Pour répondre à la question, le PNR de la Sainte-Baume et l’association Forêt Modèle de France ont conduit une étude chimique et technique sur l’arbuste. Et dès ce printemps, c’est une étude sur les retombées économiques de cette filière qui est lancée.
« Sur le territoire du parc il y beaucoup d’arbousiers, explique Stéphanie Singh, chargée de mission Forêt & animatrice de la Charte Forestière du Territoire (CFT) de la Sainte-Baume. C’est un arbuste typique du pourtour méditerranéen occidental. Et pourtant on ne l’exploite pas vraiment en France comme dans d’autres pays, notamment le Portugal. Nous nous sommes alors demandé pourquoi, et nous avons également interpellé les habitants du territoire pour recueillir leur avis ». Résultat ? Une envie partagée de connaitre davantage l’arbousier, cet arbuste si présent et pourtant si méconnu.
Un arbuste aux multiples bienfaits
Le Parc naturel régional de la Sainte-Baume a donc décidé de mener une étude et des expérimentations pour montrer l’intérêt du développement d’une ou plusieurs filières liées à l’arbousier. Ce levier permettrait de valoriser ces espaces forestiers sur les 28 communes du PNR de la Sainte-Baume et leurs établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).
En s’appuyant sur l’expérience de l’association Forêt Modèle de Provence avec le soutien financier de l’Europe et de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur dans le cadre du programme LEADER Provence Verte Sainte-Baume, les travaux se sont déroulés de 2020 à 2022.
« Nous avons pu analyser en laboratoire toutes les parties de la plante : les racines, l’écorce, le bois, les bourgeons, les fleurs et les fruits. Et nous avons vu qu’ils ont plein de vertus, notamment antiâge et anti-inflammatoires. L’activité antioxydante de l’arbousier est de 93,6% », décrit Stéphanie Singh.
En parallèle, les équipes ont interpellé les artisans pour tester les options de transformation du produit. « Nous avons obtenu de la bière, de la confiture, des liqueurs, des sorbets, de l’eau de vie ».
2023, rassembler les acteurs pour mener une étude économique
« Il y a des enjeux économiques intéressants pour le développement de la filière sur le territoire, rappelle la responsable. C’est pourquoi nous avons décidé de lancer une nouvelle étude sur les retombées économiques. À partir du mois de mars, nous allons analyser combien rend la matière première. Par exemple, combien les transformateurs peuvent valoriser à partir de 100 kg de matière, et ainsi évaluer à quel prix il est possible de vendre le produit transformé mais aussi déterminer à quel prix les artisans pourront acheter la matière première aux producteurs… », détaille-t-elle.
Bien sûr, les quantités produites alimenteront toujours un marché de niche et saisonnier. Mais cela ne réduit pas pour autant la dimension économique et sociale de la filière. Celle-ci favorise la consommation de produits locaux et de qualité. Mais aussi l’éducation alimentaire, la création de liens, l’accessibilité sociale et la valorisation du patrimoine.
Un projet forestier global
« Notre objectif, en 2023, est de développer la filière. Avec l’association qui nous accompagne, nous voulons chercher des nouveaux financements également pour planter des nouveaux arbousiers», précise Stéphanie Singh.
Cette démarche a bien sûr une dimension économique. Mais elle présente aussi un vrai intérêt environnemental pour la préservation de la biodiversité et la valorisation des espèces forestières. « C’est une plante qui se révèle très utile dans nos massifs sujets aux incendies, car elle est considérée comme pyrophile. Elle pousse rapidement après les incendies, et reconstitue ainsi un couvert végétal qui permet de lutter contre l’érosion », précise Stéphanie Singh. Et c’est aussi sur ce volet que la Région Sud nous accompagne dans la recherche de financement pour poursuivre et élargir cette étude ».