les hébergeurs travaillent sur l'économie d'eau

Depuis 20 ans, le Parc naturel régional du Luberon agit pour préserver l’eau, en formant notamment les professionnels du tourisme. La journée technique organisée en avril au camping des Cèdres, à Apt, montre qu’une économie maîtrisée bonifie la démarche auprès de clients devenus plus écolosensibles.

Le thème de la rencontre est on ne peut plus clair : « Economisons l’eau, chaque goutte compte ! ». Les chargés de mission du Parc animent cet atelier. Objectif : mieux connaître sa consommation d’eau pour mieux la maîtriser. Ils ne sont qu’une demi-douzaine d’hébergeurs à avoir répondu à l’invitation. Mais tous motivés, ces ambassadeurs sont prêts à entraîner leurs collègues dans une démarche de qualité.

Mesurer, s’équiper, communiquer

Pour économiser l’eau, encore faut-il savoir combien on consomme et pour quels usages (chambres, gîtes, cuisine, jardin…). La première tâche des hébergeurs est donc de s’équiper d’outils de mesure. Ensuite, d’agir sur les postes où apparaissent  consommations excessives ou gaspillages. Enfin le Parc attend d’eux qu’ils sensibilisent leur clientèle à la question.

 

Parmi les premières actions des hébergeurs, équiper leurs arrivées d’eau de réducteurs de débit – ©PNR Luberon – Photo de Une : hébergeurs, formateurs et animateurs du Parc naturel régional du Luberon -©JB

Pascal Coquel loue 5 chambres d’hôtes dans le village de Lioux. « Nous sommes motivés depuis longtemps, on a toujours fait attention à l’environnement. C’est ma deuxième session avec le Parc. On essaie d’aller toujours plus loin », explique-t-il. Après avoir équipé les douches et robinets de réducteurs et installé des chasses d’eau à double flux, Pascal s’est fixé un nouvel objectif : récupérer l’eau pour le jardin méditerranéen, même s’il l’arrose peu. Autre piste, moyennant un petit aménagement technique, utiliser l’eau de lavage des légumes.

Choisir les messages

Et puis l’hébergeur évoque volontiers la question de l’eau avec ses clients. « Comme on fait table d’hôtes, on a l’occasion de parler avec eux. Par exemple s’ils trouvent que la douche manque de pression, on leur explique et ils comprennent très bien. On n’a pas de remarques négatives », poursuit-il.

les hébergeurs en formation sur l'économie d'eau

Une journée de formation technique sur les économies d’eau proposée par le Parc du Luberon aux hébergeurs©JB

Sensibiliser leurs visiteurs au respect de la faune, de la flore et aux vertus du tourisme durable, c’est aussi le credo de Morgane et Lionel Tribollet, qui proposent 3 gîtes avec le label Panda, à Roussillon. « Nous on veut passer un message non culpabilisant. On explique qu’on trouve du laurier dans le jardin –qu’on n’arrose pas – parce que cette plante est adapté au climat méditerranéen ».

Créer un réseau

Familier lui aussi des formations du Parc, Lionel y a acquis des connaissances précieuses notamment sur le jardin. Mais il les voudrait plus personnalisées. « L’intérêt de ces rencontres, c’est de s’enrichir et d’échanger avec les autres, de comparer nos actions » analyse-t-il. Et pourquoi ne pas créer un véritable réseau, pour mutualiser des achats groupés d’équipements et d’installations techniques ?

Jamais à court d’idées, Lionel Tribollet verrait bien la mise en place de balades sur le thème de l’eau, avec le concours des offices de tourisme.

 

Des hébergeurs motivés

Netta Wolf, Pascal Coquel et Lionel Tribollet, des hébergeurs conscients de la question environnementale – ©JB

Netta Wolf anime à Cucuron une ferme asine et un camping à la ferme. Elle propose des balades et randonnées à dos d’âne. La question de l’environnement la motive depuis toujours. Elle suit ici une formation sur l’eau pour la première fois. « Ca va m’aider pour aller plus loin et réviser aussi mes pratiques », espère-t-elle. « On peut toujours faire mieux. Par exemple, mesurer la consommation entre les bâtiments et les espaces verts. Installer des réservoirs d’eau pluviale… »

Ambassadeurs de la gestion de l’eau

Après les discussions, les stagiaires visitent le camping des Cèdres qui les accueille. L’occasion de découvrir les équipements sur les toilettes et salles de bain. Mais aussi les espaces verts, où comment planter les bons végétaux au bon endroit, afin qu’ils résistent mieux à la sécheresse.

visite au camping des Cèdres à Apt (84)

Visite méthodique des espaces verts au camping des Cèdres à Apt pour les stagiaires hébergeurs ©JB

Ces hébergeurs ont tous le label « Valeurs Parc ». Déjà engagés et motivés, ils sont prêts à amener leurs collègues vers de meilleures pratiques. Et ils ont des arguments. Au-delà de la protection de la ressource eau, cet engagement permet aussi des économies financières et de valoriser leurs pratiques auprès d’une clientèle de plus en plus soucieuse d’environnement.

Le Parc du Luberon et les actions sur l’eau

Ces dernières années, sécheresses et restrictions se sont multipliées. Dans une région qui manque d’eau et où les besoins augmentent, l’enjeu est de garantir son accès à tous, tout en préservant les milieux aquatiques. Une équation qui passe par l’amélioration de la gestion de la ressource, aujourd’hui parfois gaspillée.
logo du PNR LuberonOn constate en effet de nombreuses fuites sur les réseaux et les bâtiments et des consommations non prioritaires qui pourraient être réduites. Ces marges de manœuvre laissent espérer des économies de 4 millions de m3 chaque année sur le territoire.
Au-delà des hébergeurs, le Parc s’adresse également aux collectivités locales et aux particuliers. Pionnier en la matière, il a entraîné l’institution Interparc à développer de nouveaux outils. Chacun des 9 Parcs naturels régionaux de la région peut désormais s’investir aussi dans la préservation de l’eau.