Luberon Lure, espace valléen

Pour limiter l’impact du réchauffement climatique, les institutions et les professionnels locaux encouragent les énergies renouvelables et les pratiques douces. Des engagements louables présentés aux Rencontres du Tourisme Durable, organisées à Bonnieux le 2 avril par le Parc naturel régional du Luberon. Est-ce à la hauteur des enjeux ?

La « stat » est sans appel : 2018 a été l’année la plus chaude en France, depuis 1880. Nice a connu 60 nuits tropicales (T° supérieures à 20° C) depuis 2005, pour 15 dans les années 1960-1970. Et les dates de vendanges dans les Côtes du Rhône ont été avancées jusqu’à 4 semaines par rapport aux années 1940-1970.

Bref, en France et dans le Sud, ce n’est plus un secret, le climat se réchauffe. « Plus 1°C dans le pays depuis le début de l’ère industrielle mais + 1,5°C dans les plaines du Sud et + 1,8°C en montagne », alerte Philippe Rossello, coordinateur et animateur du Grec-Sud (Groupe régional d’experts sur le climat, organisme financé par la Région et l’ADEME), devant les élus et les professionnels réunis pour ces Rencontres.

Lure et Luberon, le tourisme durable en développement

Des échanges, des convictions, des idées… : le tourisme durable mobilise. © Ph.
Bourget

Risques d’incendies graves

Conséquence : la neige a quasi disparu de la montagne de Lure, les épisodes de très fortes chaleurs augmentent, l’eau se raréfie, les risques d’incendies graves progressent et des espèces végétales sont peu à peu remplacées par d’autres. Autant d’effets potentiellement néfastes pour le tourisme, poumon économique vital pour le territoire Luberon-Lure.

Raisons pour lesquelles les institutions locales se mobilisent pour éviter un scénario noir. Elles bénéficient pour cela d’un outil, sorti du chapeau de l’Etat en 2015 : les « espaces valléens ». En France, on compte 35 de ces « périmètres d’intervention de politiques de développement et de diversification menées par les régions alpines ». Soucieux de l’avenir, le Parc naturel régional du Luberon porte l’espace valléen Luberon-Lure, deux massifs rattachés à l’arc alpin français. Enjeu : « maintenir l’attractivité de la destination et rassurer les visiteurs sur les variations climatiques ».

la montagne de Lure

la montagne de Lure

« Espace valléen Luberon-Lure », territoire d’actions

Si l’on a du mal à croire que l’on puisse réconforter les touristes sur le réchauffement – cette réalité incontestable étant plutôt anxiogène – la marque « Espace valléen » a le mérite d’activer la machine à subventions, préalable indispensable au lancement d’actions concrètes : 3 M d’€ pour la période 2016-2020, versés par l’Europe (fonds FEDER), l’Etat et la Région. 1,2 M ont déjà été engagés, pour 26 opérations. Parmi elles : l’ouverture en 2018, à Forcalquier, d’Artemisia Museum, espace dédié à la biodiversité locale ; le projet du musée de l’herboristerie et de la lavande, en Pays de Lure ; la création des Chemins du Patrimoine du sud Luberon ; l’offre d’itinérance de « tours et détours en Luberon »…

Elargissement des ailes de saisons

Ces actions vont dans le sens d’un tourisme durable, connecté aux réalités locales. Elles sont vertueuses car susceptibles d’infuser l’idée d’une consommation plus humble du territoire et de son environnement. Pour autant, difficile d’imaginer qu’elles aient un effet, même indirect, sur le climat. Car une attractivité nouvelle, s’accompagne, paradoxalement, de clients nouveaux (qui s’ajoutent aux anciens), d’un élargissement des ailes de saisons et donc d’une fréquentation accrue. Un bien pour l’économie touristique mais quel impact sur le réchauffement ? Ce n’est pas demain que ces nouveaux voyageurs arriveront dans le Luberon en véhicules électriques…

Forum Luberon Lure tourisme durable

Les stations de ski de basse et moyenne altitude sont les premières à souffrir du
Réchauffement climatique. © Ph. Bourget

Neutralité carbone d’ici 2050

En région, la lutte contre le réchauffement climatique passe plutôt par un investissement considérable dans les énergies renouvelables, les transports écologiques, l’agriculture durable… Si le Parc porte localement ces combats, les enjeux sont tels que c’est plutôt à la Région de les mener. Elle dit s’y consacrer à plein. « Avec l’adoption du Plan Climat fin 2017, nous avons destiné 20% du budget à ces questions. Ce sera 25% cette année et 33% d’ici 2021 », indique Jennifer Salles-Barbosa, conseillère régionale et présidente de la commission tourisme à la Région. Des bus régionaux électriques, des bornes de recharge électriques tous les 100 km, un fonds de garantie de 6 M d’€ pour l’agriculture durable, des panneaux photovoltaïques… autant d’actions « vertes » pour tenter d’aboutir à une réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre issus des transports en 2021 et à la neutralité carbone d’ici 2050.

Au milieu de cela, le tourisme tente d’être irréprochable. « Nous voulons éviter qu’il ait une influence – négative, ndlr – sur l’évolution climatique mais nous voulons aussi garantir sa place dans l’économie du territoire », synthétisait André Berger, vice-président du Parc naturel régional. C’est bien là son dilemme…

parcduluberon.fr