Interfel et Bio de Provence Alpes Côte d’Azur ont présenté un panorama complet d’un secteur qui a triplé en dix ans. Pommes, poires et raisin sont en pôle position sur un marché demandeur et rémunérateur, impacté ici et là par des pratiques moins intègres. 

Près de 12 milliards d’euros : c’est le chiffre d’affaires du marché alimentaire bio en France en 2020. « La progression est régulière de 2010 à 2014, puis elle s’accélère notablement », souligne Isabelle Jusserand, responsable agriculture biologique à Interfel. « Les fruits et les légumes frais représentent 17 % de ce marché, soit plus de 2 milliards d’euros. Il s’agit de la deuxième catégorie de produits bio après l’épicerie. Au sein de la filière fruits et légumes, le bio représente 8,5 % en volume et 10,5 % en valeur. Les Français consomment de plus en plus de fruits et légumes bio, 8 kilos par ménage contre 5,9 kilos en 2015. 68,7 % des ménages achètent aujourd’hui des fruits et légumes bio contre 54,5 % en 2015 ».

Une dynamique de conversion forte

En Provence-Alpes-Côte d’Azur comme sur le reste du territoire, la dynamique de conversion vers le bio s’avère très forte.

En Paca, la demande en fruits bio dépasse l’offre. Il y a donc encore de la place pour de nouvelles conversions. Crédit Pixabay

« Dans la région, fin 2019, 4 000 hectares de fruits sont menés en bio ou en conversion, dont 2 770 hectares de pommes et de poires qui représentent 70 % des surfaces dans la région, contre 40 % au niveau national. Le raisin de table, première espèce produite après les pommes et les poires, représente 360 hectares », indique Anne-Laure Dossin, chargée de mission chez Bio de PACA.

Fruits frais, une demande qui dépasse l’offre

En Région Sud PACA, la demande en fruits bio dépasse actuellement l’offre. Il y a donc de la place pour de nouvelles conversions. Les prix demeurent intéressants pour les producteurs. Cependant, plus le rythme de conversion s’accélère, plus le marché se tend et plus les prix diminuent.

Le raisin de table bio est en plein essor en Provence. Crédit Pixabay

D’autres phénomènes inquiètent les producteurs bio installés depuis longtemps : l’arrivée sur le marché d’opérateurs qui méconnaissent les spécificités du bio, la production de fruits bio à moindre qualité gustative et une désaisonnalisation des ventes, avec des pommes bio stockées en magasin jusqu’en juin.

Compotes et jus, débouchés majeurs

Le marché des fruits bio transformés connaît une belle dynamique autour de deux débouchés majeurs : les compotes et les jus. « Les compotes constituent un marché porteur tout l’hiver avec deux opérateurs industriels principaux, Charles et Alice en local et Materne au national. Ils utilisent à eux deux 8 000 tonnes de fruits bio pour la campagne 2020/2021. Le marché des jus est plus tendu avec des apports normands et bretons en gros volumes », explique Claire Ruat du Mérac, chargée de commercialisation pour Bio de PACA.

Impacts de la crise sanitaire

Le marché des fruits bio transformés concerne essentiellement les fruits à pépins, notamment la pomme, matière première de base, et les fruits rouges.

Avec les compotes, les jus de fruits sont l’un des débouchés pour les fruits bio transformés. Crédit Pixabay

Ce marché, en progression, constitue toujours une belle opportunité, avec des prix rémunérateurs. Les industriels ont besoin d’un produit disponible tous les ans, en quantité suffisante, avec des livraisons garanties, sans ruptures et conformes à leur cahier des charges. Mais il convient d’être vigilant sur le maintien des prix et sur les impacts de la crise sanitaire, qui réduit les volumes destinés à la restauration collective.

Pour aller plus loin

Interfel et Bio de PACA, deux acteurs de référence

Créé en 1976, Interfel rassemble et valorise tous les métiers de la filière des fruits et légumes frais. Interfel propose aux professionnels de la filière différents outils, notamment un guide de développement des filières de fruits et légumes bio et un observatoire économique des fruits et légumes bio par produit.

Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur fédère à l’échelle régionale les six associations d’agriculteurs bio Agribio. Il accompagne les conversions, structure les filières, recense l’offre et la demande, développe la communication et le partage des bonnes pratique.

La conférence complète, incluant des focus sur différentes espèces de fruits, est disponible sur https://www.youtube.com/watch?v=qNVOvFKp7ns&feature=youtu.be