Ventoux, plantations d'arbres

Ce lundi 17 janvier, des collégiens de Mazan (Vaucluse) ont planté des haies sur un domaine agricole. Un projet exemplaire né de la solidarité entre les nombreux acteurs impliqués dans l’action. Et qui allie pédagogie et valorisation de la biodiversité et donc des productions.

C’est le grand jour, et ils sont nombreux sur les terres de la Ferme du Rouret, à Mazan, au pied du Mont Ventoux. Tâche à remplir : enfouir dans la terre 300 plants de fruitiers, aromatiques et arbres de forêts, qui formeront deux haies de 200 mètres, entre les vignes et les grandes cultures.

Au pied du Ventoux, plantation

Les élèves du collège André Malraux de Mazan sont à pied d’oeuvre – ©V. Thomann (id photo de Une)

Les consignes sont données rapidement, et les groupes de collégiens, accompagnés d’adultes, se mettent vaillamment à l’ouvrage. Creuser, planter, arroser, remettre de la terre, puis des protections pour conserver l’humidité et éviter que les lapins ne viennent déguster les jeunes pousses.

Des collégiens déjà sensibilisés

Les jardiniers d’un jour ne manquent ni de courage ni de motivation. Il faut dire que dans leur collège André Malraux, à Mazan, ils sont déjà tous des éco-délégués, pour leur classe, de la 6e à la 3e. Autrement dit, déjà conscients que leur environnement change très vite, et mérite qu’on s’occupe de lui.

collégiens de Mazan en plein travail

Sérieux et application chez les collégiens qui appliquent les consignes à la lettre – ©V. Thomann

« En ce moment, on sait très bien qu’il y a beaucoup de pollution, constate Robin, élève de 6e. Il faut remédier à ça, alors on plante des arbres pour espérer que ça change un peu ». Un Robin philosophe, qui poursuit : « c’est un petit pas pour l’humanité, donc aujourd’hui on est là pour aider à ce petit pas ».

Des collégiens déjà motivés

Louisa, en 5e, déjà très proche de la nature, milite au collège contre le gaspillage alimentaire à la cantine et se réjouit de cette opération-plantation. « C’est une super initiative, ça permet que les élèves s’intéressent à ce qui va se passer à l’avenir, je trouve ça super ».

Quant à Halim, élève de 6e, il semble apprécier cette belle journée en plein air. « Oui ça nous change des écrans, ça c’est sûr. Pour nous c’est intéressant parce qu’on arrive à entretenir une relation avec la nature, on plante des arbres… C’est un geste bon pour la terre… Et au lieu de rester sur nos écrans ou de travailler et de gâcher du papier, au moins on est en plein air, on profite ».

Une ferme exemplaire

Avant la journée de plantation, Florence Guende, de la Ferme du Rouret,  s’est rendue deux fois au collège. Elle y a expliqué ses motivations et l’importance de la biodiversité. Car elle a une idée très précise du bénéfice à attendre de la présence de haies entre ses cultures. Elle permettra d’atténuer le changement climatique et d’améliorer la production globale.

la Ferme du Rouret au pied du Ventoux

Entre champ de céréales et champ de vignes, la future haie apportera fraîcheur, biodiversité et améliorera la vie du sol – ©JB

« Les arbres protègent de la chaleur, et améliorent la vie du sol, précise Florence. Les noisetiers par exemple abritent de nombreux auxiliaires de la vigne. Une telle trame verte va ramener une plus grande biodiversité, comme les chauves-souris, les chouettes chevêches »

Et des parrains nombreux

Au côté des collégiens, plusieurs agriculteurs bénévoles sont venus prêter main forte. Il faut dire que l’idée revient au GIEE issu des forums Ventoux sur la question climatique. En est sortie l’idée de planter des arbres et la création de l’association « Les hommes qui plantent des arbres ». Pour ce projet de plantations, tous les acteurs du territoire se sont impliqués.

le PNR Ventoux impliqué

Une partie des représentantes des structures engagées, le PNR Ventoux, l’association Des enfants et des arbres, le collège, la Ferme du Rouret – ©JB

La Chambre d’agriculture du Vaucluse a donné les formations nécessaires. Elle propose aussi son soutien technique, dans une démarche de développement de l’agroforesterie. Le Civam et Agribio sont aussi de la partie, ainsi que Pronatura, grossiste en fruits et légumes bio installé à Cavaillon. Le Parc naturel régional du Ventoux assure l’interface avec l’Education nationale, dans sa mission de sensibilisation à l’environnement.

Ventoux et ferme du Rouret

Marie-France Barrier a fondé et préside l’association « Des enfants et des arbres ». Elle était sur place pour veiller à la bonne marche du chantier et rencontrer tous les acteurs – ©JB

« Des enfants et des arbres »

Et puis « Des enfants et des arbres » apporte son concours précieux et finance 50% du projet qui s’élève à 4 000€. L’association s’est donné pour mission « de créer une impulsion, d’aider les agriculteurs qui veulent se lancer dans ces logiques », explique Marie-France Barrier, sa présidente. « Les accompagner, les financer, les valoriser et puis transmettre, en sensibilisant les enfants ». C’est seulement la deuxième campagne pour la jeune association. En 2022, elle prévoit la plantation de 12 000 arbres et la participation de 3 000 enfants, chez 60 agriculteurs.

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Pour aller plus loin

Savez-vous planter les haies au Rouret ?

Elles sont composées d’essences différentes. Le travail est très précis et nécessite parfois une analyse du sol. Ensuite, il s’agit d’alterner, tous les 8 arbres, des espèces hautes (néfliers, plaqueminiers) et d’autres plus petites (romarins, verveines…) et des moyennes (noisetiers, lauriers-sauce). Le choix permet aussi la présence de fleurs toute l’année, afin de favoriser les pollinisateurs. Et la récolte des fruitiers et plantes aromatiques permettra une valorisation grâce à l’entreprise Pronatura, engagée elle aussi dans le projet.

Un collège engagé dans le développement durable

La principale adjointe s’est déplacée à la Ferme du Rouret, qui a une activité pédagogique. « Certains collégiens sont déjà venus ici en formation, pour le parcours ludique, explique Fatiha Souaibia. Le collège est très impliqué dans le développement durable. Le tri, la question des déchets, les économies d’énergie… Les actions sont proposées par les élèves. Et les projets sont nombreux, la plantation d’arbres dans le parc du collège, mais aussi un poulailler, un potager, l’adhésion à la LPO… »

La Ferme du Rouret

Elle est 100% bio. On y élève des volailles, mais aussi de la vigne. On y cultive des céréales, un peu de pommes de terre, et de l’arboriculture, comme les cerisiers. L’association vignes/arbres/grandes cultures se rapproche d’un modèle millénaire, appelé « joualle ». Un système de cultures associées qui préserve la biodiversité et la qualité des sols.

La vente se pratique à la boutique de la ferme, mais aussi en AMAP et en boutique Bio et sur les marchés ainsi qu’auprès d’expéditeurs Bio. La ferme adhère au « Collectif Racines »Il s’agit d’ un réseau d’accueil rural à vocation pédagogique et sociale. Elle a également créé un parcours ludique. Elle est agréée Ferme solidaire d’utilité sociale.

Le GIEE Ventoux

En mars 2019, sous l’impulsion de la Chambre d’agriculture 84, un forum réunit l’ensemble des acteurs du territoire du Ventoux. Thème ? Le changement climatique. Agriculteurs, élus, techniciens, chercheurs tentent de bâtir une agriculture capable de s’y adapter, voire de le modérer. Un deuxième forum en 2020 fait état de 14 initiatives. Parmi lesquelles, la plantation d’arbres. Une quinzaine d’agriculteurs s’investissent dans le projet, un GIEE est créé, « Les hommes qui plantent des arbres ». Des formations sont prévues, ainsi que la plantation sur des parcelles, mais aussi sur des friches, des petites restanques, des délaissés… Prochaine étape, une demi-journée de diagnostic sur les parcelles pour aménager l’agroforesterie.

Des enfants et des arbres

L’association, lancée en mars 2020, « a pour objet de promouvoir la transition agro-écologique, la protection de la biodiversité et le respect de l’environnement ». Comment ? « Par la sensibilisation des enfants aux bienfaits des arbres et l’implication des publics scolaires dans le déploiement de l’agroforesterie et des haies champêtres aux côtés des agriculteurs ».

Sa présidente et fondatrice, Marie-France Barrier a réalisé de nombreux documentaires sur le thème de l’environnement. Elle mise aujourd’hui sur le triangle magique Association-Agriculteurs-Enfants au service de l’arbre. Parce qu’il rend de nombreux services (fertilise les sols et réduit l’érosion, filtre l’eau, abrite et nourrit insectes et oiseaux, fournit de l’ombre et capte le CO2 et bien sûr embellit les paysages).