Le réseau des épiceries paysannes des Bouches-du-Rhône s’est agrandi depuis octobre dernier, avec l’ouverture d’un nouveau magasin à L’Estaque. Six mois après l’inauguration, le lieu a trouvé son rythme de croisière.

Deux ans de préparation minutieuse à peaufiner le business plan, rechercher les fournisseurs et enfin dénicher l’emplacement idéal : c’est peu dire que Guillaume Rey et Jérôme Henry, les propriétaires de L’Epicerie Paysanne de l’Estaque ont préparé leur installation. Un projet né comme souvent d’un constat, ou plutôt d’une envie de conjuguer convictions personnelles et projet professionnel. Le constat, c’est l’obligation de prendre sa voiture, direction Vitrolles, pour réaliser ses courses dans un magasin proposant une gamme de produits bio lorsque Jérôme et sa famille déménagent vers le 16e, en 2016. « Nous habitions le 9e arrondissement et j’avais un magasin spécialisé en face de chez moi. Arrivé dans les quartiers nord, je me suis dit qu’il en manquait un » se souvient le cofondateur de L’Epicerie Paysanne de L’Estaque.

La façade de L'Epicerie Paysanne

L’Epicerie paysanne de L’Estaque est située en retrait du port

Un projet longuement mûri

L’idée germe et s’impose rapidement comme une évidence. « Je connaissais déjà les Epiceries Paysannes et Filière paysanne », l’association qui sous-tend et promeut le réseau des magasins de Marseille et Aix-en-Provence. « J’ai eu l’envie de me lancer à mon tour dans l’aventure » raconte Jérôme Henry. L’incubateur Inter-Made, spécialisé dans le domaine de l’entrepreneuriat social et solidaire, l’accueille, avec son projet. Ce dernier murit, en même temps que s’élabore le business plan et l’étude de marché, dans le cadre d’une formation destinée aux porteurs de projets. Le futur créateur d’entreprise démarre dans le même temps celle proposée par Filière Paysanne. « Cet accompagnement et les retours d’expérience des autres créateurs d’Epiceries Paysannes m’ont permis d’éviter certaines erreurs. »

Fromages et charcuteries sont également commercialisés

Un travail de pédagogie quotidien

La spécificité du concept induit de fait des contraintes par rapport à une épicerie « classique ». L’objectif est en effet de proposer des produits bio ou  agriculture raisonnée et de privilégier l’approvisionnement local. Les fruits et légumes ou les œufs sont ainsi issus de producteurs localisés à moins de 100 km et moins de 200 km pour les fromages, charcuteries, boissons. Ce choix entraîne  des ruptures d’approvisionnement potentielles, parfois difficiles à admettre par certains clients.

Rappeler la notion de saisonnalité

« Cela implique un travail de pédagogie et d’explications. Il faut aussi parfois rappeler la notion de saisonnalité pour les fruits et légumes, quand certains s’étonnent de ne pas trouver chez nous de tomates ou d’aubergines en hiver. Ou expliquer le concept de l’Epicerie Paysanne. Travailler en direct avec une sélection d’une dizaine d’agriculteurs de la région, dont nous avons visité au préalable les exploitations. Acheter une partie de leur production à un prix leur permettant de vivre décemment de leur travail » détaillent Jérôme Henry et Guillaume Rey.

L'Epicerie paysanne de L'Estaque attire une clientèle de quartier

L’épicerie propose un choix de légumes issus de producteurs de la région

Des ambitions initiales revues

L’enjeu, pour les fondateurs du lieu, est aussi de fidéliser une clientèle volatile et susceptible de partir ailleurs, vers une plus grande surface de vente, parce qu’elle ne trouve pas un produit spécifique. « Nous avons fait des ajustements par rapport à nos ambitions initiales, en introduisant cet hiver des agrumes, du chocolat, du thé, du café ou des laits végétaux pour lesquels nous avions une demande récurrente » résume Jérôme Henry. « Nous restons pour autant cohérents avec nos valeurs de traçabilité et d’éthique. Les agrumes proviennent d’un producteur Sicilien sélectionné pour ses bonnes pratiques environnementales. Le café, le thé et le chocolat sont issus du commerce équitable et transformés dans la région… »

Epicerie de quartier… mais pas que

Six mois après l’ouverture de leur Epicerie Paysanne, leurs fondateurs affirment avoir trouvé leur vitesse de croisière : « Nous travaillons avec une clientèle d’habitués, qui réside majoritairement dans le quartier de L’Estaque. L’enjeu, c’est désormais de s’élargir aux habitants des arrondissements périphériques des 13e, 14e et 15e arrondissements, qui effectuent leurs achats dans des magasins bio de Plan-de-Campagne ou de Vitrolles. » La transformation sociologique du quartier de L’Estaque dont la qualité de vie attire une nouvelle population habituée à consommer des produits bio ou sensible à la traçabilité des produits, représente aussi une opportunité de développement évidente. « Notre étude de marché faisait apparaitre une demande forte pour un lieu comme le nôtre. Cet attrait pour L’Estaque ne peut que la renforcer » se réjouissent Jérôme Henry et Guillaume Rey.

L’Epicerie Paysanne de L’Estaque
84, boulevard Roger Chieusse
13016 Marseille
www.facebook.com/epe13016/
https://epiceriepaysannelestaque.wordpress.com/