Le 17 novembre, le théâtre l’Eden, à Sénas (13), accueille la soirée-débat « Protégeons les terres agricoles des Alpilles ». Co-organisée par le PNR des Alpilles, l’ADEAR 13, la CAgric.13, la SAFER et Terres de Liens, elle présentera au public les enjeux fonciers du territoire. Echange avec Lauriane Grippay, en charge du projet.

Bleu Tomate (BT) : Quel est l’objectif de la soirée ?

Lauriane Grippay (LG) : Parmi les axes d’action du Parc Naturel Régional des Alpilles, il y a la communication auprès du grand public. L’idée de cette soirée est que tout le monde puisse s’interroger sur la question de la préservation des terres agricoles. Nous sommes en effet dans un territoire où le prix du foncier est très élevé. Les Alpilles ont vu les exploitations se morceler au fil des générations et il convient de stopper la consommation des surfaces agricoles par l’urbanisation.

L’huile d’olive, image emblématique de l’agriculture du territoire. Crédit Philippe Bourget (Photo de Une : Les Alpilles, un paysage fondamentalement agricole. Crédit PNR Alpilles/Oleg Znamenskiy/Stock.Adobe.Com).

BT : Comment va se dérouler l’événement ?

LG : Nous diffuserons un film tourné dans les Hauts de France, « La guerre des terres ». Il contient des témoignages d’agriculteurs en cours d’installation. Certains peinent à exercer leur métier en raison de difficultés d’accès au foncier. D’autres sont dans l’impossibilité de transmettre leur exploitation. Les problématiques rencontrées là-bas sont tout à fait transposables ici. Le film sera suivi d’un débat avec le public. Il aura lieu en présence de deux agriculteurs, dont l’un s’installe en culture de champignons à Orgon. Le chef du service de la SAFER 13, Christophe Campanelli, interviendra. De même que d’autres représentants, de la Chambre d’Agriculture 13, de l’ADEAR13, de Terres de Liens PACA et de la mairie de Sénas.

A petite ou grande échelle, les produits maraîchers (et l’arboriculture) sont le fer de lance de l’agriculture des Bouches-du-Rhône. Crédit Philippe Bourget.

BT : En quoi les enjeux agricoles sont-ils vitaux pour le territoire des Alpilles ?

LG : Nous baignons dans un territoire façonné par l’agriculture. Quasiment la moitié du PNR est occupé par des activités agricoles et pastorales. Les premières se déploient au nord et au sud du massif, les secondes sont au centre. La structure du paysage et l’économie des Alpilles dépendent fortement de cette activité. Tout un écosystème y est associé. Des ouvriers agricoles permanents, des saisonniers, des transporteurs, des revendeurs, des organisateurs de marchés… en dépendent.

Au-delà des Alpilles, un quart de la production maraichère de France vient des Bouches-du-Rhône.

S’il n’y a pas protection des terres agricoles, la qualité et la variété de l’alimentation locale seront impactées. S’il y a déprise, le risque incendie augmentera. La préservation est aussi indispensable au maintien de la qualité de l’environnement et des paysages. L’enjeu est d’autant plus fort qu’au-delà des Alpilles, un quart de la production maraichère de France provient des Bouches-du-Rhône. C’est pour cela que nous devons éclairer le grand public sur ces enjeux.

Ici et là, insidieusement, l’urbanisation grignote le foncier agricole… Crédit PNR Alpilles/S. Duffard.

BT : Autant que la soirée-débat, on aimerait comprendre comment le PNR compte gérer ce problème foncier…  

LG : Je suis en charge jusqu’à l’été prochain d’un projet qui vise justement à mieux connaitre les enjeux lié à ce foncier pour le maintien d’une agriculture vivante dans les Alpilles. Il est financé par l’Europe et la Région Sud, via le PETR du Pays d’Arles. Ce que je peux dire est que mon travail est d’arriver à obtenir une vision d’ensemble des problèmes sur le territoire, afin d’actualiser les données que nous avons déjà. C’est en cohérence avec la future charte du Parc, qui couvrira la période 2022-2037. Un des grands axes de cette charte sera de lutter contre l’artificialisation des terres. Comment ? En remettant par exemple des friches en culture et en rendant le foncier plus accessible pour les agriculteurs.

Paysage du sud des Alpilles : au premier plan, la plaine et les cultures ; au second, les collines de garrigue dévolues à l’activité pastorale. Crédit PNR Alpilles/Daylight Photo/Stock.Adobe.Com

BT : D’accord, mais y a-t-il déjà des exemples, sur le terrain ?

Oui, les communes d’Orgon, Sénas et Le Paradou participent depuis 2018 et jusqu’en 2023 à une action concrète de remise en culture de friches. Il y a eu un travail d’identification des parcelles, d’animation auprès des propriétaires, de mobilisation des porteurs de projets… Les trois villages ont remis aussi en état cultural des friches communales et les agriculteurs sont accompagnés dans la reprise. 

Pour en savoir plus
  • Entrée libre le 17 novembre à partir de 18h30. Film, débat et apéritif offert par le PNR et ses partenaires. Inscription souhaitée au PNR des Alpilles au 04 90 90 44 00.
  • Une seconde soirée-débat sera organisée au printemps 2022 dans l’ouest du territoire des Alpilles.
  • Film « La guerre des terres » d’Anne Bruneau (Zorn production International, 2018).