Cerisiers irrigués en Vaucluse

L’agriculture consomme plus des deux tiers de l’eau régionale. Et même si elle fait des efforts pour économiser la précieuse ressource, les besoins augmentent au fil des sécheresses et des canicules. Tour d’horizon des initiatives et des projets pour une agriculture moins gourmande en eau.

Selon André Bernard, président de la Chambre régionale d’agriculture, « les 2/3 des économies d’eau ces dernières années ont été réalisées par l’agriculture ». Et le responsable agricole cite plusieurs actions telles que le passage à l’irrigation par aspersion, les outils connectés ou encore l’agrivoltaïsme.

Malheureusement, le changement climatique contraint à multiplier les cultures et les surfaces irriguées. Résultat : les quantités d’eau dédiées au secteur agricole restent stables.

Des acteurs mobilisés

Cependant, dans le monde agricole, les acteurs sont nombreux à s’activer autour de la question de l’eau. Et notamment l’Agence de l’Eau, qui a consacré 237 millions d’euros ces 3 dernières années à aider le secteur à lutter contre le gaspillage, avec par exemple le passage à l’irrigation par aspersion, ou encore un soutien aux pratiques agroécologiques…

L'irrigation comme solution

Irrigation par aspersion pour ces salades ©JB Photo de Une : Irrigation goutte-à-goutte pour ces cerisiers en Vaucluse ©JB

Ces efforts ont été localisés en priorité à proximité des captages, afin de restaurer une bonne qualité de l’eau. Parmi les bonnes mesures, on peut citer le désherbage mécanique ou  l’installation d’aires de lavage…

Pour conserver l’humidité sur les parcelles, il faut leur apporter de l’ombre. On peut planter des arbres, ou des panneaux solaires, ou conserver des couverts végétaux… Autre piste, la recherche de variétés plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse.

Un panel de solutions

Didier Brun est vigneron à Châteauneuf-de-Gadagne, dans le Vaucluse. Il a planté entre ses rangs de vignes des arbres de haut jet, des cormiers. Résultats attendus : une ambiance plus fraîche de 1 à 2°, jusqu’à 5° en plein été.

La bande de 7m et l’alignement de cormiers entre les rangs de vigne ©JB

Et puis il sème des engrais verts qui enrichissent le sol en matières organiques, et le protègent de la chaleur et de la sécheresse. Autre pratique, la préparation des sols avec du broyat de déchets verts. Enfin, le vigneron s’intéresse à des cépages plus résistants. (Lire ici l’article de Bleu Tomate).

Ensemble on est plus forts

Comme Didier, dans toute la région, de nombreux producteurs cherchent, expérimentent, accompagnés par des structures partenaires ou des organismes scientifiques. Ainsi l’IRA2E soutient 12 agriculteurs dans la région. Plantation de haies, utilisation de couverts et de broyats ou encore de compost équin… L’objectif ici est la réduction des Gaz à effet de serre en général. Mais travailler à avoir des sols en bonne santé a aussi pour conséquences qu’ils retiennent mieux l’eau. (Lire là l’article de Bleu Tomate).

une solution l'agroforesterie

L’agroforesterie -comme ici les choux sous les fruitiers- apporte ombre, fraîcheur et préserve l’humidité ©JB

Avec l’agroforesterie, « on installe la clim dans les champs », sourit Pierre Sauvat, installé à Valensole et membre de l’Association Provence Alpes Méditerranée (APAM), créée par des agriculteurs agroforestiers. L’arbre amène la fraîcheur, réduit l’érosion et le ruissellement, stocke le carbone et favorise la biodiversité. (Lire ici l’article de Bleu Tomate).

La recherche engagée

Aujourd’hui le Groupe de Recherche en Agriculture Biologique (le GRAB) conduit de nombreuses expérimentations chez des agriculteurs volontaires et aussi à la ferme pilote de la Durette, à Avignon. Et explore d’autres pistes, comme le pilotage fin de l’arrosage et même l’implantation d’espèces nouvelles, comme les agrumes, ou anciennes mais abandonnées comme les pistaches. (Lire ici l’article de Bleu Tomate).

A la Ferme de la Durette, à Avignon, le GRAB expérimente la plantation de fruitiers par noyaux pour préserver les racines et leur capacité à descendre profondément pour chercher l’eau ©JB

Au domaine expérimental de Piolenc, dans le nord Vaucluse, la Chambre d’agriculture teste les filets ombragés et soutient la plantation d’arbres et de couverts végétaux, à travers deux GIEE (« Les hommes qui plantent des arbres » et « Couverts végétaux ». (Lire là l’article de Bleu Tomate).

La bio plus résiliente ?

Enfin, l’agriculture bio, sans intrants de synthèse, garantit une qualité des sols et donc des eaux souterraines. « Un sol bien travaillé est un piège à eau et à carbone » aime à expliquer Pierre Koffi Alanda, maraîcher-fruitier dans les Alpes Maritimes, et président de Bio de Provence. (Lire ici et   et encore là les articles de Bleu Tomate)

Pierre Alanda fait pousser de l'ail dans les Hautes Alpes

Pierre Alanda fait pousser de l’ail dans les Alpes Maritimes ©Bio de Provence

Aujourd’hui, la plupart des acteurs du monde agricole cherchent à économiser l’eau. Mais le changement climatique –à travers ses conséquences- impose on rythme. Rapide, et de plus en plus sec. La course n’est pas gagnée.