 000 hectares, ce qui ne représente que 4 % de la surface agricole régionale. Pourtant, ces terres sont précieuses : 70 % de la Surface Agricole Utilisée (SAU) est irrigable, un atout considérable dans un contexte de raréfaction de l’eau.
La taille moyenne des exploitations est de 36 ha, soit 5 hectares de plus que la moyenne régionale. Cette différence s’explique par des spécialisations à forte valeur ajoutée. En voici un aperçu :
- Ovins/caprins : 125 ha
- Bovins/autres animaux : 116 ha
- Grandes cultures (dont plantes aromatiques) : 64 ha
- Polyculture-polyélevage : 25 ha
- Viticulture : 24 ha
- Arboriculture : 12 ha
- Maraîchage-horticulture : 5 ha
Trois spécialités bien marquées
Les Bouches-du-Rhône se distinguent particulièrement dans :
- L’arboriculture : 23 % des exploitations (contre 17 % en PACA)
- Le maraîchage-horticulture : 21 % (contre 14 %)
- Les grandes cultures (dont les plantes à parfum) : 19 % (contre 13 %)
En revanche, la viticulture y est moins présente : 16 % contre 32 % dans l’ensemble de la région.
Bio : une locomotive départementale
Avec 29 % de sa SAU en bio ou en conversion, soit 40 800 ha, le département arrive 3e au niveau national. En 2018, 833 exploitations étaient engagées dans cette voie. Une dynamique renforcée par des établissements agricoles impliqués dans l’agroécologie, comme ceux d’Aix-Valabre ou de Saint-Rémy-de-Provence, moteurs dans la formation des futurs professionnels.
Emplois et formations : un secteur vivant
L’agriculture, ce n’est pas que des champs : c’est aussi 9 800 emplois agricoles, dont :
- 3 400 dirigeants
- 3 200 salariés permanents
- 3 200 saisonniers ou contrats courts
Côté formation, 2 595 élèves étaient inscrits en enseignement agricole en 2018-2019 dans le département, dont 540 apprentis, répartis dans 11 établissements (publics et privés).
Le soutien public : une base solide
En 2018, les aides PAC (Politique Agricole Commune) ont représenté 40 millions d’euros dans le département :
- 34 M€ pour les aides à la production (premier pilier de la PAC)
- 5 M€ pour le développement rural (deuxième pilier de la PAC)
À cela s’ajoutent 40 millions d’euros d’exonérations de cotisations sociales en 2016, prises en charge par l’État.
Une filière agroalimentaire bien ancrée
Au 31 décembre 2015, 5 500 salariés travaillaient dans les industries agroalimentaires du département, dont 4 540 dans la production. Trois secteurs phares se démarquent :
- Préparations alimentaires (chocolat, confiseries, assaisonnements…) : 1 800 salariés
- Boulangerie-pâtisserie industrielle : 1 200 salariés
- Commerce de gros agroalimentaire : 6 800 salariés pour 1 100 établissements
Mention spéciale au secteur des huiles essentielles issues de plantes aromatiques, avec 10 établissements et 150 salariés, pour 30 M€ à l’export.
Une production végétale dominante
La production végétale est la grande gagnante : 813 millions d’euros sur les 962 M€ totaux en 2018, répartis ainsi :
- Fruits : 310 M€
- Légumes frais : 299 M€
- Vins d’appellation : 165 M€
- Autres vins : 60 M€
- Plantes fourragères : 45 M€
Avec ces chiffres, les Bouches-du-Rhône sont leaders nationaux en production de fruits et légumes, notamment :
- 1ers en pêche, tomate, melon sous serre, olive, riz
- 2es en ail, aubergine, céleri, courgette
- 3es en abricot, poivron
Le tout grâce à :
- 630 exploitations maraîchères (4 900 ha)
- 950 exploitations arboricoles (14 150 ha)
Le cheptel : surtout des ovins
Le département abrite :
- 219 500 ovins
- 19 150 bovins
- 20 150 hl de lait de vache
- 7 400 hl de lait de chèvre
Et la forêt dans tout ça ?
Le taux de boisement reste faible : 25 %, contre 31 % en moyenne nationale. Le secteur forestier regroupe 554 salariés pour une récolte annuelle de 104 300 m³ de bois, dont 65 % pour l’énergie.
Une agriculture performante… mais sous pression
Avec près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, une position de leader national en fruits et légumes, une transition biologique dynamique et plus de 9 800 emplois directs ou indirects, l’agriculture des Bouches-du-Rhône est un pilier majeur du tissu économique régional.
Mais cette performance s’exerce dans un contexte tendu : densité de population élevée, forte artificialisation des sols, faible taux de boisement… Les enjeux écologiques et fonciers sont clairs.
Le défi pour demain ? Allier productivité et durabilité, en conciliant exigences économiques, transition écologique et résilience du territoire.
Prêt à découvrir ces enjeux en immersion ? Rendez-vous au Salon des Agricultures de Provence 2025, en toute connaissance de cause !
Ces données sont issues d’une étude de l’Agreste de décembre 2019 sur l’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt dans les Bouches-du-Rhône.