Vendredi dernier à Marseille, des organisations internationales de protection de la nature ont lancé le Consortium Méditerranéen de la Biodiversité. Objectif : mutualiser les ressources de chacun et lancer des projets environnementaux coordonnés. Car il y a urgence…
« Oui, la situation s’aggrave ». Directeur de la Tour du Valat, Jean Jalbert ne fait pas mystère du constat sur la biodiversité en Méditerranée. Espace convoité et fermé soumis à de fortes pressions, la mer est victime de la dégradation de ses milieux marins et littoraux. Cela ne date pas d’hier. Mais depuis 2000, elle est classée parmi les 34 hots spots mondiaux de biodiversité très surveillés. Parce qu’elle est un « espace particulièrement riche mais fragile », rappelle Matthieu Thévenet, représentant de PIM Initiative, une ONG de défense des petites îles de Méditerranée.
Le feu à la maison…
Bref, avec sa place de 1ère destination touristique mondiale, ses 17 000 espèces dont 11% en voie de disparition, ses 730 t de plastique déversées chaque année, ses 8,3 millions de terres arables perdues en 60 ans et sa surpêche, il y a le feu à la maison Méditerranée. Et puisque l’union fait (en théorie) la force, autant coordonner les missions de surveillance, de recensement et de restauration. Tel est l’enjeu du Consortium Méditerranéen de la Biodiversité, un nouvel outil de pilotage environnemental. Ses membres signaient vendredi 12 mars au Palais de la Bourse (CCI) de Marseille leur « mémorandum d’entente ».
Six institutions, dont la Tour du Valat
Le dispositif fédère six ONG et institutions : PIM Initiative, le Réseau des Aires Marines protégées de Méditerranée (MedPan), l’Initiative MedWet (ONG de conservation des zones humides méditerranéennes), l’Association Internationale des Forêts Méditerranéennes (AIFM), le Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN et last but not least, notre « champion régional », la Tour du Valat. Le tout avec le soutien du Conservatoire du Littoral.
De la mer à la montagne…
Pour la majorité inconnus du grand public, ces acteurs œuvrent parfois depuis des décennies à protéger Mare Nostrum. Mais en menant plutôt leurs affaires chacun de leur côté. « Jusqu’à présent, nous travaillions en silo. Là, nous allons pouvoir fonctionner plus efficacement en transversalité, de la mer à la montagne », se félicite Jean Jalbert. « Les programmes appliqués un à un ne suffisent pas. Nous avons chacun une grande expertise en protection mais il faut une dimension [d’actions] mieux coordonnée, surtout au niveau des messages à passer auprès du grand public », confirme Puri Canals, présidente catalane de MedPan.
Mobiliser les bailleurs de fonds
Contribuer à une plus grande prise de conscience collective en faveur de la biodiversité est un objectif, façon de mobiliser les consciences. Rendre plus lisibles les initiatives pour inciter les bailleurs de fonds à investir dans des projets de biodiversité, un autre. Cette synergie institutionnelle se retrouvera-t-elle au moment de lancer des projets concrets ? La réactivité indispensable au regard de l’urgence sera-t-elle au rendez-vous ? Ces questions méritent d’être posées, tant la machinerie parait lourde.
5 à 7 actions pilotes dévoilées en septembre
« Un premier projet sera validé en septembre. Il comprendra un mécanisme d’alerte précoce [sur des atteintes graves à la biodiversité, ndlr] et intègrera 5 à 7 actions pilotes menées avec des approches très territoriales », promet Fabrice Bernard, délégué Europe et international au Conservatoire du Littoral. Il faut l’espérer. Car comme le dit Jean Jalbert, « la biodiversité, c’est notre assurance-vie ».