Au début c’est un manifeste militant, devenu un collectif. Les affiches du GIEC dans les couloirs du métro parisien, c’est eux. Les séances de formation destinées aux députés récemment élus, devant l’Assemblée Nationale… encore eux (avec d’autres) ! Au nom de ce collectif, Carla Monzali, étudiante de Nice, a répondu à nos questions.
Ils étudient dans les grandes écoles partout en France et ont lancé le Manifeste Pour un Réveil Ecologique en 2018. Un document signé par plus de 33 000 étudiants de l’enseignement supérieur. Ils y affirment que notre système économique n’est pas à la hauteur des enjeux écologiques, dans leur dimension sociale et environnementale.
Dans la foulée est né le Collectif Pour un Réveil Ecologique. Sur le palier de l’entrée dans la vie active, ces étudiants exigent des entreprises qu’elles réduisent vraiment leur empreinte écologique –faute de quoi, ils n’iront pas y travailler-, et de leurs établissements, qu’ils mettent en place des formations sur ces enjeux.
De la réflexion à l’action
« J’ai été sensibilisée toute petite par ma famille sur la question environnementale, se souvient Carla Monzali, 23 ans aujourd’hui. Je suis végétarienne, je ne prends plus l’avion et m’habille en seconde main. Mais le déclic a été la première période de confinement en 2020 et les conséquences sur la planète ! De voir comment, avec l’arrêt des activités, la terre a repris son souffle ! Je ne pouvais pas passer à côté. Après les gestes individuels, l’étape suivante, c’était l’action collective… »
Etudiante en école de commerce à Paris, Carla rencontre un membre du Collectif. Non seulement elle se retrouve complètement dans le manifeste, mais elle s’y investit à fond. « L’action, c’est un bon moyen de lutter contre l’éco-anxiété, analyse-t-elle. Même si on sait qu’on va affronter des moments difficiles, on met notre énergie dans des actions collectives qui ont un fort impact ».
Réveiller les écoles et les entreprises
Au sein du Collectif, Carla s’est dédiée au pôle Enseignement. « Etre formé, c’est la base. Si on ne connaît pas les enjeux, les causes et les conséquences des dérèglements, comment agir ? Alors notre double revendication, c’est que chaque étudiant bénéficie d’une formation à ce sujet et que les disciplines soient enseignées sous le prisme de l’écologie, qu’il s’agisse de finance, de design ou de stratégie… Mais pour que cela se concrétise, il faudra beaucoup plus de ressources humaines et financières allouées à la transition écologique au sein des établissements ».
Les membres du Collectif (qui compte aussi des pôles Entreprises, Finances, Fonction Publique et Communication) ont déjà produit enquêtes et rapports. Et ils sont très actifs sur les réseaux sociaux. D’ores et déjà, des entreprises, des établissements de l’enseignement supérieur et les medias ont pris l’habitude de les solliciter. Le début d’un passage à l’action, espère l’étudiante.
Sensibiliser et mobiliser tous les étudiants
Alors à la rentrée prochaine, ils se lanceront notamment dans un tour de France des Etablissements à la rencontre des étudiants. Grâce à une éco-conférence, ils présenteront les constats mais aussi les leviers d’action pour des étudiants. « Le sentiment d’éco-anxiété se généralise parmi les jeunes générations, constate Carla. Tous ne s’engagent pas. Mais si certains veulent rejoindre des entreprises pour agir de l’intérieur, d’autres font un virage à 180° ». [NDLR voir les nombreux appels à la « désertion » ou à la « bifurcation »]. D’autres encore veulent créer leur entreprise pour agir en conséquence. Il y a plusieurs façons d’agir professionnellement selon le profil et les objectifs de chacun ».
« On éprouve une solidarité très forte au sein du Collectif. On a un point commun, on se retrouve dans le même bateau, on n’est plus seul, on se sent utile et on voit qu’on peut faire plein de choses. »
Carla Monzali a trouvé sa voie : elle souhaite conseiller et accompagner les entreprises dans leur transition.
Le Manifeste pour un réveil écologique
« Nous, étudiants et jeunes diplômés, faisons le constat suivant : malgré les changements irréversibles d’ores-et-déjà observés à travers le monde, nos sociétés continuent leur trajectoire vers une catastrophe environnementale et humaine ».
Ainsi débute le Manifeste qui présente ensuite le constat des dérèglements climatiques, de l’effondrement de la biodiversité, de l’érosion des sols et du franchissement par l’humanité de déjà 6 des 9 « limites planétaires », de quoi menacer la poursuite des activités humaines.
Le texte constate également l’écart entre les engagements des Etats et les moyens réellement mis en œuvre. Ainsi que la responsabilité des sociétés fondées sur la croissance du PIB dans ces désordres, et leur incapacité à y répondre.
Malgré tout, les signataires du Manifeste se disent « convaincus que ce sombre tableau n’est pas une fatalité. Leur option ? « Prendre notre avenir en main en décidant collectivement d’anticiper et d’inclure dans notre quotidien et nos métiers une ambition sociale et environnementale, afin de changer de cap et de ne pas finir dans l’impasse ».
Le collectif pour un réveil écologique
33 575 signatures, 203 rencontres avec des dirigeants, 2754 appels lancés sur les réseaux sociaux et 400 établissements mobilisés en Europe, tel est le bilan chiffré que présente le site du Collectif.
Côté idées, la jeune structure a réussi à ouvrir entre décideurs politiques, économiques et enseignement supérieur un espace de dialogue. Elle propose aussi des outils. Histoire d’aider les étudiants à se former sur les questions écologiques et les jeunes diplômés à choisir un employeur suffisamment engagé dans la transition. Exemple, un guide anti-greenwashing qui permet de décoder les efforts réels des entreprises, au-delà du discours et de la communication…
Les futurs acteurs de l’économie sont ainsi invités à réveiller leur formation et réveiller leurs employeurs…
Comme une nouvelle donne dans le monde de l’économie et de la politique !