Derrière l’acronyme, se met en place grâce à Bio de PACA une filière d’approvisionnement de fruits et légumes transformés, prêts à consommer ou plus simples à travailler. Particularité ? Elle sera bio, 100% locale et destinée à la restauration collective. Bleu Tomate vous la présente.
Tout part d’un constat : la restauration collective et les producteurs sont bien sur place, mais problème…. Les producteurs proposent souvent des fruits et légumes bruts en faible volume. Les cantines –pas forcément équipées- souhaitent des produits transformés (simplement épluchés et lavés, ou cuisinés) en gros tonnage.
Manquait un chaînon local, celui de la transformation et de la mutualisation. Un souci en passe d’être résolu. A la manœuvre, Bio de Paca et ses partenaires : trois entreprises de transformation installées dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse d’une part, et les groupements de producteurs bio des deux départements d’autre part.
Local en bocal, anti-gaspi
Ce lundi 19 juin, tout le monde s’est donné rendez-vous dans les locaux de Local en Bocal, à Avignon. Histoire de mettre le projet sur les rails. Charlotte Trossat, gérante de l’entreprise présente ses activités.
Avec une vingtaine de salariés, elle transforme en soupes, plats cuisinés, conserves et autres sauces ou jus, des fruits et légumes bio et de saison. Moches, pas au calibre, ou mûrs tous en même temps, ils resteraient sinon invendus et finiraient à la décharge. Depuis 8 ans, Charlotte s’approvisionne dans un rayon de 30 km.
Nouvelles perspectives
Jolie manière de lutter contre le gaspillage. Les produits transformés sont vendus pour moitié dans le réseau des commerces bio. Mais il n’est pas toujours facile d’adapter l’offre à la demande des clients. « Nous avons la souplesse pour nous adapter à la demande des producteurs. Quand un agriculteur nous propose 4 t de courges d’un coup, on est capables de les cuisiner… mais pas de les vendre, explique la gérante. Alors la restauration collective serait un super moyen de valoriser ces produits ».
D’autant que, pouvoir d’achat des ménages en berne, la météo est maussade sur les ventes de fruits et légumes bio. Certains magasins ont fermé, et les perspectives d’avenir sont au ralenti. Local en bocal travaille déjà avec la ville d’Avignon. « Mais pour de petites cuisines centrales, ce n’est pas rentable de livrer de petits volumes, poursuit Charlotte Trossat. L’organisation de FELTRACCO facilitera la vie de tout le monde ».
A chacun ses efforts
Chacun devra y mettre du sien et introduire de la souplesse dans ses pratiques. Par exemple, les chefs pourraient demander des soupes, des fruits ou des salades, sans préciser lesquels. Les transformateurs de leur côté devront investir dans du matériel, autoclave, doseuses, chambres froides plus grandes et des conditionnements qui répondent aux besoins de la restauration collective. Quant aux producteurs, ils auront à planifier et optimiser leur production.
Rendez-vous à l’automne
Une enquête en cours recensera dès cet été les producteurs volontaires. La filière se veut équitable, autrement dit, elle entend rémunérer les producteurs au juste prix. Grâce à un logiciel dédié, Bio de Provence accompagnera les agriculteurs dans le calcul de leurs coûts. Après 2 ans de préparation, la filière sera opérationnelle dès cet été, pour préparer les légumes de l’hiver prochain.
« La gamme commerciale de produits, commune aux 3 transformateurs est à construire, précise Joseph Randria, chargé de mission pour la restauration collective à Bio PACA. Nous élaborons une charte qui traduira les pratiques de cette nouvelle filière en terme de prix équitable, de respect des critères sociaux, et de préservation de la biodiverité. Et les transformateurs et producteurs qui ne sont pas encore présents pourront toujours se manifester plus tard ».
Petite filière deviendra grande ?
Côté clients, au-delà de la restauration scolaire, le secteur de la santé, les restaurants administratifs et inter-administratifs, et les restaurants d’entreprises seront démarchées ultérieurement. La filière compte se développer pour le moment sur les deux départements du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône.
FELTRACCO a l’ambition de valoriser la production locale, de sécuriser les approvisionnements, et de promouvoir une agriculture et une alimentation durables et saines. Elle facilitera le respect de la loi Egalim et de la loi Climat et résilience.
FELTRACCO
Fruits Et Légumes TRAnsformés en Circuits Courts et bio.
-Chef de file du projet :
La Fédération régionale des groupements d’agricultrices et d’agriculteurs biologiques (Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur)
-Les transformateurs :
AMELI Provence à Fos-sur-Mer, Local en Bocal à Avignon et les Jardins de Solène à Pernes-les-Fontaines. Toutes les trois sont des entreprises d’insertion par l’économique.
-Les groupements de producteurs :
Agribio 13 et Agribio 84
-Les collectivités partenaires :
le Pôle d’Equilibre Territorial et Rural (PETR) du Pays d’Arles, les Parcs naturels Régionaux (PNR) du Ventoux et du Luberon et la Communauté d’Agglomération du Grand Avignon, dans le cadre de leurs Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) respectifs, ainsi que les communes d’Alleins et de Sénas.
-Les financeurs :
La Région Sud Paca et l’Union Européenne, au travers du FEADER pour un montant de près de 470 000 €.