C’est une campagne nationale qui prend de l’ampleur. Partout en France, des citoyen-nes fournissent un prélèvement d’urine. Un laboratoire spécialisé y recherche la présence de glyphosate. Jusqu’ici, ils sont tous positifs ! Une plainte collective va être déposée pour mise en danger de la vie d’autrui.

Sorgues dans le Vaucluse, 6 heures du matin, ce 10 janvier le vent souffle et la nuit est bien noire. Mais à l’Espace du Moulin, les militant-es de l’association Foll’Avoine s’agitent. C’est ici qu’ils ont donné rendez-vous aux 30 à 40 volontaires prêts à réaliser un prélèvement d’urine sous contrôle d’huissier.Sorgues Vaucluse

Une procédure stricte

L’organisation est lourde, car l’objet est un dépôt de plainte. Chacun doit remplir 3 formulaires et payer 135 € pour l’analyse et les frais de justice. Autre contrainte, venir à jeun, sans avoir soulagé sa vessie depuis minuit, et passer en petite tenue devant l’huissier (une dame a été choisie, pour les dames…), afin que l’origine du prélèvement soit incontestable !

Des conditions qui s’apparentent « à une histoire de fou, on se gèle, pieds nus… mais c’est un acte militant ! », plaisante Jacques Olivier, ancien maire vert du Thor, qui prend un petit déjeuner après s’être plié à la procédure. Mais plus sérieusement, il explique : « je suis là pour participer à l’interdiction du glyphosate mais aussi pour montrer le danger qu’il représente et plus globalement pour aller vers une agriculture bio sans pesticides. »

les PIG du VaucluseTous positifs !

Les prélèvements seront envoyés à un laboratoire spécialisé à Leipzig, en Allemagne. Les premiers testés -c’était dans l’Ariège- se sont tous révélés positifs. La seule norme comparative est celle qui mesure la présence de glyphosate dans l’eau potable. Elle est fixée à 0.1 nanogramme par litre. Or, la moyenne des prélèvements dans les urines s’établit à 1.14 µg/l, et certains affichent plus de 25 fois ce seuil !!!

campagne glyphosate en VaucluseL’objectif de la campagne glyphosate est de porter plainte auprès du Pôle Santé Publique du Tribunal de Grande Instance de Paris. Visés, les fabricants et toutes les autorités qui ont autorisé la mise sur le marché. Motifs ? « Mise en danger de la vie d’autrui », « tromperie aggravée » et « atteinte à l’environnement ».

Patricia est enseignante. Elle est passée tôt avant d’aller au travail. « Je suis convaincue qu’il existe une alternative aux pesticides, et je veux aider ce mouvement à faire aboutir sa démarche vers plus de bio et moins de pesticides, pour protéger la santé des gens, l’environnement et assurer l’avenir des générations futures. »

Foll’Avoine  à la barre

Pour mener à bien cette campagne, l’association Foll’Avoine a pris les choses en main dans le Vaucluse. Il a fallu trouver un lieu approprié, contacter les huissiers ainsi que les volontaires, préparer toute la paperasse, et assurer l’accueil et le bon déroulement de la matinée…

Stop aux pesticides

logo Foll'AvoineMais pour Mireille Lambertin, présidente de Foll’Avoine, la campagne était nécessaire. « La plainte est là pour faire réfléchir sur tous les pesticides. Car jusqu’ici, tous ceux qui ont fait un test sont positifs, à des degrés divers. Les citoyens sont en droit de s’adresser aux pouvoirs publics pour leur dire : pourquoi suis-je contaminé ? Pourquoi ne me protégez-vous pas ? Le glyphosate crée par Monsanto, est le pesticide le plus utilisé. On le retrouve dans les sols, les eaux, et donc … en chacun de nous ! De plus, il a été mal évalué, selon les Monsanto papers », poursuit Mireille.

Mais il n’est qu’un symbole. Et même s’il est interdit pour les particuliers et les collectivités depuis le 1er janvier, il reste autorisé dans les champs. Au-delà du seul glyphosate, dont l’ingrédient principal est classé cancérogène probable, la campagne  réclame une agriculture sans pesticide. Et les « pisseurs involontaires de glyphosate »- clin d’oeil à leurs aînés « les faucheurs volontaires »-  devraient être de plus en plus nombreux. 1500 plaintes sont annoncées pour le 1er semestre 2019.