zoom sur une artiste du bien manger

Sous son objectif, les carottes deviennent danseuses et les aubergines manchots empereurs… Pauline Daniel pratique avec talent et créativité le métier de photographe culinaire. Elle interroge nos habitudes de production et de consommation à la lumière des défis environnementaux de notre époque.

Pauline Daniel est née et a fait ses études à Paris. Avant l’amour pour ses appareils photo, concrétisé à l’Ecole d’Arles (ENSP), elle a assouvi sa passion pour les arts plastiques à la fac. Au hasard d’un stage, est venu celle de la photo culinaire.

« Ca a marché tout de suite, explique-t-elle, je me suis rendu compte que j’aimais ça, c’est créatif. Comme un peintre, tu pars d’une toile vierge… J’aime explorer la matière culinaire de manière artistique ».

l'artiste Pauline Daniel

Pauline Daniel, photographe culinaire est installée à Avignon. Photo de Une : issue de la série « Cosgomonie de l’oeuf ». Réalisée à l’occasion du Festival International de la Photographie culinaire 2012 sur le thème de l’œuf -©PaulineDaniel

La sensibilité à l’écologie, à la qualité des produits agricoles, au contenu de notre assiette, au gaspillage et aux déchets alimentaires, est venue progressivement, chez cette jeune maman, aujourd’hui installée à Avignon, qui a toujours aimé la nature. Et dans son métier, quand même au service de la consommation, ce n’est pas toujours évident.

l'atelier d'Avignon pour la photo culinaire

L’ immense atelier est lumineux et bien équipé-©PaulineDaniel

A l’affût des changements

Mais elle tente de privilégier une ligne écolo et bio. Depuis une dizaine d’années, Pauline Daniel photographie ce que nous allons manger, principalement pour des clients de l’agro-alimentaire, mais aussi quelques chefs et restaurateurs. Et elle constate une certaine évolution.

« J’ai des clients éthiques, bio, qui réfléchissent à tout ça, poursuit Pauline. Certains développent une gamme bio, prennent en compte la saisonnalité. Et ne misent pas tout sur le beau fruit ou le beau légume, mais le bon, pour la santé et la planète. D’ailleurs qu’est-ce qui est beau ? Il faut regarder avec d’autres yeux ».

photo de Pauline Daniel

« Un avant-goût de demain » Tel un livre de recettes édité en 2050, ces photographies cherchent à interroger nos habitudes alimentaires, extrait de la série « Nourrir la planète », février 2015-©PaulineDaniel

La photographe constate aussi que de plus en plus de clients s’engagent sur la traçabilité, signent des chartes éthiques, poussés parfois par les consommateurs ! Même démarche chez les grands chefs, qui parlent produits et privilégient le lien direct avec le producteur.

Engagée contre le gaspillage

Dans cette optique, Pauline Daniel a illustré en 2014 la campagne de la Banque Alimentaire sur la lutte contre le gaspillage. Des photos de fruits et légumes « moches », qu’elle a sublimés et rendus beaux. Sa série intitulée « Epluchez-moi » a été exposée sur le Parvis de l’Hôtel de Ville à Paris, avant de l’être au Pavillon France de l’exposition universelle de Milan en 2015. Cette exposition continue à tourner en France.

photo de Pauline Daniel

Légumes abîmés destinés à être jetés et récupérés auprès des Banques Alimentaires. Série sur « La lutte contre le Gaspillage », ici, contre la tyrannie des apparences- ©PaulineDaniel

Et l’artiste devrait bientôt y donner une suite, puisqu’elle est invitée, dès le mois de décembre, en résidence à Rio de Janeiro, par l’Ambassade de France. Il s’agira de prolonger, au Brésil, ce travail sur le gaspillage alimentaire.

Changer notre regard sur notre assiette, peut-être une étape utile pour nous consommateurs, afin d’enclencher de vrais changements… Pauline Daniel nous y invite avec imagination et brio.